Long Island – Colm Toibin

Traduit par Anna Gibson

Long Island est la suite de Brooklyn, donc vous ne pouvez difficilement comprendre l’intégralité de l’histoire si vous n’avez pas lu le premier volume paru il y a des années. Brooklyn est le roman qui a propulsé Colm Toibin sur le devant de la scène littéraire française. J’ai lu le livre à sa sortie, il y a longtemps – entre 12 et 15 ans ? -, il est chroniqué sur le blog).

Eilis Lacey a émigré il y a quelques vingt ans à Brooklyn, où elle a rencontré Tony, un Américain d’origine italienne, qu’elle a épousé. Lors d’un retour en Irlande, à Enniscorthy, elle a eu une liaison amoureuse avec Jim Farell, un brave gars qui a du mal à extérioriser ses sentiments mais qui était raide dingue d’elle. Je ne me souviens plus pourquoi Eilis a émigré à Brooklyn, ni si elle connaissait bien Jim avant son départ. Long Island vous rappelle de toute façon qu’elle était rentrée aux Etats-Unis en catimini et qu’elle n’a jamais avoué à personne qu’elle s’était mariée à Brooklyn.

Le deuxième volume s’ouvre sur l’appel d’un homme en colère qui explique à Eilis, stupéfaite, que son mari, Tony, a eu un bébé avec son épouse et qu’il déposera l’enfant à sa naissance devant sa porte. Eilis est bien évidemment furieuse mais dans un premier temps n’ose pas affronter Tony. Puis elle le contraint à avouer son infidélité. Celui-ci ne nie pas. Sa mère a l’air ravi, considère déjà l’enfant comme faisant partie de la famille. Eilis décide donc de retourner à Enniscorthy sous prétexte de l’anniversaire des quatre-vingts ans de sa mère. Elle s’imagine qu’elle va l’accueillir à bras ouverts. Elle décide que ses deux enfants, qui n’ont jamais mis les pieds en Irlande, la rejoindront dans un deuxième temps.

Je l’avais dit, j’avais des craintes par rapport à la suite d’une histoire. Malheureusement, cela s’est confirmé. J’ai trouvé cette suite abracadabrante au début, puis cela a viré à l’ennui. La scène de départ est peu crédible : avez-vous déjà vu quelqu’un victime d’infidélité, téléphoner pour annoncer qu’il refilera le lardon à celui qui l’a fait cocu en interpellant l’épouse de celui-ci ? Eilis refuse évidemment d’accueillir le futur enfant, expliquant à Tony qu’elle n’y est pour rien et que cela ne la regarde pas, ce n’est pas son histoire, qu’il se débrouille.

La majeure partie de ce deuxième opus se déroule en Irlande, à Enniscorthy et Cush. Au lieu d’un séjour reposant, propice à la réflexion, on se retrouve dans une ambiance de village où tout le monde sait tout sur l’autre et ressasse les vieilles histoires du passé : ceci est totalement crédible, il n’y a pas besoin d’aller en Irlande pour le vivre. Eilis retrouve sa meilleure amie d’antan, Nancy. Pas très franche du collier. Je ne me souviens plus comment elle était au début. Evidemment, elle retrouve le Grand Amour qu’elle a planté des années auparavant. S’ensuit un mic-mac de oui-non-oui-peut-être…. A un moment, j’étais ahurie de voir que cela se résumait à : vont-ils passer la nuit ensemble ?

Aucune surprise, ce roman est une autoroute toute tracée, sans déviation ! J’ai lu les 397 pages de plus en plus déçue, voire carrément agacée.

Colm Toibin dresse le portrait de personnages profondément indécis. La seule chose que j’aie trouvé bien analysée c’est le déchirement dans tous les sens du terme : l’éloignement fait que l’on oublie sa vie d’avant, bien que cela soit involontaire, même si cela est provisoire. Si on revient, on s’attend à retrouver ce qu’on a laissé tel qu’il était, en oubliant que de l’eau a coulé sous les ponts, que la vie a continué en votre absence et que vous-même, vous avez continué à vivre, qu’on peut difficilement revenir en arrière et encore moins effacer le passé. Eilis revient mais bien que la petite ville d’Enniscorthy soit en apparence telle qu’elle était avant son départ, elle a conscience que son histoire avec Jim Farrell est de toute façon un cul de sac. Elle n’est pas revenue pour lui, mais dans les petites villes, on croise facilement ceux qu’on ne veut pas voir ! Pourtant, elle fait ce qu’elle redoute (aucun caractère fort ! LOL) Lui, a une forme de caprice, où elle cède comme une andouille. Puis, il se met à faire des plans sur la comète, en éludant la difficulté du réel : elle est mariée et elle a une famille là-bas. Lui-même a entamé une relation avec quelqu’un d’autre (je ne dis pas qui !) Mais c’est quelque chose de bien plus trivial qui scellera finalement leur avenir à tous les deux. Les deux personnages sont des marionnettes dans les mains des autres.

J’aurais voulu avoir un peu plus de vue sur ce qui se passait du côté de Tony et sa famille. Mais comme la situation est peu crédible dès le départ, j’ai eu le sentiment qu’elle était volontairement éludée. A mon goût, il n’ y a aucune surprise dans ce deuxième opus qui plaira sans doute à ceux qui aiment les histoires d’amour ratées.


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About Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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4 Responses to Long Island – Colm Toibin

  1. Avatar de alexmotamots alexmotamots dit :

    Je viens de terminer Brooklyn qui ne me laissera pas un souvenir impérissable : trop lent.

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  2. Avatar de Choup Choup dit :

    je me souviens avoir vu l’adaptation au cinéma (et beaucoup aimé) avec Saoirse Ronan. je vais m’en tenir là.

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