Lectures de mars et début avril

Le temps passe vite et cela fait plus d’un mois que je ne suis pas venue par ici ! En effet un nouveau travail me prend beaucoup d’énergie et je suis encore pas mal fatiguée de tous ces mois fous que j’ai vécus, du travail intense fourni, ce qui fait que je n’ai pas toujours le courage de revenir dans le secteur ! J’ai hâte d’avoir un retour sur investissement, comme on dit ! Mais je vais bien finir par trouver mon rythme de croisière et mes bonnes vieilles habitudes, mes bons vieux hobbies. Heureusement, la lecture est restée très présente, sinon, ce serait vraiment un mauvais signe quant à ma météo personnelle. J’ai quand même trouvé le moyen de faire une petite virée à Londres, après un an d’absence du pays des Sujets de sa Majesté. C’était juste génial et le soleil britannique est venu me soutenir pendant qu’il tombait des seaux à Paris ! J’ai croisé Sherlock et Virginia Wolf était ma voisine d’un soir à Bloomsbury, mon quartier préféré à Londres.

Bon, alors j’ai lu quoi ? Tous les livres que vous voyez sur la photo et qui pèse son poids ! De bons pavés. Malgré tout pas forcément du très bon. Je ne vais donc parler que de ceux qui m’ont intéressée :

L’affaire Rachel de l’Irlandaise Caroline O’Donoghue a été un moment de pur bonheur et de rires. L’autrice reprend le topos de l’étudiante amoureuse de son prof de fac pour mieux le tordre et nous surprendre. Nous sommes dans les années 2010 à Cork et c’est aussi l’occasion d’évoquer également les problèmes de l’Irlande de cette époque, de la jeunesse de cette époque. Ca pourrait ressembler à du Sally Rooney, mais c’est tellement moins barbant et tellement plus amusant. L’autrice a commencé à écrire cette histoire pendant le Confinement, sur sont téléphone et a continué. Cela donne un texte qui ne se prend pas la tête, qui est carrément parfois cru et sans détour. Rachel n’est pas une jeune femme parfaite, mais elle travaille dans une librairie pour se faire de l’argent. Elle y rencontre James et se lie d’amitié avec lui – rien de plus. Ils deviennent les meilleurs amis du monde, ils sont fauchés, ils décident de louer un appartement ensemble dans le quartier populaire de Shandon (que perso, j’adore, j’y est vécu quelques jours en 2019 ! 🙂 ). Un jour, tellement accroc au Docteur Byrne, son prof de littérature à UCC, elle imagine un stratagème pour l’attirer dans la librairie (car il a écrit un livre, mais qui n’est pas un roman). Elle persuade son patron et l’affaire est dans le sac, la soirée de dédicace organisée, James à ses côtés. Ce soir-là, il va se passer quelque chose qui va tout chambouler (je ne le révèle pas, spoiler oblige, mais j’ai carrément éclaté de rire de surprise !). Il y a vraiment beaucoup d’humour et surtout d’ironie dans cette histoire, les contours socio-économiques de l’Irlande sont parfaitement restitués : les problèmes de logements (ça ne s’est d’ailleurs pas franchement arrangé !), une jeunesse qui redoute de finir dans les Call Center qui envahissent le pays, le droit à l’avortement…. Je vous conseille vraiment ce roman si vous voulez lire quelque chose qui ne donne pas mal à la tête mais qui n’est pas non plus une crétinerie.
(traduit par Sylvie Doizelet)

C’est avec bonheur aussi que j’ai retrouvé Hugo Hamilton après des années d’absence de la scène littéraire (ben alors ?) : Les pages est le seul roman que je connaisse qui est une histoire racontée du point de vu d’un livre, dont le livre est le héros. C’est un peu difficile à résumer car c’est une cavalcade à travers le temps et l’espace, une invitation à résister à l’obscurantisme, la censure (assez d’actualité, non ?), ainsi qu’une déclaration d’amour à la littérature. En bon Irlandais, Hugo Hamilton n’a pas non plus perdu son sens de l’humour. Je n’ai jamais rencontré cet auteur, ni en France, ni ailleurs : je trouve ça quand même dingue. Est-il timide ? 🙂
(traduit par Charles Bonnot)

J’ai lu l’avant-dernier John Boyne : Il n’est pire aveugle. Ca se lit bien mais je ne retrouve pas mon enthousiasme du début avec cet auteur. Je ne sais pas si c’est le fait qu’il sort un roman par an mais j’ai toujours l’impression que ça finit bâclé. Je viens d’ailleurs de voir, pas plus tard que ce matin, que son roman paru l’an dernier vient de sortir en poche : ce qui veut dire qu’il y en a un autre à paraître… Bref, ici, c’est l’histoire d’Odran Yates, devenu prêtre parce que sa mère, ravagée par le suicide de son mari et le décès de son plus jeune fils, se tourne vers Dieu et pense que c’est près de Lui qu’Odran doit être. Une époque où les hommes d’église sont respectés. Mais les choses vont changer du tout au tout. Il y a quelques sales bonhommes qui ont sali son image (celle de l’Eglise) déjà pas très brillante après les affaires des Magdalenes. John Boyne interroge la culpabilité. Son personnage principal en voit des vertes et des pas mûres. Tous coupables ? Rien n’est moins sûr, mais dans l’Irlande d’aujourd’hui, il semble, sous la plume de Boyne, que se promener dans la rue en soutane est prendre un risque inconsidéré.
(traduit par Sophie Aslanides)

J’ai tenté deux autrices inconnues : l’Islandaise Eva Björg Aegisdottir avec Les garçons qui brûlent (traduit par Jean-Christophe Salün) : un peu de la série bas de gamme du polar islandais devenu trop à la mode ; Anneli Jordahl, et ses Filles du chasseur d’ours (traduit par Anna Gibson) qui nous emmène en Finlande n’a pas su redresser le tir de la littérature venue du froid que j’apprécie tant. Quant à ma deuxième rencontre avec Karine Tuil et sa Douce France, j’ai trouvé que ce n’était pas forcément très réfléchi, trop noir et blanc sans nuances.

J’ai sorti de ma bibliothèque un roman qui y était depuis… 10 ans : La cuisinière de Mary Beth Keane : roman américain qui parle d’une Irlandaise accusée d’avoir diffusée la fière typhoïde au début du XXe siècle. A suivre…

Enfin, j’en profite pour signaler que la liste des parutions irlandaises 2024 a été mise à jour sur Babelio.

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En ces lieux bienfaisants – Kerri ni Dochartaigh

Traduit par Karine lalechère

Voici un livre qui nous vient d’Irlande du Nord et a échappé à ma vigilance puisqu’il a été publié en 2023. Décidément, 2023 a été l’année des autrices d’Irlande du Nord traduites en français !

Il ne s’agit pas d’un roman mais de l’histoire de l’autrice. Elle est née en 1983, à Derry, la ville d’où sont partis les « Troubles » qui ont donné lieu à 30 ans d’une guerre civile que l’on ne nomme pas. Kerri est de père protestant et de mère catholique. Dans un pays sectaire comme l’Irlande du Nord, cela ne va pas sans poser de problème puisqu’on n’est considéré comme ne faisant partie d’aucune communauté, on est rejeté de partout quand la tension monte d’un cran. Même quand le couple vole en éclat, que le père fait sa valise. Mais ce n’est pas vraiment le sujet mis en avant dans ce livre. Kerri raconte un traumatisme majeur de son enfance et la répercussion que cela a eu sur sa vie d’adulte : l’incendie de sa maison d’enfance, dans le quartier protestant de Waterside à Derry, dont la famille a réchappé de peu.

Ce livre est l’histoire d’une dépression (ça aurait pu me faire fuir !) et d’une errance. C’est aussi une histoire sociale, et, chose très intéressante, l’état de l’Irlande du Nord à l’heure du Brexit, chose dont on n’entend jamais parler en France : la résurgence de la violence, l’accroissement de la pauvreté et des problèmes car les subventions européennes, entre autres, ne sont plus versées. C’est absolument le contraire de ce qu’annonce le titre en français En ces lieux bienfaisants : la couleur rose et bleue de la couverture sont totalement inappropriées, tout comme le titre, à mon sens.

Le titre en anglais est Thin places, que l’on peut traduire en français par « lieux ténus », et c’est de ces lieux de l’entre-deux du monde celte, pas vraiment traduisible en français d’ailleurs, où l’autrice puise une forme de spiritualité.

« Uisneach est le centre symbolique de l’Irlande, le point où autrefois se rejoignaient les cinq provinces, la cinquième étant Mide, le « milieu », la porte d’entrée vers l’autre monde magique des Celtes, le lieu ténu originel, un royaume qui a réellement existé du Ier au XIIIe siècle. » Le contraire de la frontière invisible qui sépare l’Irlande en deux.

C’est l’histoire d’une quête de soi, de la recherche d’une paix intérieure, sans pour autant que cela se résume à cela. C’est l’histoire d’une petite fille des années quatre-vingts qui ne se remettra jamais de la violence de Derry. C’est une histoire poétique, réaliste, sombre. Il y a une bonne dose de Nature Writing, la langue gaélique y a toute sa place (et on comprend alors pourquoi l’autrice a repris son nom de famille irlandais, comme souvent le font les poètes).

Un livre qui mérite le détour, malgré un peu trop de répétitions, de ressassements qui peuvent agacer. Je l’ai apprécié pour son côté « documentaire » sur Derry à l’heure du Brexit auquel Kerri ni Dochartaigh mêle la spiritualité celte.

« Je pense au Nord, à Derry, aux changements encore en cours. Le Brexit a placé la ville face à des choix cruciaux juste avant mon départ. J’ai la ferme intention de rester ici, dans cette maison au coeur de l’Irlande, tant que je le pourrai. Je pense aux transformations auxquelles une fois de plus j’assisterai de loin. Je pense au passé, au sang versé qui ne peut être étanché. Aux leçons qui ont été tirées, aux promesses qui ont été faites et tenues pendant toutes ces années, en dépit de ce qui séparait les gens. Je pense aux mots échangés entre les représentants des deux bords de cette ville férocement divisée, des individus qui avaient juré de ne jamais se retrouver ensemble dans la même pièce. »

Alors que je lisais ce livre, Michelle O’Neill, membre du Sinn Féin élue au poste de 1ère ministre d’Irlande du Nord en mai 2023, a enfin pris son poste, après le blocage des Unionistes. A ses côtés, Emma Little-Pengelly, vice-Première ministre du parti unioniste. C’est doublement historique : le Sinn Féin à la tête du pouvoir en Irlande du Nord et deux femmes pour décider de l’avenir des 6 comtés ! Pour la petite histoire, Michelle O’Neill est née en 1977 à Cork.

 

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Au bon vieux temps de Dieu – Sebastian Barry

Traduit par Laetitia Devaux

Je lis Sebastian Barry depuis ses débuts. Donc, pas d’exception à la règle pour Au bon vieux temps de Dieu, le dernier sorti pour la rentrée littéraire. Je me suis aussi fait la réflexion que je n’ai jamais rencontré l’auteur, il n’est jamais venu au CCI ni traîner dans les librairies parisiennes pour promouvoir ses livres. C’est dommage !

Tom Kettle est un inspecteur de police en retraite depuis peu. Il vit dans la cossue vie de Dalkey près de Dublin, dans une annexe d’un château victorien – décor idéal pour voir surgir des fantômes ! Seul. Pas de compagnie à part les voisins et encore. On se dit : han, un grincheux acariâtre qui vit en ermite. On a tout faux ! Tom a été marié et père de deux enfants. Il n’est pas divorcé. Non. Il a eu sa dose de malheur dans la vie. Il est veuf : June a disparu dans des circonstances tragiques. Puis, au niveau des enfants, c’est parti en cacahuète de manière tragique également. Pas gai, hein ?

Tom est seul et donc passe ses journées à ressasser en scrutant la mer et le voisinage. Un jour, ses anciens collègues viennent le voir pour un cold case, une histoire de prêtre retrouvé mort. Le passé de Tom remonte encore un peu plus à la surface.

Sebastian Barry utilise le monologue intérieur pour nous plonger dans les tourments de son personnage et celui de l’Irlande. Les scandales qui ont éclaboussé l’Eglise jusque très récemment. Des crimes sur des femmes et des enfants. La quatrième de couverture en dit presque trop à mon goût car on découvre l’horreur de la situation au fur et à mesure et la torture mentale que subit l’ancien inspecteur de police. Celui-ci a tenté le tout pour le tout pour que June vive enfin en paix. En vain.

L’auteur décrit à la perfection les dommages collatéraux d’un drame, des crimes d’une Eglise qui s’est cru tout permis. Sebastian Barry ne s’épargne rien, ne nous épargne rien. C’est parfois très cru. Et parfois on se surprend aussi à sourire car en bon Irlandais, l’autodérision n’est jamais très loin. Une histoire à la fois sombre et lumineuse où les disparus s’invitent par instant dans le monde des vivants.

Un roman émouvant qui prend par instant une allure de thriller. J’ai beaucoup aimé. Je classe ce roman parmi les meilleurs que j’aie lu de l’auteur, avec Un long long chemin et Le testament caché.

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Nouveautés irlandaises hiver 2024

Après 5 mois de quasi-absence, une nouvelle étape franchie et réussie, me voici de retour !🥳

L’occasion de redémarrer avec un petit billet sur les dernières parutions de cet hiver en matière de littérature irlandaise ! 🇮🇪

J’avoue qu’à part le dernier Sebastian Barry, Au bon vieux temps de Dieu que je suis en train de dévorer, le temps d’un week-end de récupération de mes forces physiques et intellectuelles, je n’ai pas lu les parutions de l’automne. 🫣

Je vais me rattraper avec celles de l’hiver !

Voici les découvertes :

Joie et bonheur de retrouver Hugo Hamilton après des années d’absence !Déjà disponible dans les meilleures librairies , Les pages !

Traduit par Charles Bonnot

Ce qu’en dit l’éditeur : »C’est un roman, survivant des flammes des bûchers nazis, La Rébellion de Joseph Roth, qui raconte l’histoire de son auteur Juif autrichien, écrivain en fuite. Mais aussi une multitude d’autres destins dont celui d’une jeune Américaine d’origine allemande qui découvre une carte dessinée à la main sur une page blanche à la fin du livre. Un mystère palpitant qui la conduira à Berlin, lieu de naissance de La Rébellion.
Les Pages court de la république de Weimar au mouvement Black Lives Matter. Le volume, passé de main en main n’a de raison d’être que s’il est lu. « J’ai besoin d’un lecteur. Quelqu’un pour insuffler de la vie dans mes pages. »
Une déclaration d’amour obstinée à la littérature qui tisse les liens entre passé et présent, et à son caractère subversif. Un cri de résistance et d’engagement contre l’obscurantisme. »

Traduit par Carine Chichereau

On retrouve également ce bon vieux Joseph O’Connor avec Dans la maison de mon père. J’avoue que ce n’est pas le titre qui m’attire le plus en ce moment, vu de loin…

Ce qu’en dit l’éditeur : « Inspiré de l’histoire vraie de Hugh O’Flaherty, le prêtre irlandais rattaché au Vatican qui a défié les nazis et sauvé plus de 6000 juifs et soldats alliés de l’enfer de Rome en 1943, « Dans la maison de Mon Père » est un thriller littéraire de premier ordre. A la manière d’Hilary Mantel, Joseph O’Connor mêle histoire et fiction dans un véritable tour de force narratif, un récit haletant à l’intrigue parfaitement ficelée. A travers le destin et les choix courageux de personnages aussi attachants qu’inspirants, il rend un superbe hommage à ceux qui ont su suivre leurs convictions dans les temps les plus troubles. »

Traduit par Cecile Arnaud

Passons du côté nord-irlandais, avec le deuxième roman de David Park publié en France : Un espion en Canaan. Il est d’ores et déjà dans ma PAL, reste à le lire. L’auteur et sa traductrice seront au Centre culturel irlandais le 8 février.

Ce qu’en dit l’éditeur : « En 1973, Michael Miller, jeune diplomate timide, se retrouve en poste à Saigon alors que les États-Unis s’apprêtent à quitter le Viêt Nam. Travaillant comme gratte-papier dans une des multiples agences de renseignement présentes dans une ville sur le point de tomber aux mains du Viêt-cong, il donne l’impression d’évoluer dans une dimension parallèle, loin de la panique et de la violence ambiantes, jusqu’au moment où Ignatius Donovan le recrute officieusement pour le compte de la CIA…
Quarante ans plus tard, Michael, devenu veuf peu de temps après avoir pris sa retraite, vit dans une maison trop grande pour lui au bord de l’Atlantique. S’il replonge dans ses souvenirs, c’est qu’il va devoir, au nom du passé, accomplir pour Donovan une dernière mission, quelque part sur la frontière mexicaine.
Un espion en Canaan est un roman subtil et troublant où les blessures intimes se mêlent aux désordres géopolitiques. Dans la lignée de Joseph Conrad ou de Graham Greene, David Park fait de l’espionnage cette école mélancolique des rédemptions impossibles. »

Traduit par Clément Baude

Ça fait 40 fois que je passe devant car on le voit partout, le dernier Colum McCann : American Mother.

Ce qu’en dit l’éditeur : « Comment rester debout face à la violence, à l’horreur ? Comment regarder dans les yeux celui qui vous a enlevé ce que vous aviez de plus précieux ? Comment pardonner à l’assassin d’un des siens ? Comment garder espoir quand tant d’atrocités sont commises au nom de la religion ?
Toutes ces questions qui nous assaillent dans une actualité toujours plus tragique, Colum McCann y a été confronté lors de sa rencontre avec Diane Foley. Jour après jour, il l’a accompagnée au procès des bourreaux de Daech et a vu une mère au courage exceptionnel puiser dans sa foi et son humanisme la force d’affronter un de ceux qui ont torturé et décapité son fils, le journaliste américain James Foley. »

Après toutes ces thématiques lourdes, pas trop happy few, je vous présente la vraie belle surprise de cette rentrée littéraire d’hiver, à paraître le 22 février : Comprendre les Irlandais, du journaliste franco-Irlandais John Reichenbach. Et regardez les noms prestigieux annoncés dès la couverture : préface de Hugo Hamilton ; postface de Frank Connolly; photos de Barry Delaney.

Ce qu’en dit l’éditeur : « L’Irlande vit au XXIe siècle son Âge d’or. Tandis que Dublin se couvre de chantiers et que l’univers de la mondialisation numérique fait la cour à leur pays, les Irlandais cultivent et bouleversent tout à la fois leur identité plurielle, décrite jadis par l’un de leurs quatre prix Nobel de littérature, Bernard Shaw, « village, île, continent ». L’Irlande cultive toujours cette fibre humaine qui a fait sa légende. Elle est pétrie de rituels ruraux anciens de la vie comme de la mort, de la simplicité souriante de ceux qui ne regardent pas le monde de haut, de la gaieté exprimée dans une incomparable culture de la musique et du chant. Le pays a brutalement jeté par-dessus bord l’ancien corset de mœurs religieuses rigides et vaincu l’autocratie de l’Église catholique sur la société, et en particulier sur les femmes. Alignée désormais par sa civilisation et sa tolérance sur les démocraties les plus ouvertes, l’Irlande peut les regarder droit dans les yeux et réviser aussi ses rapports avec elles. Voici la peinture impressionniste d’un pays devenu heureux et puissant sans jamais avoir déclaré la guerre à personne. »

Edit du 10 février : petit ajout avec un roman paru début janvier,  celui de Caroline O’Donoghue, L’affaire Rachel. Je connaissais Caroline O’Donoghue comme autrice de livres pour la jeunesse.

Traduit par Sylvie Doizelet

Ce qu’en dit l’éditeur :  » En 2010, Rachel et James ont la vingtaine lorsqu’ils se rencontrent dans une librairie de Cork, où ils travaillent tous les deux. La ville, comme le reste de l’Irlande, est durement frappée par le krach boursier. Ils emménagent dans une vieille maison délabrée de Shandon Street, où leur complicité fleurit comme « une orchidée rare ».
Ils partagent le goût des jeux de mots, des plaisanteries très privées et des nuits folles dans les pubs. Libérée des carcans de sa famille bourgeoise, Rachel rêve de séduire son charismatique professeur de lettres, le Dr Byrne. Elle organise pour lui une signature à la librairie, mais la soirée ne finit pas comme prévu…
Caroline O’Donoghue décrit l’ambiance d’une époque avec un humour piquant et livre une ode vibrante à l’amitié qui peut changer le cours d’une vie. »

Bonnes lectures !

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Changement d’adresse mail

Désolée pour ce post pas intéressant du tout mais néanmoins essentiel à signaler : l’adresse mail pour me contacter a changé.

Pour me joindre : maeveblog@yahoo.com

Eh oui, j’ai perdu mon mot de passe pour l’ancienne adresse et yahoo refuse de me donner la possibilité d’en créer un autre ou de récupérer l’ancien. Donc RIP vieille boîte !😢

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Bye bye 2023

C’est fini ! 2023 tire sa révérence. Une année de voyages, de lectures et de travail, de beaucoup de travail. J’en suis fière quoi qu’il advienne, même si je finis cette année sur les rotules. La littérature reste mon point d’ancrage, mon espace pour souffler. Dire que certains s’inventent des vies… Je peux en vendre d’occaz, s’ils veulent !

👣 Londres, la Suisse du lac Leman, la Côte d’Azur (en partie sur les traces W. B. Yeats avec mon ascension mémorable de toutes les marches qui mènent depuis la gare au vieux village de Roquebrune Cap Martin), la Castanccia en Corse et évidemment la Bretagne. Pas d’Irlande, on a dû annuler, du moins ma pomme . Mais une échappée belle en mars au Centre culturel irlandais pour la Saint Patrick, avec le fabuleux John Spillane !

2024 s’annonce riche en aventures et challenges.

Côté littérature irlandaise :

Évidemment, compte tenu de mon actualité, je ne suis pas à jour sur la lecture des parutions de l’automne. Ce n’est que partie remise.

La liste des nouveautés irlandaises 2024 est en piste sur Babelio ICI . N’hésitez pas à aller mettre votre pouce pour davantage de visibilité.

Je ferai une chronique et il semblerait qu’il y ait une surprise. 🤫

Bonne année 2024 !

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Lectures novembre-décembre 2023

Le temps file à une allure folle quand on est bien occupé ! Nous voici déjà en décembre et à quelques jours de 2024. Pas très présente dans le coin, comme annoncé, mais pas totalement absente non plus.

Malgré mon emploi du temps très chargé, je lis.😊 Je profite d’une pause de deux semaines pour vous parler de mes lectures de novembre et décembre.

J’ai lu 5 livres et la moitié d’un ! Pas mal de déceptions, j’avoue !

Je viens de terminer Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea, qui a décroché le Prix Goncourt 2023, qui innonde les libraires. C’est une histoire qui se lit bien, l’histoire de Mimo et de Viola en Italie, de la 1ère Guerre mondiale à la montée du fascisme, la 2e GM, les années 50. Mimo est d’origine modeste et tout jeune s’amourache de Viola, fillette d’une famille aisée. Viola est fantasque, intrigante, mystérieuse. Mimo devient sculpteur, devient connu. Viola apparaît et disparaît. C’est un peu sa spécialité. Je pensais avoir affaire à un roman historique avec une histoire d’amour en arrière-plan. Je pensais avoir une vie d’artiste travaillée. Le roman commence aux derniers jours de Mimo. J’ai cherché à recoller les morceaux de l’histoire mais je suis perplexe. Le Christ est souffrance donc le Christ est une femme ? Est-ce pour avoir écrit ça que Jean-Baptiste Andrea a décroché le Prix Goncourt ? Il est bien question de souffrance dans ce roman. Mais le problème c’est qu’il est aussi question de tout et rien. Je n’ai pas compris l’ensemble, où il voulait en venir. Je me suis attachée à Viola au début, mais ensuite je l’ai trouvé chiante ! Bref, une vraie déception.

J’ai lu Tenir sa langue de Polina Panassenko : l’histoire d’un déracinement russe écrit avec humour et finesse. Mais j’ai déjà quasiment oublié les détails.

J’ai enfin fait la connaissance de l’Irlandaise Liz Nugent avec Profil bas : un thriller psychologique qui commence sur les chapeaux de roue mais fini en eau de boudin à mon goût avec des invraisemblances. Une histoire de famille barrée, surtout la mère.

J’ai lu Mary de la Néerlandaise Anne Eekhout. Enfin un roman sur Mary Shelley, la maman du fameux Frankenstein que j’ai dévoré à 20 ans et qui reste un de mes romans préférés dans le registre. Là, j’avoue que c’est un peu du fumage de moquette. Ça commence bien, très gothique. Ça finit complètement largué ! Je ne voyais Mary Shelley avant Mary Shelley de cette façon, avec son étrange copine et même plus.😕 Ce bouquin m’a coûté 24€.😥

Comme cela fait 4 mois que je vadrouille, que je suis souvent sur la route, j’ai acheté des livres de routard, dont le fameux Nicolas Bouvier : Journal d’Aran et d’autres lieux : ouin ! C’est plutôt une encyclopédie des saints irlandais du Ve siècle et autres histoires qui n’ont pas grand chose à voir avec un journal de route, tel que je me l’imaginais. C’est écrit de manière assez vieillotte et dans un style tellement recherché que parfois un dictionnaire aurait été le bienvenu. Je n’ai pas lu les autres récits.

Je suis en train de lire Wild de Cheryl Strayed, qu’une ancienne collègue m’a conseillé il y a une dizaine d’années. Pour l’instant, j’aime bien même si je ne me reconnais pas dans une partie du personnage. 😆 A suivre.

En parlant de vadrouille, voici quelques photos de ma dernière un 16 décembre. Bonheur d’aller s’oxygéner au Croisic hors saison. Je suis fan de cette petite ville sans ses touristes, ancien premier port de pêche à la crevette de France.

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Retour de lectures : septembre-octobre 2023

Finalement, je m’aperçois que j’ai réussi à lire un peu de rentrée littéraire malgré tout. Moins que d’habitude, mais bon…

Je vous le dis tout de suite, ce ne sont que des excellentes pioches – qui contrastent carrément avec mon été littéraire foireux, fait de livres ennuyeux voire franchement mauvais.

En septembre, j’ai dévoré le dernier opus irlandais de Maylis Besserie : La nourrice de Francis Bacon . J’avoue que Bacon n’est pas un artiste qui me touche. Je suis – du moins j’étais – perplexe devant son oeuvre et son atelier à Dublin. Maylis Besserie choisit de nous présenter l’artiste par le prisme de sa « nanny », Jessie Lightfoot, qui l’a connu enfant et le suivra toute sa vie. Elle assiste impuissante à la maltraitance du gamin, haï par son père, battu et j’en passe. Ce n’est pas une jolie peinture du milieu anglo-irlandais. Heureusement, le coeur tendre de Jessie permet à Bacon sans doute de ne pas sombrer complètement au fil des années. Pas que le gars soit forcément facile à vivre… mais Jessie encaisse. Les amants de Bacon pas toujours !

La voix gouailleuse de Jessie Lightfoot, son humour qui dépote contrastent avec le caractère sombre de Bacon, dont on découvre quelques tableaux. On le comprend mieux grâce au vécu restitué par la nourrice. Finalement, si Francis est devenu artiste, c’est grâce à Jessie, qui le soutiendra toujours, quoi qu’il advienne, le protégera, l’encouragera, l’aimera comme une mère, plus que la sienne en tout cas.

J’ai beaucoup aimé. Un vrai bon moment de lecture : instructif, divertissant et bourré d’humour.

Studio de Francis Bacon à Dublin
juillet 2022

J’ai enchaîné avec un premier roman, celui d’Aurélien Cressely, Par-delà l’oubli, qui rend hommage à un personnage méconnu : l’un des frères de Léon Blum : René. Amoureux des arts et du théâtre, journaliste, critique littéraire et directeur artistique de casinos et du théâtre de Monte-Carlo, humaniste qui terminera ses jours en déportation. Une page d’histoire et un bel hommage.

Mon coup de coeur de cette rentrée littéraire revient à Sorj Chalandon, avec L’enragé . Encore une fois un personnage ayant réellement existé : un gamin, Jules Bonneau, abandonné par sa mère qui quitte le domicile familial alors qu’il a 5 ans, un père qui le largue à ses propres parents, des grands-parents pas aimant. Jules commence à déconner jusqu’à la grosse bêtise qui l’envoie direct à la colonnie pénitentiaire de Haute-Boulogne à Belle-île-en-Mer. Nous sommes dans les années 30. C’est pas joli joli, la façon dont on traite les gamins qui tournent de traviole car cabossés par la vie. Jules devient La Teigne. J’ai un peu eu du mal avec la toute première partie, mais ensuite le roman m’a emportée une fois que ces mômes prennent la poudre d’escampette. Seulement, quitter une île n’est pas simple quand on n’a rien à part un uniforme rayé. Mais parfois, le destin vous tend une perche. C’est ce qui arrive à l’enragé. La Teigne le quittera-elle, tapie dans ses entrailles ?

Clairement pas du feel good (mais Chalandon n’est heureusement pas dans ce trip-là), on en apprend beaucoup sur des établissements méconnus aujourd’hui qui ont pourtant existé en France. C’était dingue pour moi car je suis vraiment pas loin des lieux du roman. Je regardais l’océan en repensant à ce passé pas glorieux. Sorj Chalandon a su en faire un roman passionnant ! ❤

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Des news !

Hello-oo !

Je suis toujours en vie, mais oui ! Un mois sans venir par ici gratouiller une chronique !!! Ça me frustre ! Mais depuis le 1er septembre, comme cela était prédit je suis vraiment très, très, très, très occupée ! Au point que je n’arrive plus, ou presque, à lire pour mon plaisir. A peine un livre et demi en septembre dont l’excellent (oui quand même !) La nourrice de Francis Bacon de Maylis Besserie. J’espère arriver à gribouiller une chronique bientôt (on va avoir quelques jours de répit en octobre). Le blog est toujours fréquenté malgré mon absence assidue involontaire. Merci, les gens !

Quelques photos de ma nouvelle vie en contrée celtique. Il y a 15 jours, le match de la coupe du monde de rugby qui a vu s’affronter l’Irlande et les Îles Tonga au stade de la Beaujoire, a transformé Nantes en un mini Dublin, avec plein d’Irlandais en vert partout !!! Le fun et la bonne humeur assurée. 😄 La librairie Coiffard avait ressorti son catalogue de littérature irlandaise vieux de 10 ans, mais peu importe, c’était un bel hommage à nos amis irlandais !

L’automne étant particulièrement radieux, les week-ends à la plage pour décompresser du régime intense de la semaine sont bénis. J’y fonce dès que je peux. Les touristes ont dégagé et c’est vraiment sympa ! Ainsi ai-je découvert un petit coin de Paradis sur la Côte de Jade : La Bernerie-en-Retz. Bretonne et fière de l’être. On sent qu’il y a une guéguerre avec la Vendée en Pays de la Loire. Les Bretons sont bien là pour vous rappeler où vous êtes et que les voisins vendéens sont une anomalie de territoire !😁

Bon, demain je vais m’aérer les neurones en Vendée, justement. J’espère arriver à terminer Par-delà l’oubli, le 1er roman d’Aurélien Cressely qui nous parle du frère de Léon Blum.

Je n’ai même pas réussi à faire un billet sur les nouveautés irlandaises de la rentrée littéraire. Je suis vraiment à 3 millions d’années lumière de la rentrée littéraire, faut dire. 😥 Dur, dur !

A bientôt !

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Kukum – Michel Jean

Mon été littéraire n’est pas terrible. Je ne sais pas si je chroniquerai toutes mes déceptions (Betty de Tiffany McDaniel, que j’avais dans ma liseuse depuis longtemps et que j’ai ajouté à mon programme ; La rivière, de Peter Heller)…

Dans les moins mauvais des ennuyeux, il y a Kukum, du Québécois Michel Jean. Almanda vit à Pointe Bleue, au Québec, à la fin du XIXe siècle. Non pas avec ses parents, qui n’ont pas survécu à leur voyage depuis l’Irlande lors de la Grande Famine. Elle est élevée par une tante éloignée jusqu’au jour où elle rencontre Thomas, un jeune inu. C’est le coup de foudre entre les deux jeunes gens. Rapidement (tellement rapidement que ça m’a fait halluciner🙃), ils se marient. Almanda intègre la tribu de son mari et au fil des années en apprend la langue, devient plus inue que les Inus. Elle aura de nombreux enfants. La famille vit heureuse dans la forêt. Mais voilà que les bûcherons envoyés par le gouvernement se mettent à décimer les arbres et à déplacer les Amérindiens pour faire passer le chemin de fer…

Le livre a deux grandes parties : la vie inue d’Almanda ; la dénonciation du sacrifice des Amérindiens, déplacés de leur territoire, dont on enlève les enfants pour les « civiliser ».

Le livre prend une autre ampleur quand on apprend qu’il s’agit de l’histoire de la grand-mère de l’auteur. Kukum veut d’ailleurs dire « grand-mère », en langue inue.

Si Michel Jean interroge de manière pertinente la question de l’identité, j’avoue que je me suis globalement ennuyée, malgré tout. J’ai trouvé le style plat. La deuxième partie a davantage retenu mon attention mais je n’ai rien appris de nouveau sur le sujet. Si c’est émouvant, ça aurait néanmoins mérité d’être davantage mis en avant : c’est vraiment à la fin du livre que tout cela est évoqué. Les personnages m’ont semblé manquer de profondeur. L’auteur rend hommage à ses ailleux et à la nation inue. Mais si l’intention est louable, à mon sens cela ne suffit pas pour faire un bon livre. J’ai nettement préféré le roman de Richard Wagamese, Jeu blanc .

Une lecture en demi-teinte, donc.

J’ai bien peur que la suivante, Les brumes de l’apparence, de Frédérique Deghelt, dont j’ai lu pour l’instant la moitié de l’histoire, soit du même acabit niveau déception. 😥

Heureusement, j’ai déjà en stock deux romans de la rentrée littéraire, suite à ma première virée en librairie à Nantes : La nourrice de Bacon de Maylis Besserie, que j’attendais avec impatience et Enragé, de Sorj Chalandon. 💚

Allez zouh, quelques photos de chez Coiffard :

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