
On connaissait Donal Ryan auteur de romans. Le voici auteur de nouvelles. La vingtaine du recueil bien nommé Soleil oblique et autres histoires irlandaises . Franchement, je me suis régalée !!! Comme je l’ai écrit précédemment, la nouvelle est un genre peu populaire en France mais pourtant hyper couru dans les pays anglophones comme les États-Unis , l’Irlande ou le Royaume Uni où, d’ailleurs, l’écrivain doit en passer par là pour gagner en notoriété. Et je vous jure : même si vous n’aimez pas le genre, lisez celles de Donal Ryan et vous changerez d’avis ! (Oui, je sais, je l’ai déjà dit, aussi, mais j’insiste !😊)
L’auteur vous plonge dans vingt instantanés de vie irlandaise du comté de Limerick ou de celui de Tipperary, souvent. Des portraits d’âmes tourmentées, de laissés pour comptes, d’étrangers. Pas de panique, vous n’allez pas vous pendre à la lecture de ces histoires : Donal Ryan possède une plume agile, pleine d’humour, de subtilité et d’une ironie mordante, mais non dépourvue d’empathie. Bref, on ne fait pas la gueule en lisant ses histoires, on a plutôt le sourire voire le rire.
Alors, voyons voir, j’ai croisé entre autres : une jeune fille de la communauté irlandaise des gens du voyage au prise avec le racisme ordinaire (Embrouilles) ; une femme qui maltraite des personnes âgées dans la maison de retraite où elle travaille (Nephthys et l’alouette) ; une passion amoureuse peu banale (La passion) ; un SDF serial killer qui part en retraite (Départ en retraite), un mec largué qui a du mal à tourner la page (Aisling, hilarante !) ; une Sud-Africaine qui arrive en Irlande (Grace). Et tous les autres, que je vous laisse découvrir. C’est bigarré et « tourbeux », si je puis dire. On plonge in medias res dans des âmes torturées qui racontent leur expérience de vie. Émouvant.
Un excellent nouvel opus et encore un coup de coeur. Décidément, le cru 2023 de la littérature irlandaise qui arrive en France est exceptionnel !! Je vais finir cardiaque.🤗
Extraits :
« J’ai une image de sa cuisse droite imprimée sur la rétine, avec ses bas noirs et la jupe qui remonte quand elle s’assied sans un mot et j’ai honte de cette brûlure en moi, parfois je prie Dieu d’éloigner de moi cette vigueur, cette erreur. » (La passion)
« J’en ai entendu des trucs sur moi depuis ce jour-là, des vrais et des pas vrais, des certitudes que les gens vous assènent sans l’ombre d’un doute dans leur voix. » (Embrouilles)
« Je me baladais avec un petit groupe de glandus autrefois, quand j’étais très jeune. On fumait sur le trottoir en regardant défiler les gens respectables. » « Je l’ai dépiautée, j’ai tâté ses seins un dernier coup histoire de lui dire adieu, et je suis parti poser mes filets ailleurs. Le bout rougeoyant de la Superkings encore allumée faisait fondre son survêtement de nylon. Crémation. Aucune trace. Ce n’est pas une manière de se conduire, je sais. Je n’en suis pas fier. » (Départ en retraite)
« Je ne sais pas à quel point le nouveau jules est nouveau, mais il est plus nouveau que moi, ça c’est sûr. (…) Le nouveau a tout l’air d’un blaireau. » (Aisling )