Ulysse et moi

A quelques jours du Bloomsday, le 16 juin prochain, j’ai repris ma lecture du monument mythique de James Joyce, je nomme Ulysse – et tout le monde l’aura deviné avant même que je termine ma phrase. 🙂
J’ai le roman dans sa dernière édition française de 2013, qui est celle d’une nouvelle traduction. J’ai commencé ma lecture en 2021. En 2022, on a fêté les 100 ans de la parution du roman. Pourquoi pas avant ? Je vais enfoncer une porte ouverte en répondant parce que ce roman fait peur. Tellement commenté, réputé illisible par certains, porté au Panthéon par d’autres, glorifié ou rejeté, même par certains Irlandais. D’ailleurs qui a vraiment lu cette oeuvre ? C’est bien le paradoxe de Joyce et de ce livre en particulier : peu de gens alors que tout le monde en parle, qu’il est partout à Dublin. J’étais encombrée par tous les on-dit finalement et peut-être la peur de m’ennuyer. Mais ne peut-on pas parler que de ce qu’on connaît ? J’ai donc décidé de me lancer dans l’aventure, l’expérience classée au niveau mythique. 🙂

Ainsi, en 2021, pendant plusieurs semaines, tous les samedis au matin j’ai lu un chapitre, systématiquement. Et j’ai arrêté en plein dans le chapitre X (Les Rochers Errants), soit la seule fois où je ne suis pas parvenue à en terminer un. Un peu plus de 400 pages lues tout de même. Je crois que tout a commencé en novembre 2015. Juste après les attentats de Paris, je me suis « enfuie » à Dublin encore plus vite, on est allés à la Tour James Joyce de Sandycove sur la côte dublinoise, l’endroit même où commence le roman (ce que je ne savais pas vraiment à l’époque, étant encore dans le brouillard de tout texte mythique pas encore lu, dont on a dit tout et rien sur le sujet). J’avais un peu discuté avec les bénévoles passionnés qui tiennent la tour à disposition du public, car on m’avait été présentée comme française – et je ne compte plus le nombre de fois où on m’a présenté des condoléances en raison des attentats, comme si j’avais perdu quelqu’un dans ma famille, même si comme tout le monde, j’étais ébranlée par ces événements. Quand j’ai dit que je n’avais jamais lu Ulysse mais Portrait de l’artiste en jeune homme, on m’a convaincue de tenter l’expérience (il faut dire qu’elle était tellement sympathique cette dame ! 🙂 ), de lire au moins un chapitre. J’ai presque promis.

Ensuite, pourquoi je n’ai pas repris ma lecture ? Je n’envisageais pas d’arrêter, mais je l’ai retiré le livre de ma table de chevet car il prenait un peu trop de place, remis sur son étagère dans la bibliothèque : erreur fatale. Puis, ma vie a pris un virage en 2023, ce qui fait que j’ai eu un peu moins de place dans mon cerveau pour la prose d’Ulysse. Voilà les deux excuses que je trouve (LOL).

Toutefois, ce qui est génial avec Ulysse et c’est ce dont je m’aperçois aujourd’hui, c’est qu’on peut reprendre sa lecture même après l’avoir arrêté des années avant. J’avais peur de ne plus rien comprendre, mais est-ce qu’il est nécessaire de tout comprendre ? CERTAINEMENT PAS. Otez-vous ça de la tête ! Prenez-le comme une balade à Dublin (car c’est une balade à Dublin de 24 heures). Donc vous pouvez reprendre la promenade quand vous le souhaitez et les personnages que vous rencontrez sont comme des gens avec qui vous discutez d’un peu de tout et sur tous les tons.

Oeuvre baroque s’il en est dans la multiplicité des tons et de la prose – des proses – , forcément, il y a des moments où j’ai eu des baisses de régime dans ma lecture, mais j’adore me revoir Dublin à travers cette oeuvre – bien que la ville qu’a connu Joyce n’est pas à l’identique, on s’en doute. C’est haut en couleurs et en prenant quelques notes, ça donne envie de (re)visiter quelques quartiers ou rues.

Par ailleurs, la chose la plus drôle et dont l’origine est totalement étrangère à Joyce : je vais passer quelques jours à Trieste cet été car je voulais visiter cette région italienne à la frontière de plusieurs mondes, culturels et linguistiques. Cependant, il n’est pas aisé d’aller à Trieste depuis la France sans perdre une journée entière car il n’y a pas de vol direct et en plus il faut perdre quasiment une journée entière dans un aéroport à Rome ou Milan avant d’arriver à bon port. Donc comme j’avais aussi projet de visiter la Slovénie, j’ai décidé de passer la majorité de mon séjour à Ljubljana et rayonner en Slovénie puis passer plusieurs jours à Trieste avant de reprendre mon avion pour Paris en Slovénie. C’est ensuite que je me suis souvenue que avait vécu longuement à Trieste ! Il n’y a aucun guide touristique digne de ce nom sur cette ville, mais j’ai trouvé grâce à la magie de l’autoédition le livre d’un passionné, celui Alden Wilder qui donne une mine d’informations, notamment la vie littéraire, les lieux fréquentés par les écrivains. Au delà de la statue de Joyce sur le Ponte Rosso, on apprend que le Caffè Pirona était le préféré de Joyce où il a travaillé sur Ulysse, car c’est là qu’il a écrit son roman. C’est aussi à Trieste qu’il a fait la connaissance de Svevo qui sera influencé par son oeuvre (La conscience de Zenon) . Il y a aussi le Caffè San Marco, le café littéraire le plus littéraire de la ville et aussi le plus « révolutionnaire » que firent fermer les Autrichiens pendant un moment. Et ensuite je rejoindrai Dublin.

Donc voilà, finalement ma reprise de lecture d’Ulysse tombe à point, et 2025 est l’année où je devrai célébrer pour la première fois Bloomsday en bonne et due forme sauf si on m’attache à une chaise et qu’on me prive d’une demi-journée de liberté, ce dont je doute.

Et vous, avez-vous tenté l’expérience de lire Ulysse ? Qu’est-ce que vous en pensez? Dans quel état d’esprit abordez-vous ce roman ? Ou bien pourquoi en retardez-vous la lecture ?

#bloomsday #jamesjoyce

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About Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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4 Responses to Ulysse et moi

  1. On peut reprendre la lecture d’Ulysse là où on l’a abandonné ? Bonne nouvelle parce que je ne l’ai pas fini !

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    • Avatar de Maeve Maeve dit :

      Oui, en tout cas c’est mon expérience. 😉 Il faut le prendre comme une promenade littéraire. Il y a trop de personages pour se souvenir de tous, mais de toute façon on retient les principaux Stephen et Leopold, comme n’importe quel roman. D’ailleurs, est-ce vraiment un roman ?

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  2. Avatar de alexmotamots alexmotamots dit :

    J’avais aimé me laisser porter par le rythme de ce roman. Mais la magie n’avait pas opéré avec Finnegans’wake.

    Aimé par 1 personne

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