Retour de lectures février 2025

J’ai tellement lu et tellement pas chroniqué en février que j’ai décidé de faire une chronique globale, en ajoutant même un roman lu en janvier. Et, franchement, mon année littéraire est fantastique : je n’ai globalement que des bonnes voire très bonnes pioches, hormis une déception. Il s’agit de choix personnels, influencée par personne et rémunérée par personne pour le faire. Sans aide d’intelligence artificielle non plus ! 🙂 A l’heure où l’on ne sait plus qui fait vraiment quoi et pour quoi il le fait sous des apparences anodines, il n’est pas inutile de le rappeler.

Bref, voilà l’état des « dégâts » ! Je n’ai pas compté le nombre de pages que cela fait, mais c’est pas mal pour un mois de 28 jours et un livre terminé le 31 janvier. J’ai varié les plaisirs, mais les addicts à la littérature irlandaise repérerons au moins 3 ouvrages !

En janvier, j’ai lu Son odeur après la pluie de Cédric Sapin-Defour, un roman que je voyais partout partout partout depuis sa sortie en grand format, ce qui a toujours un effet ambivalent sur moi car je sais parfaitement que ce n’est pas forcément les meilleurs réussites du moment. Pourtant, quelque chose m’attirait : un chien et un homme et aussi une odeur de montagnes et de vadrouille. Sorti en poche , l’occasion de tenter l’expérience. Je sors quand même de ma zone de confort, n’étant pas une grosse fan de la race canine, exception faite des très gros chiens (mais pas les molosses). Un bouvier bernois, j’en croise un une fois par semaine, un gros patapouf qui fait semblant de monter la garde devant la porte d’un pavillon : impressionnant mais une crème. Bref, ce fut une excellente surprise ce récit. Le narrateur raconte comment il a rencontré Ubac, récupéré chez une dame après avoir lu une annonce. A l’époque, il est célibataire, il adopte ce chiot. On suit son évolution, sa vie, celle inévitablement de son propriétaire qui trouve aussi une autre âme soeur, bien humaine, elle. Ubac devient un peu l’enfant de cette famille hors norme, un couple de baroudeurs qui ont décidé de retaper un chalet. On se promène en montagne et en campagne, c’est une belle bouffée d’air loin du tohu-bohu du monde. Et puis, Ubac voit un jour arriver une soeur nommée Cordée (LOL, vous aurez compris dans quel environnement se passe cette histoire). Et un jour il sera papa d’une petite Frison ! 🙂 On se laisse emporter tranquillement par les chemins de traverse et les bêtises animales. Il s’agit d’un roman lumineux, sans gagatisme ni mièvreries, Du Nature Writing aux poils de chien. Par la même occasion, j’ai découvert la jolie plume d’un auteur itinérant.

Puis j’ai continué ma route au Royaume-Uni, en particulier sur le South West Coast Path, avec Le chemin de sel de l’autrice (galloise ?) Raynor Winn (traduit par Marc Amfreville) qui est un coup de coeur ! Bien que cela ne soit pas officiellement indiqué, il semble qu’il s’agisse d’un récit autobiographique. Moth, l’époux de « Ray », la narratrice, est atteint d’une maladie neurologique incurable, selon les médecins. Et comme la malchance n’arrive jamais seule, il se trouve que qu’à la suite de la trahison d’un ami, la maison du couple est saisie et ils sont expulsés. Ils deviennent donc du jour au lendemain SDF. Ray et Moth décident alors de faire le South West Coast Path, soit 1031 kilomètres de chemin de grande randonnée au sud-ouest du Royaume-Uni (la 4e de couverture parle de sud-ouest de l’Angleterre, ce qui est une erreur : n’allez pas dire aux « Cornish », qu’ils sont anglais ! ). J’ai adoré ce livre pour tous les paysages traversés mais aussi son aspect critique sociale bien sentie. La narratrice nous conte aussi souvent l’histoire des lieux traversés, on apprend une foule de choses, ou comment le gouvernement britannique a mis en place une usine de fabrication de gaz sarin, qui a fait plusieurs centaines de victimes chez les ouvriers, et comment il a rechigné à reconnaître la vérité jusqu’à être acculé ; l’interdiction toujours en vigueur de mendier ou de dormir dehors en Angleterre et au Pays de Galles, l’interdiction de faire du camping sauvage, etc. Le tourisme de masse et ses dérives en tout genre, notamment sur l’environnement est également pointé du doigt. J’ai revu avec bonheur des lieux traversés, le site supposé du château du Roi Arthur où j’ai fait une randonnée il y a quelques années et le fameux Land’s End où finalement j’avais eu beaucoup de chance de n’y trouver pas grand monde. J’avais peur que ce livre parle de maladie tout le long, que ce soit un tire-larmes. Que nenni ! En revanche, il montre les bienfaits de la marche sur le moral, le cerveau, l’effet positif sur la santé et la maladie. C’est une belle histoire de « résilience » (j’aime pas trop ce mot, mais bon). Enfin, j’ai apprécié l’humour, la présence de la littérature de marche (le couple part avec le livre de Paddy Dillon dédié à ce sentier de grande randonnée, ce qui donne des moments croustillants). Ma plus grande surprise a été de voir débouler Seamnus Heaney via la traduction du Beowulf . Enfin, marcher, c’est forcément l’occasion de croiser des gens. Le couple n’est pas déçu du voyage et nous non plus ! 🙂 . Je vous conseille vivement ce best-seller !

J’ai lu La nuée des âmes de Mike McCormack (traduit par Nicolas Richard) : ma lecture la plus énigmatique. Je me suis laissée embarquer dans une drôle d’histoire. Celle de Nealon qui rentre chez lui après une longue absence, dans une maison vide et son smartphone qui ne cesse de sonner. Une voix mystérieuse semble tout savoir de lui. Je me disais, « laisse tomber, bloque le numéro, ne répond plus aux appels ». En fait, il m’a agacé ce personnage qui se laisse faire. Je n’ai pas trop compris pourquoi il répond. En tout cas on peut dire que l’ambiance est plutôt angoissante, surtout quand finalement, il décide de rencontrer son harceleur. Qui perd ou gagne, telle est la question. Une ambiance de thriller psychologique, j’ai passé un bon moment même si la fin me laisse un peu perplexe.

J’ai lu le roman graphique Americana du dublinois Luke Healy (traduit par Basile Béguerie) qui est une petite merveille qui vous emmène avec lui faire l’expérience du Pacific Crest Trail, sur les pas, entre autres de Cheryl Strayed (Wild). L’auteur raconte ce qui l’a poussé dans cette expérience : son amour irraisonné pour les Etats-Unis, où il est parti ensuite faire des études de bandes dessinées, avant de se faire jeter car ses papiers n’étaient plus renouvelables, biberonné dès son plus jeune âge à la culture américaine qui fascinait toute l’Irlande des années 90. Bref, il se lance dans ce trek de haute volée de façon un peu inconsciente, sans même être ni spécialement sportif, ni spécialement entraîné. Je me suis régalée ! On vit toute sa souffrance, ses galères, ses moments de désespoir, ses bosses, ses plaies, ses ampoules, les paysages du sud de la Californie au sud du Canada. On intègre le monde un peu particulier des randonneurs au long cours, des amitiés se nouent, même si elles seront sans lendemain, des moments de l’instant, des surnoms (ouais, les randonneurs au long cours qui finissent pas se croiser et se recroiser pendant des centaines de milliers de kilomètres, se donnent des surnoms)… Le tout n’était pas gagné avec un graphisme en blanc, beige, noir et des dessins pas forcément très travaillés au premier abord, mais cela a vraiment fonctionné à merveille. Ce roman graphique est vendu 12€ : raison de plus pour ne pas s’en priver, c’est un bijou de 332 pages.

J’ai lu Les étoiles, la neige, le feu de l’Américain John Haines (traduit par Camille Fort) : du pur nature writing dans la droite ligne de Walden de H. D. Thoreau, ou l’expérience immersive écrite des années après les faits de 25 ans en Alaska à la fin des années 40 où l’auteur vit de sa chasse, de sa pêche, de ce que veut bien lui donner la forêt. On n’échappe à rien, certainement pas aux scènes de chasse et de dépeçage du gibier. Certaines scènes choqueront sans doute les vegans mais c’est l’occasion de rappeler qu’avoir le choix de ce qu’on mange ou pas est celle d’une vie aisée. Il y a une scène truculente avec une grizzly, une histoire de cuisson du porc-épic. J’ai bien aimé, c’est joliment écrit malgré quelques longueurs sur la fin. Ce livre date de 1989, il a initialement été publié en français sous le titre Vingt-cinq ans de solitude.

J’ai lu Epoque, de Laura Poggioli qui voudrait traiter de l’addiction de la jeunesse et des moins jeunes aux écrans. C’est un « romdoc » (roman documentaire). Qu’est-ce que je me suis ennuyée !!! L’écriture est sèche, c’est une expérience dans un hôpital psychiatrique dans un service dédié à l’addiction. Ce côté était assez intéressant et pas mal angoissant pour le futur (il suffit de regarder les zombies du smartphone dans les transports parisiens pour flipper de toute façon). Ou comment certains jeunes parviennent à ne plus manger, ne plus sortir de chez eux, avoir une phobie de l’extérieur par excès de virtuel en tous genres, comment les mauvaises rencontres peuvent survenir. Malheureusement, ce livre traite davantage du harcèlement de la narratrice par un médecin de famille pervers narcissique avec qui elle a eu une liaison, qui va tenter de détruire sa vie, son mariage, sa famille, en piratant son téléphone. Sauf que ça prend trop le dessus sur le reste du documentaire. Cela finit par devenir chiant, soyons clair. C’était too much. Puis il y a un côté « c’était mieux avant » qui m’a saoulée. Il y a toujours du positif et du négatif. J’aurais aimé qu’on parle du côté positif d’internet, des smartphones qui ont simplifié quand même pas mal de choses. Bref, ce n’est pas un livre très objectif, même si on ne peut pas lui enlever la réalité de l’aspect documentaire, qui est réel. Ma déception du moment.

Enfin, j’ai lu Entre leurs mains d’Annelise Heurtier qui traite des couvents de la Madeleine en Irlande. Un roman jeune adulte très bien documenté, une histoire rondement menée, une plume agréable, j’ai passé un bon moment même si personnellement je n’ai rien appris de nouveau sur le sujet. En revanche, je n’ai pas compris la mention de l’avertissement en début d’ouvrage indiquant que ce roman « comporte des scènes qui évoquent le viol, la maltraitance physique ou psychologique, ainsi que le suicide » car c’est écrit avec subtilité, évitant les scènes crues et traumatisantes, justement, sans pour autant éluder les faits. De même que la mise en garde sur le point de vue du personnage de Finegan. Un jeune lecteur pas trop idiot l’aura compris sans cette mention, d’autant que le personnage évolue positivement. Bref, rien de traumatisant dans ce roman jeunesse, si ce n’est de se confronter à la réalité de la société irlandaise d’une certaine époque. Les jeunes lisent des choses beaucoup plus trash il me semble à travers les dark romance etc.

Voilà pour le bilan de lecture. J’ai entamé hier Du fil à retordre de l’autrice nord-irlandaise Michelle Gallen. A suivre ici même bientôt. 🙂

Jeudi, j’espère arriver à aller écouter Hugo Hamilton au CCI (ouiiii , himself !). Un de mes auteurs chouchoux dont il me reste uniquement Berlin sur la Baltique à lire. J’ai dévoré tous ses autres romans ou polars il y a déjà un moment.

Avatar de Inconnu

About Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
Cet article, publié dans BD, Littérature américaine, Littérature française, Littérature galloise, Littérature irlandaise, est tagué , , , , , , , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

4 Responses to Retour de lectures février 2025

  1. Avatar de Kathel Kathel dit :

    Merci pour toutes ces (bonnes) idées de lecture !

    Aimé par 1 personne

  2. Avatar de alexmotamots alexmotamots dit :

    De belles lectures pour ce court mois de février.

    Aimé par 1 personne

Répondre à Maeve Annuler la réponse.