La route de la côte  – Alan Murrin

Traduit par Emmanuelle Heurtebize

Nouvel auteur traduit en français, je me suis donc précipité pour me procurer le roman d’Alan Murrin qui se déroule essentiellement dans le Donegal. Voici enfin la chronique. 🤭

En octobre 1994, Izzy, une habitante d’Ardglas, petite bourgade paumée dans la campagne irlandaise est à la messe. Et là,  elle aperçoit la présence de Colette Crowley, poétesse qui avait quitté les lieux pour vivre avec son amant, politicien à Dublin. Pas de pot, il n’a pas quitté son épouse pour autant.  Elle : mariée, un enfant. Autant dire que son retour va susciter des gorges chaudes et que la population ne va pas lui faire de cadeau, dans cette Irlande où le divorce n’est pas encore autorisé mais qu’un amendement sur la suppression de cette interdiction inscrite dans la Constitution est sur la sellette par voie référendaire.

Colette loue un cottage à Dolores qui enchaîne les grossesses et supporte un imbuvable époux qui la trompe à gogo. Dolores ne voit cependant pas d’un bon oeil Colette, jalouse de sa liberté,  finalement. La poétesse ouvre un atelier d’écriture ouvert à tous. Elle trouve son public, notamment Izzy, dont l’époux est un politicien du hasard, qui a mené à bien la lutte pour la défense de la pêche irlandaise dans la bourgade. Si je me souviens bien, il est au Dail (parlement). Il connaît l’ex-amant de Colette qu’il retrouve de temps à autre au Dail, notamment ce jour en plein dans les festivités de Noël. Izzy et lui ne forme pas le couple parfait, leur foyer est un lieu de disputes permanent, notamment à propos de leurs deux enfants.

J’ai démarré à fond de train cette histoire qui m’a happée dès les premières chapitres.  Les personnages sont tous complexes.  L’auteur restitue bien la face sombre qui réside dans chacun de nous. On ne peut pas dire que les hommes de ce roman ont le beau rôle : ce sont tous des c***ds,  chacun à leur manière. Exception faite de l’époux dd Colette qui ressemble plutôt à une victime à qui on a piqué les lettres qu’il écrit.  Le trophée 🏆 du parfait c***d revient sans doute à Donal,  l’époux de Dolores. Mais du coup,  dans cette histoire, Colette n’est pas un ange non plus. La fin de l’histoire vire au thriller.

Il y a pas mal de personnages secondaires que l’on croise, perd de vue et qui réapparaissent. À un moment, je me suis un peu perdue en route sur la côte à force de voir des points de vue s’entrecroiser. De même,  j’aurais voulu que le côté bouleversement législatif imminent soit davantage mis en avant. Évidemment, le référendum de 1995 n’a pas obtenu haut la main la fin de l’interdiction du divorce en Irlande, mais j’ai trouvé qu’il manquait un petit quelque chose. Néanmoins, l’ambiance étouffante d’une bourgade du comté reculé et tellement à part (mon avis, par rapport  à sa position géographique) est bien restituée. On se prend un coup de poing aussi, avec un twist inattendu et tout ce qui en découle, qui vous met un peu les nerfs !😆

Quelques semaines après avoir terminé le roman, mon impression est en demi-teinte : le droit au divorce, un sujet encore peu traité dans la littérature irlandaise (en tout cas, pas de souvenir de l’avoir trouvé jusqu’à présent), d’où l’intérêt de ce roman, mais il m’a laissée un peu restée sur ma faim.

Pour information, l’interdiction du divorce est encore un problème en Irlande puisque jusqu’en 2019, il y avait des conditions strictes à respecter pour qu’il puisse être prononcé. Et je crois savoir que ce n’est pas encore la panacée même si on avance.

La suppression de l’interdiction du divorce   date du 25 novembre 1995 et la loi du 17 juin 1996 a été adoptée à une majorité  inférieure à 1%. (Indication de l’auteur à la fin de l’ouvrage)

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About Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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4 Responses to La route de la côte  – Alan Murrin

  1. Avatar de Nathalie Nathalie dit :

    J’ai beaucoup aimé, j’ai trouvé que c’était fin

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  2. Avatar de Maeve Maeve dit :

    Bonjour à tous : j’ai pu écrire cette chronique mais juste après, je n’ai jamais pu me reconnecter sur l’interface de mon blog, où le mot de passe, qui n’a pourtant pas changé entre le moment où j’ai commencé à écrire la chronique et le moment où j’ai fini, n’a pas changé ! Je ne peux pas non plus initialiser un nouveau de mot de passe car Yahoo a désactivé ma vieille adresse mail sans me prévenir. Bref, je suis très très embêtée et autant dire que si 10 ans et plus de littérature irlandaise partent en fumée pour des problèmes informatiques, je vais l’avoir mauvaise, surtout que j’ai créé le nom de domaine et que je paye chaque année pas loin de 80€ … pour ne plus pouvoir accéder à mon site. Le support WordPress a été contacté. Je croise les doigts et clairement va falloir que ça trouve une solution, faute de quoi je ne pourrai plus payer puisque je n’accède plus à l’interface… et j’imagine que le blog sera supprimé. La rage.☢️

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  3. Avatar de alexmotamots alexmotamots dit :

    Une majorité inférieure à 1% : ça s’est joué à peu de chose.

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