Long week-end – Joyce Maynard

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Traduit par Françoise Adelstain

Henry, 13 ans, vit seul avec sa mère, Adèle. Son père a refait sa vie et a d’autres enfants. Adèle vit recluse chez elle. Elle se contente d’aller faire des courses au supermarché, version « on se dépêche », avec son fils quand le frigo est vide. Nous sommes au début du Labor Day, week-kend prolongé aux Etats-Unis : 5 jours. Le temps est caniculaire. Henry et Adèle sont partis faire des courses au supermarché, justement. Henry est abordé par un homme qui lui demande  s’il « [veut] un coup de main » (il est en train de lire  Play-Boy notre ado 🙂 ) Au début Henry le prend pour un employé du supermarché, mais il y a un truc qui cloche : « Il portait la chemise des employés de Pricemart – rouge, avec le nom inscrit sur la poche. Vinnie. Et puis, j’ai vu que sa jambe saignait, au point que le sang avait traversé le tissu du pantalon et imprégnait la chaussure, ou plutôt la savate ». L’homme lui répond le plus naturellement du monde qu’il est tombé par la fenêtre… Henry trouve cette histoire bizarre – mais à cette époque, tout lui semble bizarre. Il propose son aide. L’homme fait mine de faire des manières mais accepte. Henry le présente donc à sa mère, ne sachant pas si elle va accepter de lui porter secours car Adèle peut avoir des réactions totalement opposées pour une même situation. Bref, c’est une femme étrange. L’homme explique à Adèle, qu’en échange, il pourra lui donner un coup de main pour des trucs (changer un ampoule, par exemple). Il se présente : il s’appelle Frank.

C’est sur cette rencontre improbable et pour le moins bizarre que débute le roman de Joyce Maynard. On apprend rapidement par les medias (en même temps qu’Henry et Adèle)  que Frank est un dangereux évadé doublé d’un assassin. Une récompense est offerte pour qui aidera les forces de l’ordre à le retrouver. Pourtant, les agissements de Frank sont absolument contraires à ceux d’un tueur.

L’autre chose assez improbable c’est qu’Adèle, qui vit seule et recluse depuis des années, va tomber amoureuse de cet homme. C’est Henry qui narre cette histoire. Henry se lie immédiatement d’amitié avec Frank. Entre eux, le courant passe très bien, bien mieux qu’avec son père. Quant à nous, on doute bien évidemment de la sincérité de cet homme vis-à-vis des sentiments qu’il dit avoir pour Adèle. Au début Henry ne se pose pas de question de ce genre : pour lui, c’est évident. Sauf qu’une trouble fête incarnée par une gamine de son âge, qui passe ses journées à la bibliothèque, va semer le trouble dans on esprit : « C’est sexuel, dit Eleanor. Les rapports sexuels, ça trouble le cerveau des gens qui en ont. Ils ne voient plus les choses normalement. » Elle lui parle manipulation, hypnotisation, drogue « sexuelle ». La gamine est charmante : elle est à la bibliothèque pour savoir comment poursuivre ses parents en justice. 🙂 .
Pendant ce temps, Frank et Adèle décident de se marier, de déménager. Bref, la grande vie après 5 jours de vie commune, même pas. On se dit que c’est dingue et pas très crédible.

Pourtant, Joyce Maynard creuse ses personnages, nous dévoile leur passé au fur et à mesure pour expliquer pourquoi ils sont ce qu’ils sont. Quel est le grain de sable qui a modifié  leur existence, leur regard sur la vie et les autres.

La rencontre d’un taulard qui s’échappe pour ne plus être reclus et d’une recluse qui s’enferme chez elle toute seule comme une grande, sans verrous ni surveillance. La seule personne que cette femme rencontre un jour où elle sort de chez elle, c’est un fugitif. C’est assez peu banal ! Pourtant, ils ont beaucoup de points communs. Ensemble, ils vont tenter, à leur manière de recouvrer la liberté et le bonheur. Vous voyez déjà les violons etc. Eh bien pas tout à fait.

On est happé par le doute, on se demande si cette femme se fait avoir, on attend un drame caché en embuscade. Il y a un drame effectivement. La manipulation psychologique est l’un des thèmes et une des forces du roman. Il y a des criminels qui savent garder les mains propres de toute marque de sang…
Et puis il y a cet adolescent en train de se construire, qui a peur qu’on lui vole sa mère. Un gamin balloté entre deux parents séparés.

J’avoue que cette histoire d’amour bouclée en cinq jours m’a parue énorme. Cependant, le passé des deux protagonistes peut expliquer, en partie, que ce soit plausible. Finalement, on décide d’y croire, ou pas.

Un suspense magnifique, ceci est indéniable. Un ado qui se découvre. Une fin pleine d’optimisme. Un bon moment de lecture avec ce thriller, sur un fond de romance pas banale.

« La véritable drogue – j’ai fini par m’en convaincre – était l’amour. Un amour exceptionnel, que rien ne pouvait expliquer. »

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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Un commentaire pour Long week-end – Joyce Maynard

  1. alexmotamots dit :

    A lire le début de ton avis, je pensais que c’était pas gagné, mais finalement, tu as aimé.

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