Lectures de mars et début avril

Le temps passe vite et cela fait plus d’un mois que je ne suis pas venue par ici ! En effet un nouveau travail me prend beaucoup d’énergie et je suis encore pas mal fatiguée de tous ces mois fous que j’ai vécus, du travail intense fourni, ce qui fait que je n’ai pas toujours le courage de revenir dans le secteur ! J’ai hâte d’avoir un retour sur investissement, comme on dit ! Mais je vais bien finir par trouver mon rythme de croisière et mes bonnes vieilles habitudes, mes bons vieux hobbies. Heureusement, la lecture est restée très présente, sinon, ce serait vraiment un mauvais signe quant à ma météo personnelle. J’ai quand même trouvé le moyen de faire une petite virée à Londres, après un an d’absence du pays des Sujets de sa Majesté. C’était juste génial et le soleil britannique est venu me soutenir pendant qu’il tombait des seaux à Paris ! J’ai croisé Sherlock et Virginia Wolf était ma voisine d’un soir à Bloomsbury, mon quartier préféré à Londres.

Bon, alors j’ai lu quoi ? Tous les livres que vous voyez sur la photo et qui pèse son poids ! De bons pavés. Malgré tout pas forcément du très bon. Je ne vais donc parler que de ceux qui m’ont intéressée :

L’affaire Rachel de l’Irlandaise Caroline O’Donoghue a été un moment de pur bonheur et de rires. L’autrice reprend le topos de l’étudiante amoureuse de son prof de fac pour mieux le tordre et nous surprendre. Nous sommes dans les années 2010 à Cork et c’est aussi l’occasion d’évoquer également les problèmes de l’Irlande de cette époque, de la jeunesse de cette époque. Ca pourrait ressembler à du Sally Rooney, mais c’est tellement moins barbant et tellement plus amusant. L’autrice a commencé à écrire cette histoire pendant le Confinement, sur sont téléphone et a continué. Cela donne un texte qui ne se prend pas la tête, qui est carrément parfois cru et sans détour. Rachel n’est pas une jeune femme parfaite, mais elle travaille dans une librairie pour se faire de l’argent. Elle y rencontre James et se lie d’amitié avec lui – rien de plus. Ils deviennent les meilleurs amis du monde, ils sont fauchés, ils décident de louer un appartement ensemble dans le quartier populaire de Shandon (que perso, j’adore, j’y est vécu quelques jours en 2019 ! 🙂 ). Un jour, tellement accroc au Docteur Byrne, son prof de littérature à UCC, elle imagine un stratagème pour l’attirer dans la librairie (car il a écrit un livre, mais qui n’est pas un roman). Elle persuade son patron et l’affaire est dans le sac, la soirée de dédicace organisée, James à ses côtés. Ce soir-là, il va se passer quelque chose qui va tout chambouler (je ne le révèle pas, spoiler oblige, mais j’ai carrément éclaté de rire de surprise !). Il y a vraiment beaucoup d’humour et surtout d’ironie dans cette histoire, les contours socio-économiques de l’Irlande sont parfaitement restitués : les problèmes de logements (ça ne s’est d’ailleurs pas franchement arrangé !), une jeunesse qui redoute de finir dans les Call Center qui envahissent le pays, le droit à l’avortement…. Je vous conseille vraiment ce roman si vous voulez lire quelque chose qui ne donne pas mal à la tête mais qui n’est pas non plus une crétinerie.
(traduit par Sylvie Doizelet)

C’est avec bonheur aussi que j’ai retrouvé Hugo Hamilton après des années d’absence de la scène littéraire (ben alors ?) : Les pages est le seul roman que je connaisse qui est une histoire racontée du point de vu d’un livre, dont le livre est le héros. C’est un peu difficile à résumer car c’est une cavalcade à travers le temps et l’espace, une invitation à résister à l’obscurantisme, la censure (assez d’actualité, non ?), ainsi qu’une déclaration d’amour à la littérature. En bon Irlandais, Hugo Hamilton n’a pas non plus perdu son sens de l’humour. Je n’ai jamais rencontré cet auteur, ni en France, ni ailleurs : je trouve ça quand même dingue. Est-il timide ? 🙂
(traduit par Charles Bonnot)

J’ai lu l’avant-dernier John Boyne : Il n’est pire aveugle. Ca se lit bien mais je ne retrouve pas mon enthousiasme du début avec cet auteur. Je ne sais pas si c’est le fait qu’il sort un roman par an mais j’ai toujours l’impression que ça finit bâclé. Je viens d’ailleurs de voir, pas plus tard que ce matin, que son roman paru l’an dernier vient de sortir en poche : ce qui veut dire qu’il y en a un autre à paraître… Bref, ici, c’est l’histoire d’Odran Yates, devenu prêtre parce que sa mère, ravagée par le suicide de son mari et le décès de son plus jeune fils, se tourne vers Dieu et pense que c’est près de Lui qu’Odran doit être. Une époque où les hommes d’église sont respectés. Mais les choses vont changer du tout au tout. Il y a quelques sales bonhommes qui ont sali son image (celle de l’Eglise) déjà pas très brillante après les affaires des Magdalenes. John Boyne interroge la culpabilité. Son personnage principal en voit des vertes et des pas mûres. Tous coupables ? Rien n’est moins sûr, mais dans l’Irlande d’aujourd’hui, il semble, sous la plume de Boyne, que se promener dans la rue en soutane est prendre un risque inconsidéré.
(traduit par Sophie Aslanides)

J’ai tenté deux autrices inconnues : l’Islandaise Eva Björg Aegisdottir avec Les garçons qui brûlent (traduit par Jean-Christophe Salün) : un peu de la série bas de gamme du polar islandais devenu trop à la mode ; Anneli Jordahl, et ses Filles du chasseur d’ours (traduit par Anna Gibson) qui nous emmène en Finlande n’a pas su redresser le tir de la littérature venue du froid que j’apprécie tant. Quant à ma deuxième rencontre avec Karine Tuil et sa Douce France, j’ai trouvé que ce n’était pas forcément très réfléchi, trop noir et blanc sans nuances.

J’ai sorti de ma bibliothèque un roman qui y était depuis… 10 ans : La cuisinière de Mary Beth Keane : roman américain qui parle d’une Irlandaise accusée d’avoir diffusée la fière typhoïde au début du XXe siècle. A suivre…

Enfin, j’en profite pour signaler que la liste des parutions irlandaises 2024 a été mise à jour sur Babelio.

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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