
J’inaugure la rentrée littéraire par le premier roman de Michael Magee, déjà multi-primé. Un petit mot sur l’auteur : il est nord-irlandais et rédacteur en chef du magazine littéraire Tangerine. Ses textes ont par ailleurs été publiés dans la plupart des revues cotées, comme The Stining Fly.
Une découverte qui fut une excellente surprise en ce qui concerne ma lecture. J’ai dévoré en quelques jours les 419 pages de ce roman. Je l’ai même trimballé dans mon sac à dos dans le sud de la France, malgré son poids, pour être sûre de ne pas décrocher de l’ambiance.
Sean Maguire rentre à Belfast après des études de lettres à Liverpool. Il vit en coloc avec un pote, Ryan, dans un appartement squatté. Il navigue de petits boulots en petits boulots : travaille dans un pub miteux le soir, parfois dans une librairie, en attendant de trouver mieux. Malheureusement, on ne peut pas dire qu’il soit aidé par ses fréquentations. Ses potes (qu’il connaît depuis toujours), et même son frère ne sont pas de ceux qui vous tirent vers le haut, mais plutôt qui vous entraînent vers le bas avec eux, si vous n’avez pas la force de résister. Sniffer de la coke et se saouler la gueule est à peu près la seule chose qu’ils savent faire, la quintessence d’une journée réussie se résume à ça, selon eux et ce n’est pas forcément de leur faute. Sean a pourtant fait des études supérieures, a le goût des lettres, il aimerait écrire un livre, mais il a l’impression que tout se ligue contre lui. Il se laisse entraîner par la « bande » et un jour, ou plutôt un soir, ça va trop loin : alcoolisé, il a une grave altercation avec un type. Il échappe à la prison de justesse mais écope de Travaux d’intérêt général. Il se retrouve donc avec ce travail obligatoire et il continue à naviguer entre les petits boulots pour survivre. Quitte à truander à la caisse automatique du supermarché, ce qui pourrait aggraver son cas s’il se fait choper. On a du mal à l’accabler, même s’il déconne.
Mairead, la fille dont il est toujours amoureux et qu’il connaît, comme les autres, depuis toujours, sort de Queen Univeristy. Elle a grands rêves, comme partir à Berlin. Mais aussi des secrets qui vont surgir. La mère de Sean a vécu les Troubles et s’est engagée à son niveau pour la Cause. Elle galère comme femme de ménage et l’alcool est son seul remontant. Il manque un père de famille.
Ce n’est pas du Zola, mais cela y ressemble fortement. Je me suis demandé si Michael Magee avait lu cet auteur. En tout cas, c’est avec une plume magistrale et un sens du récit épatant que l’écrivain nous trimballe dans le Belfast contemporain où le déterminisme social en « rajoute une couche ». Peut-on se sortir de la galère quand on n’est pas bien entouré ? Bien sûr que non, me direz-vous. Mais comment avoir assez de recul quand on n’a connu que ça ? Michael Magee montre avec talent la difficulté de s’extraire de son milieu social.
Les personnages sont à la fois agaçants et attachants. On a envie de dire à Sean de couper les ponts avec ses potes pour prendre son envol et sortir de la galère. J’ai pensé pendant un moment que Mairead, qui fréquente un monde d’artistes littéraire (dont la peinture qu’en fait l’auteur est jubilatoire) pourrait l’aider à réaliser son rêve. Mais c’est une vaste plaisanterie. La plaisanterie de Kundera clôture le roman.
C’est excellent, je commence la rentrée littéraire avec un coup de coeur ❤️ .
L’auteur sera le 18 septembre au Centre culturel irlandais de Paris et au Festival America de Vincennes qui se déroule du 26 au 29 septembre. Youpi !!!🤗
Et en parlant du Festival America, il sera très irlandais cette année avec la présence également de Donal Ryan, Jan Carson et peut-être que j’en oublie en route. En tout cas mon planning sur deux jours voire trois est en cours de préparation !

J’ai une expérience de lecture à contre-courant de la tienne : j’ai trouvé le style sans intérêt (des descriptions d’achats d’alcool dans un supermarché, bof). Je n’ai trouvé aucun personnage attachant, au contraire, ces losers ne sont même pas magnifiques. Bref, un abandon.
J’aimeJ’aime
Wow ! Ça arrive. Moi, j’ai adoré. 😍
J’aimeAimé par 1 personne