La maison aux orangers – Claire Hajaj

Traduit de l’anglais par Julie Groleau

La maison aux orangers de Claire Hajaj fut ma première lecture de mon challenge personnel sur le conflit israélo-palestinien. Je l’ai dévoré !

Pour une fois, je vais me fendre de la quatrième de couverture pour le résumé : « Jaffa, Palestine, 1948. Salim attend impatiemment le jour de ses huit ans. Enfin, il va pouvoir accompagner son père pour la cueillette des oranges, symbole du passage à l’âge adulte. Mais il n’aura jamais cette joie : la guerre israélo-arabe débute et sa famille est obligée de fuir en laissant derrière elle la maison et les orangers. Sunderland, Angleterre, 1959. Judith, douze ans, doit préparer sa Bat Mitsvah. Elle voudrait pourtant oublier son prénom trop connoté, le poids écrasant du passé familial, hanté par les pogroms russes et les camps allemands, et elle se jette à corps perdu dans la natation. Londres, swinging sixties. Lorsque leurs chemins se croisent, Judith et Salim tombent follement amoureux. »

Bizarrement, c’est en cours de lecture que je me suis aperçu que ce roman était une traduction. Allez savoir pourquoi, je pensais qu’il était francophone, ce qui est une hérésie. Mais c’est peut-être aussi parce qu’il y a beaucoup de références à la culture juive et la culture palestinienne et que rien n’est expliqué par une note en bas de page ! Pour les néophytes, je pense que c’est vraiment dommage. La traductrice aurait pu pousser le bouchon un peu plus loin …

C’est d’autant plus dommage parce que l’histoire est à la fois documentée et romanesque. L’autrice montre à merveilles les contradictions des personnages, pris au piège malgré eux. Salim se fait appeler « Sal », il suit Judith, rebaptisée « Jude », à Londres. Mais c’est un type un peu parano, qui pense que tout le monde lui en veut, surtout les employeurs qui le voient comme un Arabe, un Palestinien, un moins que rien : c’est dans sa tête, mais il se coupe l’herbe sous le pied tout seul et du coup se faire renvoyer ou quitte son emploi de lui-même. Il devient aigri et se laisse embobiner par les hommes de sa famille, prêts à en découdre avec les Israéliens. Bref, l’intégration dans le monde des Blancs se passe mal, même à Dubaï où la famille déménage un temps et impacte la vie familiale. Judith et Salim ont en effet deux enfants. Paul est un petit garçon fragile, qui aime les arbres et la danse. Il ne se remettra jamais de la mort d’un citronnier que son père, colérique, finit par arracher. Il se jette à corps perdu dans la danse alors que son père voudrait qu’il apprennent l’arabe. Et pourtant, Judith accepte que les enfants apprennent cette langue.

De son côté, Judith a été victime de l’antisémitisme de ses camarades de classe qui lui font un sale coup en la renommant « Jude », alors qu’elle-même découvre la signification de ce terme trop tard pour sortir la tête haute. De l’autre côté, ses parents sont juifs à l’extrême. Ils sont juifs avant tout et personne ne peut l’ignorer. Un jour, Judith claque la porte du domicile familial. Mais néanmoins elle va regretter son geste. Sa grand-mère, Rebecca, lui laisse une lettre qu’elle ne devra lire que le jour de sa Bat Mistvah qui lui révélera l’histoire de sa famille.

On a un joli portait d’une famille écartelée entre deux cultures. Quand l’un prend le dessus sur l’autre, c’est foutu, tout part en quenouille. La tension s’accentue au fil du roman.

Il faut dire qu’il y a de quoi être en colère côté palestinien car, on apprend, que les Israéliens se sont arrogés de droit, tout seuls comme des grands pourris de se réapproprier les maisons que les Palestiniens avaient abandonnés (ouais, mais ils ne sont pas franchement partis de leur plein gré, mais poussés dehors , à peu près de la même manière que ce qui fait encore l’actualité tous les jours. Il s’agit de la Loi israélienne sur la propriété des absents (1950) : « Un absent est un citoyen palestinien qui a quitté son lieu de résidence habituel avant le 1er septembre 1948 pour un lieu occupé par les forces cherchant à empêcher la fondation de l’Etat d’Israël. Tout droit détenu sur une propriété par un absent devra automatiquement être cédé au Conseil de tutelle pour la propriété des absents ». On imagine sans peine les dérives !!! On les constate encore aujourd’hui. Le sionisme a fait temps de dégât, créé tant de tension, toujours entretenu par des gouvernements israéliens extrêmistes qui ont donné naissance aujourd’hui à des leaders du même acabit côté palestinien. Bref, c’est un pays de fous et de furieux qui fait oublier que les victimes sont des civils. J’aurais peut-être aimé que le roman développe davantage le fond historique, le pourquoi du comment on en est arrivé là.

Si j’ai globalement bien aimé ce page-turner, je trouve que la fin est un peu rocambolesque et peu cohérente. Il y a un revirement de situation dans le couple formé par Salim et Judith peu crédible. On va dire que l’autrice a voulu donner de l’espoir, je pense qu’il y a de cela. Néanmoins, ça paraît artificiel et peu travaillé. C’est dommage.

Bon, on a besoin d’espoir en ce moment, n’est-ce pas ? N’oubliez pas d’aller virer les fachos de ce pays ou de toute façon, ce qui se passera sera non seulement un drame, une perte de la démocratie, un reniement de nos valeurs républicaines, mais également le début d’une période qui sera très très mouvementée. On ne pourra pas leur laisser piétiner la mémoire des résistants et de tous ceux qui se sont battus au fil de l’Histoire pour qu’on vive dans un pays libre. La démocratie est un luxe mais un certains nombre d’abrutis incultes, débiles profonds n’en n’ont pas conscience et l’autre moitié sont des descendants de collabos. Le genre peste brunâtre qui s’éradique si on ne veut pas en crever. Quant à Macron, on peut dire que c’est le Président du Traumatisme qui a permis l’ascension des fachos. Je vous laisse, je vais vomir et dimanche j’irai faire le pompier.

Je vous retrouve aussi bientôt pour continuer à la découverte du conflit israélo-palestinien à travers la littérature. J’ai dévoré Une proie trop facile d’Yishaï Sarid qui ne manque pas d’humour noir et Un détail mineur d’Adani Shibli qui m’a hypnotisée.

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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Un commentaire pour La maison aux orangers – Claire Hajaj

  1. tout lein de suggestions de lectures qui m’interessent

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