Des news !

Hello-oo !

Je suis toujours en vie, mais oui ! Un mois sans venir par ici gratouiller une chronique !!! Ça me frustre ! Mais depuis le 1er septembre, comme cela était prédit je suis vraiment très, très, très, très occupée ! Au point que je n’arrive plus, ou presque, à lire pour mon plaisir. A peine un livre et demi en septembre dont l’excellent (oui quand même !) La nourrice de Francis Bacon de Maylis Besserie. J’espère arriver à gribouiller une chronique bientôt (on va avoir quelques jours de répit en octobre). Le blog est toujours fréquenté malgré mon absence assidue involontaire. Merci, les gens !

Quelques photos de ma nouvelle vie en contrée celtique. Il y a 15 jours, le match de la coupe du monde de rugby qui a vu s’affronter l’Irlande et les Îles Tonga au stade de la Beaujoire, a transformé Nantes en un mini Dublin, avec plein d’Irlandais en vert partout !!! Le fun et la bonne humeur assurée. 😄 La librairie Coiffard avait ressorti son catalogue de littérature irlandaise vieux de 10 ans, mais peu importe, c’était un bel hommage à nos amis irlandais !

L’automne étant particulièrement radieux, les week-ends à la plage pour décompresser du régime intense de la semaine sont bénis. J’y fonce dès que je peux. Les touristes ont dégagé et c’est vraiment sympa ! Ainsi ai-je découvert un petit coin de Paradis sur la Côte de Jade : La Bernerie-en-Retz. Bretonne et fière de l’être. On sent qu’il y a une guéguerre avec la Vendée en Pays de la Loire. Les Bretons sont bien là pour vous rappeler où vous êtes et que les voisins vendéens sont une anomalie de territoire !😁

Bon, demain je vais m’aérer les neurones en Vendée, justement. J’espère arriver à terminer Par-delà l’oubli, le 1er roman d’Aurélien Cressely qui nous parle du frère de Léon Blum.

Je n’ai même pas réussi à faire un billet sur les nouveautés irlandaises de la rentrée littéraire. Je suis vraiment à 3 millions d’années lumière de la rentrée littéraire, faut dire. 😥 Dur, dur !

A bientôt !

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Kukum – Michel Jean

Mon été littéraire n’est pas terrible. Je ne sais pas si je chroniquerai toutes mes déceptions (Betty de Tiffany McDaniel, que j’avais dans ma liseuse depuis longtemps et que j’ai ajouté à mon programme ; La rivière, de Peter Heller)…

Dans les moins mauvais des ennuyeux, il y a Kukum, du Québécois Michel Jean. Almanda vit à Pointe Bleue, au Québec, à la fin du XIXe siècle. Non pas avec ses parents, qui n’ont pas survécu à leur voyage depuis l’Irlande lors de la Grande Famine. Elle est élevée par une tante éloignée jusqu’au jour où elle rencontre Thomas, un jeune inu. C’est le coup de foudre entre les deux jeunes gens. Rapidement (tellement rapidement que ça m’a fait halluciner🙃), ils se marient. Almanda intègre la tribu de son mari et au fil des années en apprend la langue, devient plus inue que les Inus. Elle aura de nombreux enfants. La famille vit heureuse dans la forêt. Mais voilà que les bûcherons envoyés par le gouvernement se mettent à décimer les arbres et à déplacer les Amérindiens pour faire passer le chemin de fer…

Le livre a deux grandes parties : la vie inue d’Almanda ; la dénonciation du sacrifice des Amérindiens, déplacés de leur territoire, dont on enlève les enfants pour les « civiliser ».

Le livre prend une autre ampleur quand on apprend qu’il s’agit de l’histoire de la grand-mère de l’auteur. Kukum veut d’ailleurs dire « grand-mère », en langue inue.

Si Michel Jean interroge de manière pertinente la question de l’identité, j’avoue que je me suis globalement ennuyée, malgré tout. J’ai trouvé le style plat. La deuxième partie a davantage retenu mon attention mais je n’ai rien appris de nouveau sur le sujet. Si c’est émouvant, ça aurait néanmoins mérité d’être davantage mis en avant : c’est vraiment à la fin du livre que tout cela est évoqué. Les personnages m’ont semblé manquer de profondeur. L’auteur rend hommage à ses ailleux et à la nation inue. Mais si l’intention est louable, à mon sens cela ne suffit pas pour faire un bon livre. J’ai nettement préféré le roman de Richard Wagamese, Jeu blanc .

Une lecture en demi-teinte, donc.

J’ai bien peur que la suivante, Les brumes de l’apparence, de Frédérique Deghelt, dont j’ai lu pour l’instant la moitié de l’histoire, soit du même acabit niveau déception. 😥

Heureusement, j’ai déjà en stock deux romans de la rentrée littéraire, suite à ma première virée en librairie à Nantes : La nourrice de Bacon de Maylis Besserie, que j’attendais avec impatience et Enragé, de Sorj Chalandon. 💚

Allez zouh, quelques photos de chez Coiffard :

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Le grand monde – Pierre Lemaitre

Qui n’a pas lu Pierre Lemaitre ? Sachez tout d’abord que vous commettez une grave erreur !☺️ Pour ma part, je l’ai découvert avec le très fameux Au revoir là-haut, prix Goncourt. Je n’ai toujours pas vu le film qui, paraît-il, est très conforme au roman que j’avais adoré. Après ce premier opus, Pierre Lemaitre a écrit deux autres opus sur la même période qui forment aujourd’hui « Les enfants du désastre », et couvrent la période de l’entre-deux-guerres. Dans Au-revoir là haut, j’avais entre autres aimé la man ière dont Pierre Lemaitre rend hommage aux victimes de la guerre, les « petits », les soldats dont on a brisé la vie en les envoyant à la « boucherie », à la merci de purs connards que sont non pas les Allemands, mais les trous du cul que sont leurs gradés et autres branleurs qui tueraient père et mère plutôt que désobéir, quitte à magouiller à qui mieux mieux. La belle vengeance que narre Pierre Lemaître est à la fois drôle, ingénieuse et exquise.

Le grand monde inaugure la période des Trente Glorieuses. J’ignore combien de volumes composeront exactement cette fresque. On m’a dit quatre, mais je n’ai pas vérifié. Je sais que je suis en retard puisqu’il y a déjà une deuxième volume en grand format.

Le roman se concentre sur l’année 1948, de mars à novembre entre Beyrouth, Paris et Saigon. Nous suivons la vie de la famille Pelletier, Monsieur et Madame qui ont fait affaire dans le savon à Beyrouth. Ils ont 4 enfants : 3 fils (Jean, dit « Bouboule » – tout un programme ! -, François, Etienne ) et une fille (Hélène- déjà). Jean est l’aîné et le raté de service. Franchement, ce type est une brelle. C’est juste incroyable !😅 Il n’arrive à rien. Son père lui trouve un bon poste dans l’entreprise familiale et c’est un fiasco, comme est un fiasco son mariage avec cette Geneviève qui est une mégère pas du tout apprivoisée. L’image du couple fait sourire. François est tout le contraire de son frère : il a de l’ambition, un rêve secret qu’il n’ose cependant pas révéler à ses parents : devenir journaliste. Alors pour quitter Beyrouth, il annonce qu’il est admis à Normale Sup. Il se casse. Un coup dur pour maman Pelletier. Mais à peine cette nouvelle avalée, c’est Étienne qui s’engage en Indochine. Quant à la plus jeune, Hélène, je ne sais pas pourquoi mais je ne la sentais pas claire du tout (c’est le prénom ! Lol) : elle est juste dingue. A 18 ans, se cherche, c’est normal, mais elle, c’est vraiment n’importe quoi.

Un meurtre d’un actrice dans un cinéma parisien. François tente de saisir l’occasion pour se faire un nom. La guerre d’Indochine et les tortures. Le trafic de la piastre. Des personnages principaux pas forcément aussi clean que ce qu’on pouvait imaginer au début.

A un moment donné, je me suis demandée si Pierre Lemaitre n’avait pas une obsession sur les trafics de monuments aux morts. Et puis, j’ai eu de plus en plus la puce à l’oreille, jusqu’à la révélation d’un secret de famille. Rahhhh, c’était génial !

1948, mais tellement d’événements historiques, familiaux, de faits divers que l’on ne s’ennuie pas une seconde !! Vous pouvez parfaitement lire ce roman sans avoir lu Au revoir là-haut, mais c’est encore plus délicieux de l’avoir lu avant pour savourer la subtilité de cette histoire.

L’auteur explore les secrets, historiques et familiaux. Ce roman prend des allures de thriller. Et il se termine sur une nouvelle qui vous fait dire qu’on n’en a pas fini. Mon personnage préféré est François. Et… Louis, le père. Sachez qu’il y a aussi plusieurs drames. Pierre Lemaitre questionne l’histoire d’une famille. Comment faire avec son passé, celui de nos parents ? Pourquoi n’ont-ils pas tout dit ? Pourquoi ont-ils caché des choses pas très glorieuses ? Qu’est-ce qui les a amené à faire ce qu’ils ont fait ? L’importance du contexte. J’aime la façon dont Lemaitre travaille les zones d’ombre. Et je sais que j’en n’ai pas fini avec cela. Jean, dit Bouboule, le raté de service, comment gère-t-il sa frustration ? 🤔 Il y a déjà des indices…

Pierre Lemaitre a une écriture qui s’attache aux détails, mais qui ne doit rien au hasard. Il n’y a pas de superflu. Sa description des personnages est quasiment cinématographique, le tout matiné de flux de conscience (surtout quand les personnages sont pris de panique, de peur bleue).

La seule question qui me taraude : pourquoi les femmes sont-elles toutes des connasses dans cette histoire ?

Bref, une excellente lecture que je vous conseille vivement. Un bon pavé de plus de 750 pages à dévorer cet été.

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Lectures de vacances d’été

Enfin, je ralentis le rythme et je trouve le moyen de revenir dans le coin. J’ai enfin trouvé un logement : tout le monde le sait, les maisons ont une âme. Il y a celles où tu ressors à peine rentré comme si elles ne voulaient pas de toi et toi pas d’elles et il y a les coups de coeur. J’ai donc trouvé mon coup de coeur dans une vieille maison du XIXe siècle, dans un joli quartier verdoyant, esprit bohème et village. J’espère avoir eu le bon feeling, mais je suis confiante. J’apprivoise doucement ma nouvelle ville d’adoption que je prends enfin le temps de visiter comme une touriste au lieu de la traverser au pas de course à coup de tramway.

J’ai donc repris un rythme de lecture normal : je termine l’excellent Le grand monde de Pierre Lemaître, un bon pavée de 700 pages au moins. J’espère le terminer avant mon départ en vacances dans quelques jours.

Je vous fais une chronique fourre-tout-qui-ne-mange-pas-de-pain en vous présentant mes intentions de lecture de vacances (puisque cette année, je suis une petite veinarde qui va cumuler 6 semaines de vacances d’été cette année (vives les CET) , donc je devrais trouver le temps de lire… que je dis, entre deux transits matériel ! 🙂 C’est parti ! Il y a un seul achat récent , Kukum, les autres dormaient sur mes étagères.

Des lectures qui parlent de femmes courageuses qui ont tracé la route pour un nouveau départ ou tenté une expérience que certains trouvent dingues (voyager seule – rien d’extraordinaire pour pour moi, même si ça se limite à des pays que je connais, ni pour Katia Astafieff qui pousse le bouchon jusqu’à aller au bout du monde et raconte son expérience de manière drôle dans Comment voyager seule quand on est petite, bonde et aventureuse : parfaite lecture d’été !)

On ne présente plus Wild, de Chery Strayed et son périple sur les crêtes du Pacifique. J’ai vu le film il y a quelques années et j’étais mitigée. Mais j’ai lu beaucoup de bien de son récit, alors je n’ai pas hésité quand je l’ai trouvé d’occasion. J’ai dévoré il y a quelques mois Albert Black de Fiona Kidman (sorti en poche depuis : plus d’excuses pour ne pas le lire !), donc je récidive avec Comme au cinéma : une jeune veuve quitte Wellington dans les années 50 avec sa petite fille pour aller travailler dans les champs de tabac.

Des romans québécois de deux auteurs écoutés au Festival America de Vincennes en septembre dernier : Kukum de Michel Jean et L’avenir de Catherine Leroux. Kukum parle d’une orpheline québécoise d’origine irlandaise qui rencontre un jeune Innu. De quoi voyager dans ce roman tendance nature writing si j’en crois la 4e de couverture.

L’avenir est une dystopie écologique.

Un autre roman qui fait la part belle à la nature et qu’à peu près tout le monde a lu sauf moi : La rivière de Peter Heller, sur fond de thriller. Merci les sorties en poche pour les blogueurs qui ne reçoivent pas toute la rentrée littéraire par les éditeurs – mais au moins, je n’ai pas les doigts dans la prise ! Un autre roman, improbable, me concernant : Les brumes de l’apparence de Frédérique Deghelt, parce que j’ai lu ces six mots sur la 4e de couverture : « masure au milieu de nulle part » ! Ensuite j’ai lu le mot « medium » qui me laisse sur la défensive. C’est du fantastique. Allez, une petite lecture qui ne va pas demander beaucoup d’effort : c’est l’été ! – même si on n’est pas obligé de lire des crétineries ! 🙂 A suivre…

Enfin, le dernier roman de Dominique Le Meur, qui vit en Irlande depuis plus de vingt ans et qu’on ne présente plus : L’ombre des longs silences s’intéresse aux conséquences du Brexit sur l’île d’Emeraude. De quoi en apprendre un peu plus à travers une série de personnages.

Bonnes vacances !

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Lorsque le dernier arbre – Michael Christie

Traduit par Sarah Gurcel

Après tout le monde, j’ai lu ce bon pavé de presque 700 pages sorti à la rentrée littéraire d’automne il y a deux ans.

Je pensais à une dystopie qui parlerait des arbres de la première à la dernière page. D’une certaine façon, c’est le cas, mais pas du tout de la manière dont je l’imaginais.

C’est au bout de 150 pages environ que j’ai compris que la structure du récit était également… un arbre ! Et c’est sans doute le tour de force de cette oeuvre, qui commence et se termine en 2038 et passe son temps à vous faire faire des sauts temporels jusqu’à la racine de l’histoire d’une famille aux ramifications multiples. Cette histoire est un arbre généalogique, avec ses branches. On part du présent (2038) pour plonger en dents de scie dans le passé (1908) d’une famille, la famille Greenwood (même un jeu de mots !). L’histoire de deux frères éjectés d’un train qui déraille en 1908. Le chemin de fer, c’est par ce moyen que s’est construit le Canada. Un récit foisonnant qui nous raconte l’histoire de Harris, qui deviendra un magna du bois à la réputation qui fait des étincelles, et de son frère Everett, vagabond au grand coeur qui sauve un bébé et l’élève comme sa fille, tant qu’il le peut. Ces hommes et ce bébé sont les aïeux de Jacinda, qui en 2038, après le Grand Dépérissement, promène de riches touristes sur la dernière île boisée, la seule forêt primaire encore existante sur Terre, la planète étant devenue un désert de poussière.

Si vous voulez un roman à la fois déroutant au début puis envoûtant par la suite, sur fond de militantisme écologique à l’heure du réchauffement climatique : ce roman est une parfaite lecture pour votre été, d’autant plus si vous êtes amateur de pavés estivaux. Un bon moyen de ne pas lire idiot.

Pour ma part, j’ai beaucoup aimé ! J’ai vraiment été surprise par la forme et l’idée géniale de l’auteur. J’ai eu la chance de visiter la Colombie-britannique à l’été 2019 : on n’est plus dans la science-fiction car j’y ai vu les arbres attaqués par un parasite ravageur. La forêt canadienne est en train de crever. Et depuis, de terribles incendies achèvent le travail. 😭

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Nouvelle vie en Bretagne à partir de septembre

Pas trop dans le coin en ce moment, mais c’est en raison d’une bonne nouvelle et d’une belle réussite dont je suis fière. D’autant que les conditions dans lesquelles j’ai fait tout ce que j’ai fait n’étaient pas forcément gages de réussite. Mais voilà, j’ai réussi et bien !🙈 Donc, en septembre, je mets les voiles… en Bretagne !

Photo : Wikipedia

Vous reconnaîtrez la belle ville de Nantes. 9e pays breton, celui du « Pays nantais « 

Source : Wikipedia

Je sais que certains Bretons ne considèrent pas Nantes comme bretonne, mais les Malouins ne se considèrent pas comme bretons non plus 😹 . Le découpage à la con des régions, par-dessus le marché, ne fait pas dans la clarté et la simplicité. Bon, on ne va pas chipoter, c’est à la frontière avec la Vendée et ce sera d’autant plus intéressant pour les échappées belles du week-end, en croisant les doigts pour que j’aie le temps – mais on a le temps qu’on prend ! Je vais avoir vraiment beaucoup de travail dans les mois qui viennent. J’espère pouvoir continuer à tenir ce blog.🤞 Je ferai tout pour, mais ma priorité du moment est un peu ailleurs… Je lis comme un escargot mais je continue à lire. 250 pages en 10 jours, de Lorsque le dernier arbre de Michael Christie, qui n’est peut-être pas le roman le plus simple pour mon cerveau exténué en ce moment.

Je pars en Irlande. Aussi. Dans même pas un mois. J’ai plein de paperasses à faire par rapport à ma nouvelle situation. Bref, tout ça pour dire que le blog va tourner au ralenti pendant quelques temps. La rentrée littéraire arrive déjà (trop vite!)

A bientôt !

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Le dernier ermite – Michael Finkel

Traduit par Johan-Frederick Hel Guedj

L’été arrivant, j’aime souvent lire des livres Nature Writing et je me suis récemment reconstitué un petit stock. Je ferai peut-être une chronique inspirante pour ceux qui cherchent des livres se passant en pleine nature. Je vais vous parler du Dernier Ermite, et bientôt sans doute de celui que j’ai terminé juste avant : Le garçon sauvage, de Paolo Cognetti.

Avec mon emploi du temps « ras la gueule  » de ces dernières semaines (mais ça devrait se calmer, sauf si je dois déménager en province, plus près de la mer🤞 – et de toute façon, l’Irlande est au programme dans 5 ou 6 semaines), j’avais envie d’aller m’aérer les neurones en partant dans les forêts du Maine, sur les traces de Christopher Knight, dit « le dernier ermite ».

Il ne s’agit pas d’une fiction mais d’une histoire vraie, comme le précise la couverture. Celle d’un mec qui se projetait dans l’informatique vers l’adolescence, mais qui du jour au lendemain claqua la porte du domicile familial pour ne jamais revenir et se perdre 27 ans en forêt. Il a été arrêté en 2014. Non pas parce qu’il est interdit de vivre en forêt mais parce que pour survivre, subvenir à ses besoins matériels, il volait de la bouffe et des fringues, ou objets dans des bungalows autour d’un lac, résidences secondaires d’Américains en mal de campagne. Une légende est née : un homme des bois vivant sans aucune communication avec l’humanité très très proche et surtout introuvable.

Bon, clairement, je pensais passer du bon temps en forêt mais j’ai passé du temps dans la prison où était enfermé Knight. Finalement il y a peu de forêt seulement quelques chapitres avec des sumacs vénéneux et la canopée.

Ce livre est un reportage sur l’une des énigmes de l’humanité ou presque. Comment ce type a-t-il pu vivre 27 ans dans un total isolement, si près de la civilisation pourtant, sans jamais être localisé par les autorités, pourtant lancées à ses trousses ? Michael Finkel mène l’enquête et nous rencontrons avec lui l’énigmatique bonhomme : très intelligent, entre spectre autistique et autre maladie dont je ne me souviens déjà plus du nom, il est complètement inoffensif et ne ferait pas de mal à une mouche. Les vols de bricoles pour survivre et uniquement dans des résidences secondaires, sont ses seuls forfaits. Il est grand lecteur : s’il peut se passer de manger, il ne peut pas se passer de lire. Alors il vole aussi des livres. Toutes les sortes de livres et tous les auteurs. Il a lu Joyce et se demande si l’homme de lettres n’a pas écrit un canular avec Ulysse. Il n’aime pas trop Thoreau. On croise aussi Rousseau et Le promeneur solitaire, Lao Tse…

En fait, je me suis bien fourvoyée car il ne s’agit pas de Nature Writing mais d’un catalogue bien fourni sur les ermites ayant existés.😴 Ensuite on passe à l’aspect neuro-scientifique de la personnalité de Knight.😴😴🤯

Si ce livre a quelques côtés intrigants, voire amusants, je me suis finalement ennuyée. L’impression de lire une thèse de médecine sur le pourquoi-du-comment le type est comme ça. Bof !

Le livre ne fait que 260 pages mais j’ai mis près de 9 jours pour le lire ! Le style n’est pas très fluide (même si je lis très lentement en ce moment).

Mouais, passez votre chemin sur d’autres itinéraires de randonnées…

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Soleil oblique et autres histoires irlandaises – Donal Ryan

Traduit par Marie Hermet

On connaissait Donal Ryan auteur de romans. Le voici auteur de nouvelles. La vingtaine du recueil bien nommé Soleil oblique et autres histoires irlandaises . Franchement, je me suis régalée !!! Comme je l’ai écrit précédemment, la nouvelle est un genre peu populaire en France mais pourtant hyper couru dans les pays anglophones comme les États-Unis , l’Irlande ou le Royaume Uni où, d’ailleurs, l’écrivain doit en passer par là pour gagner en notoriété. Et je vous jure : même si vous n’aimez pas le genre, lisez celles de Donal Ryan et vous changerez d’avis ! (Oui, je sais, je l’ai déjà dit, aussi, mais j’insiste !😊)

L’auteur vous plonge dans vingt instantanés de vie irlandaise du comté de Limerick ou de celui de Tipperary, souvent. Des portraits d’âmes tourmentées, de laissés-pour-compte, d’étrangers. Pas de panique, vous n’allez pas vous pendre à la lecture de ces histoires : Donal Ryan possède une plume agile, pleine d’humour, de subtilité et d’une ironie mordante, mais non dépourvue d’empathie. Bref, on ne fait pas la gueule en lisant ses histoires, on a plutôt le sourire voire le rire.

Alors, voyons voir, j’ai croisé entre autres : une jeune fille de la communauté irlandaise des gens du voyage au prise avec le racisme ordinaire (Embrouilles) ; une femme qui maltraite des personnes âgées dans la maison de retraite où elle travaille (Nephthys et l’alouette) ; une passion amoureuse peu banale (La passion) ; un SDF serial killer qui part en retraite (Départ en retraite), un mec largué qui a du mal à tourner la page (Aisling, hilarante !) ; une Sud-Africaine qui arrive en Irlande (Grace). Et tous les autres, que je vous laisse découvrir. C’est bigarré et « tourbeux », si je puis dire. On plonge in medias res dans des âmes torturées qui racontent leur expérience de vie. Émouvant.

Un excellent nouvel opus et encore un coup de coeur. Décidément, le cru 2023 de la littérature irlandaise qui arrive en France est exceptionnel !! Je vais finir cardiaque.🤗

Extraits :

« J’ai une image de sa cuisse droite imprimée sur la rétine, avec ses bas noirs et la jupe qui remonte quand elle s’assied sans un mot et j’ai honte de cette brûlure en moi, parfois je prie Dieu d’éloigner de moi cette vigueur, cette erreur. » (La passion)

« J’en ai entendu des trucs sur moi depuis ce jour-là, des vrais et des pas vrais, des certitudes que les gens vous assènent sans l’ombre d’un doute dans leur voix. » (Embrouilles)

« Je me baladais avec un petit groupe de glandus autrefois, quand j’étais très jeune. On fumait sur le trottoir en regardant défiler les gens respectables. » « Je l’ai dépiautée, j’ai tâté ses seins un dernier coup histoire de lui dire adieu, et je suis parti poser mes filets ailleurs. Le bout rougeoyant de la Superkings encore allumée faisait fondre son survêtement de nylon. Crémation. Aucune trace. Ce n’est pas une manière de se conduire, je sais. Je n’en suis pas fier. » (Départ en retraite)

« Je ne sais pas à quel point le nouveau jules est nouveau, mais il est plus nouveau que moi, ça c’est sûr. (…) Le nouveau a tout l’air d’un blaireau. » (Aisling )

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Moisson irlandaise de printemps

Pas trop dans le coin depuis 2 semaines pour cause d’emploi du temps qui déborde un peu trop. Mais HEUREUSEMENT,  la littérature irlandaise est toujours le meilleur des refuges pour se détendre, se fendre la poire assez souvent, avec le talent pour l’humour noir qu’on lui connaît. Et se consoler de ne finalement pas pouvoir aller à St Malo pour Etonnants Voyageurs avec l’Irlande comme pays invité et une belle brochette d’auteurs : Donal Ryan, Louise Kennedy, Michèle Gallen, Jan Carson…. Dommage !

Bref, mes yeux ont été en quête de doudoux littéraires.  Le mois de mai est propice au muguet et à une certaine floraison irlandaise sur les étals des libraires. L’occasion de faire une petit chronique fainéante pour montrer mes trouvailles de printemps :

Traduit par Marie Hermet

Soleil oblique et autres histoires irlandaises de Donal Ryan. Je l’attendais,  le nouveau Donal Ryan, depuis presque 2 ans !!! C’est un recueil de nouvelles, ou plutôt de « novella », dont certaines ont déjà été publiées dans divers ouvrages en Irlande et dans un livre publié en 2015 en VO. Si vous êtes réfractaire au genre de la nouvelle,  peu populaire en France mais tellement en Irlande et dans les pays anglophones (Grande-Bretagne, USA), je vous rassure tout de suite : vous ne pourrez qu’adhérer totalement à celles de Donal Ryan (j’ai lu le livre aux 3/4 et une chronique est à venir). Des mini-romans (c’est pour cela que j’ai employé le terme de « novella », inconnu en France = grosse nouvelle ou petit roman). L’éditeur a choisi « histoires irlandaises », c’est vraiment ça. Vous plongez en Irlande dans des instantanés de vie. Je me régale… Traduit par Marie Hermet qui, comme moi, connaît très bien l’Irlande. Donc on est d’accord des petits détails qui font la différence. 🤗 J’ai aussi commencé depuis un moment en V.O. la lecture de Strange flowers (2020 – pas encore publié en France). C’est là que je me suis aperçu que Ryan avait un côté « proustien » avec ses longues phrases, pas du tout ennuyeuses, pas du tout comme du Proust non plus niveau style (on ne peut pas dire qu’on se fend la gueule en lisant du Proust ) mais que je n’avais pas remarquées auparavant. Ravie par ailleurs d’avoir gagné un exemplaire dédicacé que je vais offrir à quelqu’un que je connais bien, peut-être que j’organiserai un concours pour faire gagner l’exemplaire que j’ai acheté…

Surprise de tomber sur du théâtre écrit par Edna O’Brien avec Femmes de Joyce

La plume de Billy O’Callaghan m’a été conseillée par un agent littéraire. Jamais lu. Son premier roman Les amants de Coney Island ne m’attirait pas plus que ça. A suivre. Mais j’avoue que j’ai un sourcil en accent circonflexe. Pas par rapport au livre. Va pour Parfois le silence est une prière. Mais l’oubli c’est quoi ? Un caca mou, vert et glissant qui peut vous renvoyer dans l’anonymat…

Traduit par Carine Chichereau

Comme tous les ans, un nouveau John Boyne, avec La vie en fuite (rien que ça! ) J’ai été tellement déçue par L’audacieux Monsieur Swift, que j’ai du mal à revenir vers cet auteur. Je lui fais un peu la gueule sans qu’il le sache, quoi.😄

Je mets au fur et à mesure la liste des publications sur Babelio ICI, n’hésitez pas à y faire un tour et à liker pour le rendre visible. Beaucoup de fiches n’existent pas, donc je suis obligée de les créer. C’est long et fastidieux. Je ne comprends pas Babelio qui se targue d’être un grand réseau social de lecture mais où il manque des nouveautés qui gagnent à être vues.

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Ce que Majella n’aimait pas – Michelle Gallen

Traduit par Carine Chichereau

« C’étaient les autres qui disaient de la merde. C’étaient les autres qui inventaient les règles selon lesquelles on était cool ou pas en fonction des vêtements qu’on portait. C’étaient les autres qui jugeaient une moitié de l’humanité parce qu’elle se maquillait,  et l’autre parce quelle ne se maquillait pas. C’étaient les autres qui allumaient la lumière, faisaient du bruit, transpiraient, se battaient, pleuraient,  criaient. A bien y réfléchir,  en fait, Majella n’aimait pas trop les autres. »

Décidément j’aurais passé beaucoup de temps en Irlande du Nord ces premiers mois de 2023. Et voici mon troisième coup de coeur irlandais… du mois d’avril !!! 🤗 J’ai bouffé pendant 6 jours au fish and chips d’Aghybogey, petite ville d’Irlande du Nord, quelques années après les accords de paix. C’est là que travaille 6 soirs sur 7 Majella, la vingtaine bien entamée, beaucoup de kilos que les autres diraient en trop et des idées bien arrêtées sur ce qu’elle aime ou pas. Ça se résume en deux listes données au début de l’histoire et heureusement,  je vous rassure,  on ne va pas vous tanner le cerveau avec ça pendant 341 pages !

Pendant 7 jours, du lundi au dimanche,  vous allez suivre la vie monotone et morne de Majella. Sans que ce soit triste pour vous. Elle vit avec sa mère alcoolo, dépressive, addict aux cachetons. surtout depuis que le papa a disparu. On peut dire qu’elle est chiante et égoïste,  sa mère.  Toujours à se plaindre et à rouscailler sur son sort alors qu’elle passe ses journées vautrée comme une loutre dans son canapé à rien glander, si ce n’est se bourrer la gueule et parfois à vomir tout autour. Il n’est pas rare que Majella la retrouve dans son gerbos quand elle rentre de bosser ou qu’elle se réveille le matin. Un bonheur,  vraiment,  cette bonne femme ! 😂 Majella fait avec parce que c’est sa daronne, elle veille sur elle et se tape toutes les corvées. Elle a peur de la retrouver clamsée un de ces quatre. C’est presque un bonheur d’aller bosser au fish and chips tout graillon.

Au moins, au fish and chips, à part Madame Connasse, il y a son collègue Marty avec qui elle s’entend bien. Elle adore faire cuire les frites et la bouffe, de toute façon. Ça se passe bien au fish and chips, c’est presque sa deuxième maison, avec toujours les mêmes personnes qui viennent commander le même plat, font les mêmes remarques. La routine, quoi ! Majella aime bien la routine. Ou du moins compose avec. Il n’y a rien d’autre à faire à Aghybogey, de toute façon. Traîner dans les rues, aller au pub picoler, se prendre le chou avec les reformés quand tout le monde est bien alcoolisé, entendre toujours les mêmes conneries et regarder Dallas. Majella kiffe Dallas !

Au moment où commence le récit, il vient pourtant de se passer quelque chose de grave dans la vie de Majella : sa mémé adorée, qui vivait dans une caravane à quelques encablures, vient d’être sauvagement assassinée. La seule personne qui comptait pour Majella, avec son papa. La ville fait ses pronostics sur qui, quoi, pourquoi, comment… Les flics vont prendre des empreintes digitales, alors ça gamberge.

Voici donc le premier roman de Michelle Gallen publié en France. VO : Big Girl, Small Town, pour ceux qui voudraient lire le livre en VO et je pense jeter un oeil à la VO, par curiosité parce que le style d’écriture est très particulier, très langage parlé et bourré d’argot (j’ai beaucoup pensé au style de Robert McLiam Wilson dans Eurêka Street ; il y a une scène de beuverie pleine d’expressions : je veux voir la vérité sur « j’ai les dents du fond qui baignent »😂, c’est plutôt quand on a trop mangé, non ?) J’ai aussi trouvé un truc bizarre qui est comme une erreur géographique et terminologique : « loch Con ». Quoi ? Des lochs en Irlande ?🤨 Des loughs, vous voulez dire. Et le loch Con n’est pas dans le Mayo mais en Ecosse. Le lough Conn est bien dans le Mayo. Bref un lac…

Michelle Gallen raconte avec beaucoup de précision la vie routinière de son héroïne. Mais elle incise cette routine avec un élément perturbateur : le décès de sa grand-mère. Ce n’est pas décoratif. Majella est une jeune femme intelligente et mûre, certains essaient de profiter d’elle de diverses façons (elle n’est pas contre le sexe mais j’ai trouvé que les mecs en profitaient un max voire sont carrément crados). Elle n’a pas pleuré depuis des années, ses sentiments sont anesthésiés. Du moins le croit-elle.

Certes on devine en filigrane que Majella a un handicap. Mais finalement j’ai trouvé qu’à peu près tous les autres sont comme elle, dans cette petite ville d’Irlande du Nord où l’ambiance peut vriller assez rapidement. Le sectarisme est toujours présent, on balance des clichés, les habitants font les choses selon un rituel précis. Aller au fish and chips commander le même plat, à la même heure, avec les mêmes mots… Majella a un petit TOC quand elle sort de sa zone de confort : elle claque des doigts et se balance d’avant en arrière. On devine une forme d’autisme (absolument jamais nommé comme tel) mais pour ma part, il m’a fallu beaucoup de pages avant de me rendre compte de son petit problème. Tout simplement parce que ce n’est pas très visible. C’est elle qui mène la barque chez elle et que finalement, sa mère est bien plus handicapée qu’elle, avec son addiction à l’alcool etc. Finalement, c’est elle qui s’en sort le mieux. A ce titre, j’ai adoré la fin !

Un roman plein de vie, de réparties, d’humour, souvent noir, sans tabous. Si en filigrane il y a un drame familial bouleversant, Michelle Gallen suggère au lecteur un bel avenir pour Majella.

A vous de découvrir ce roman et de me faire un retour sur le sujet ! Attention, crises de fou rire à prévoir… Normal, c’est de la littérature irlandaise et c’est ce mélange de drame et d’humour qu’on aime en elle.

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