Le livre de Kells – Sorj Chalandon

Tout d’abord très soulagée d’avoir retrouvé l’accès au blog après une semaine de bataille avec le Support WordPress pour prouver que c’était bien moi et une interruption d’accès pour le moins étrange : la semaine dernière, je me connecte comme d’habitude sur Jetpack, je tape mon identifiant et mon mot de passe sans le moindre problème, je tape ma chronique et voulant me reconnecter sur mon ordinateur pour rectifier la mise en page : le CAUCHEMAR ABSOLU. Mot de passe non reconnu alors qu’il n’a pas changé, identifiant non reconnu, alors que je n’en ai pas changé ! Il a fallu une semaine pour que je récupère un accès via un mic-mac en donnant une partie des coordonnées bancaires de ma dernière transaction bancaire (ce qui m’a obligée à éplucher mes relevés de compte bancaire puisque je paie une fois par an ! ) On vit dans un monde de fous qui nous oblige à prouver qui nous sommes. Donc voilà ça m’a bien saoulée mais je ne les ai pas lâchés (il n’y a que pour débiter ta carte bancaire qu’on ne te demande pas grand chose !) Bref….

Donc je vais pouvoir vous parler de ma première lecture de la rentrée littéraire après une petite virée à la librairie Millespages à Vincennes qui est bien pratique pour mes envies frénétiques de lecture ! Il s’agit de : Le livre de Kells de Sorj Chalandon

Bien évidemment avec un titre pareil, n’importe quel amateur de littérature irlandaise sera intrigué. De plus, j’aime bien les romans de Sorj Chalandon, donc c’était sans hésitation avec en plus ce truc qui m’intriguait entre le titre, le narrateur et l’histoire, tout en sachant que l’histoire ne se passait pas en Irlande mais sur les trottoirs parisiens.

Il s’agit d’un roman, c’est-à-dire d’une oeuvre de fiction, mais ici avec une dimension autobiographique. On ne va pas chercher à savoir laquelle, on ne saura pas et ce n’est pas le sujet. On est dans le « mentir vrai » on va dire.

Kells, c’est un adolescent émancipé avant l’âge, qui quitte Lyon et la violence de son père en mars 1970, renonce à sa scolarité alors qu’il est pas loin du bac, pour se lancer dans l’aventure, avec dans sa poche Guignol, La Nausée de Sartre et une carte postale représentant le Livre de Kells, envoyée par son meilleur pote, lors d’un voyage en Irlande. Après avoir envisagé de rejoindre Ibiza puis Katmandou, ses rêves vont rapidement tourner courts devant la réalité de la rue.

Sorj Chalandon raconte la dureté du « dehors » et de la société française à cette époque. Ce dernier point est super intéressant car on n’en parle nulle part, on ne l’ apprend pas dans les livres d’Histoire, les parents ne l’évoquent pas vraiment. On découvre des mondes undergrounds : celui des SDF et celui des partis d’extrême gauche de l’époque qui se font la guéguerre entre eux en plus de faire la guerre aux bourgeois, aux flics, aux fachos des groupuscules comme Ordre Nouveau, Nouvelle Action Française qui ont précédé le Front National et autre Rassemblement National. On plonge en particulier dans l’univers des maoïste, pour qui cogner c’est la vie. Ne savent pas s’exprimer autrement.

J’y ai trouvé un écho avec l’époque actuelle et son absurdité : un gouvernement français qui est sourd et veut faire payer les Français alors que le vote des élections législatives de juillet 2024 après que Macron a dissolu l’Assemblée nationale n’a pas été respecté, puis l’immense déception de voir les partis de gauche se bouffer entre eux, incapables de se mettre d’accord rapidement pour nommer un potentiel candidat au poste de Premier Ministre. Et pendant ce temps, l’extrême gauche et l’extrême droite rassemblent les foules de crétins de base. Rappelons que le 10 septembre, des individus autoproclamés justiciers ont décidé de bloquer le pays mais sans expliquer comment. C’est ballot ! Leur méthode de mafioso : tentative de manipulation de l’opinion via les réseaux en boostant leurs posts pour être sûrs d’avoir de la visibilité : niveau d’échange dans les commentaires dignes d’handicapés mentaux : à mourir de rire. On sait à peu près qui traîne là-dedans : entre fachos, crevards, bricolos, et autres fouteurs de merde professionnels (Sud Rails !). Pas les salariés. Pas les commerçants. Pourquoi on devrait laisser notre paye et prendre le risque de se faire virer ? Ceux qui prônent le blocage n’auront de compte à rendre qu’à eux-mêmes bien souvent !!!! Qu’ils se confinent dans leur frigo, qu’ils arrêtent la carte bancaire, qu’ils fassent des grèves de la faim, arrêtent d’acheter (c’est ce que j’ai lu dans certains commentaires) je ne vois pas trop ce que ça va empêcher. Pourquoi ne vont-ils pas à Matignon ou à l’Elysée ? Le tout sachant que, d’ici demain soir, on n’aura plus de gouvernement puisque Macron a bien compris qu’il valait mieux leur couper l’herbe sous le pied. En tout cas, gare au glandu qui voudra décider pour les autres par la force !!! Les rassemblements en after work et le week-end pour protester contre l’austérité, c’est aussi la solution la plus festive ! Mais les Français n’ont aucun sens de l’humour…. Je me rappelle des concerts de klaxon à Dublin par les routiers protestant contre une réforme ! Toute la rue en riait. Ca fait son petit effet.

Oups, j’ai fait une grosse digression, mais finalement, on retrouve la violence évoquée par Chalandon dans son roman. L’extrême gauche se trompe de cible, violente pour être violente. Usante. L’ambiance avant la fin est cataclysmique. mais une petite lumière pointe derrière la porte ouverte avec l’entrée de Kells à Libération.

Kells est attachant par sa naïveté. Il est sauvé de la rue par des maoïstes alors que le bourgeois se détourne dégouté et le quidam Lambda joue à l’aveugle. Les maos sont sans nuances. Il faudra à Kells une certaine maturité d’esprit, un peu de culture et de lectures, de l’observation pour se rendre compte, quelques années après, qu’il existe un entre-deux qui n’empêche pas de défendre l’immigré ou l’ouvrier malmené.Que les mots sont plus fort que les poings.

Il y a une scène d’anthologie qui ne me fera plus jamais regarder The Book Of Kells et ses entrelacs de la même façon ! Est-ce que les copistes étaient sous substance ? 🙂

J’ai dévoré la moitié du roman, qui m’a fait sourire dès que je voyais une référence irlandaise – et il y en a beaucoup pendant un bout de chemin, puis plus rien, avant une allusion finale – mais je me suis embourbée sur le dernier tiers. La fin m’a un peu déçue car je l’ai trouvée pas assez achevée, même si j’ai globalement passé un bon moment !

Tout au long de ma lecture, je me suis amusé à noter les références irlandaises – il y en a peut-être d’autres qui auront échappé à ma vigilance :
p 15 : « La carte postale que Jacques m’avait envoyée d’irlande »
p 47 : la référence à son surnom (que je ne spoile pas)
p 58: « Et je ne voulais pas encore libérer le Kells tapi en moi » qui m’a intriguée un moment !!!
p 64 : Vous voulez retrouver Kells ? Allez en Irlande. »
p 68 : Saoirse
p 75 à 77 : moment d’anthologie que je ne spoile pas ! 🙂
p 94 : « J’avais percé le mystère dub dire, tatoué en moi les monstres et la beauté du Book of Kells »
p 103 : « Alors, à peine sorti du voyage, j’ai regretté de ne pas pouvoir reprendre le chemin de Kells. Et offrir ma peau à des moines copistes de l’an 800. »
p 188 : « Quel est ton rapport avec The Book of Kells ?
– Une carte postale, j’ai dit
C’est aussi une preuve d’amitié »

p 232 : La fille de Ryan
p 237 : « Après deux tentatives pour comprendre Finnegans Wake, il m’avait déculpabilisé. Tu es fou ! Entre dans Joyce par Gens de Dublin. Et lui lisait l’Irlandais en version originale. Moi, j’errais au milieu de ses phrases comme un homme ivre. »
p 253 : Pub irlandais
p 369 :« Ce soir-là, Yann m’a saoulé d’Irlande et de bière noire »
Et aussi tout un passage où Yann quitte la France pour rejoindre le combat en Irlande du Nord.
[Rah, je pensais que ça se finirait en Irlande du Nord ! 🙂 ]

Un roman d’apprentissage ou comment sortir de la violence – celle du père puis celle des Maos pour devenir un adulte.

Avez-vous lu ce roman ou vous tente-t-il?

Je suis actuellement plongée dans Le garçon venu de la mer de Garrett Carr qui vient de paraître et je vous en parle bientôt. Le traditionnel billet de rentrée littéraire irlandaise est également en cours de préparation (mais y aurait-il pénurie irlandaise en cette rentrée littéraire ?)



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About Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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6 Responses to Le livre de Kells – Sorj Chalandon

  1. Avatar de Fattorius Fattorius dit :

    Bonjour Maeve! Je suis en train de le lire, j’en suis aux environs de la page 75… et je passe un bon moment! Merci pour le partage de ton avis, que j’ai donc lu avec intérêt, et bonne semaine à toi.

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  2. Avatar de alexmotamots alexmotamots dit :

    J’avais beaucoup aimé ses deux premiers romans, et puis dans les suivants, l’écriture journalistique a repris le pas et depuis, je n’apprécie pas son style.

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  3. Avatar de Violette Violette dit :

    J’ai adoré ce roman, un des meilleurs de l’auteur selon moi. J’ai trouvé que la fin était une apothéose et son entrée dans le monde du journalisme, une sacrée revanche.

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