Traduit par Isabelle Perrin
Extrait de la 4e de couverture : « Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la très jeune Amory Clay se voit offrir par son oncle Greville un appareil photo et quelques conseils rudimentaires pour s’en servir. Elle ignore alors que c’est le déclencheur d’une passion qui façonnera irrévocablement sa vie future. »
Quand j’ai lu ces lignes, ça a fait « clic » dans mon esprit. J’adore la photo, en regarder, en faire, etc. L’exposition « Qui a peur des femmes photographes ? » qui se tient à l’Orangerie et au musée d’Orsay a fait le reste et façonné un horizon d’attente bien précis de ce livre. De plus, je n’avais jamais lu William Boyd : l’occasion rêvée pour sauter le pas. Sauf que… Mais revenons à l’histoire à proprement parler.
Amory Clay se prend de sentiments amoureux ambigus pour son oncle Greville, le même oncle qui lui a offert son premier appareil photo. Lui-même photographe, il l’entraîne dans les réceptions mondaines où elle tire le portrait des gens de la « haute ». Mais rapidement elle s’ennuie de ces photos, portraits convenus, sans audace ni imagination artistique. Un jour elle essaie de donner libre court à son envie de créativité et c’est un tollé ! Elle est bannie, rencontre un homme qui la propulse dans le Berlin interlope des années folles. Elle fait sa réputation par le scandale, quitte son amant du moment pour voler dans les bras d’un autre homme et se retrouve à New York, responsable d’un magazine. Puis ce sera Londres et ses Chemises noires qui lui vaudront plaies et bosses, la France occupée où elle devient photographe de guerre (une position rare pour les femmes à l’époque). Les aventures d’Amory se poursuivent jusqu’à la guerre du Vietnam.
C’est Amory qui raconte sa vie. Nous sommes en 1977, dans une petit île écossaise. Son récit est agrémenté de photos montrant les différents personnages qu’elle a rencontrés et les scènes majeures de sa vie de photographe. On se laisse prendre à ce jeu de dupe narratif. En débutant ma lecture, j’étais persuadée qu’Amory était une femme photographe qui avait existé (à cause des photos). Au milieu de ma lecture, j’ai commencé à douter parce qu’elle était quand même toujours au bon moment au bon endroit dans les grands événements de l’Histoire. Et puis, (encore quand même !), tous les hommes dont elle tombe amoureuse (ou ceux dont elle se sert) la propulse toujours dans la bonne voie professionnelle. Vraiment trop maline et pas toujours si honnête cette Amory ! Un peu trop « promotion canapé » la dame ! Cela finit par devenir pas franchement crédible. Donc j’ai cherché sur le web et au détour d’une critique, j’ai découvert que ce personnage était entièrement fictif. Première déception (un peu étrange, je l’avoue !)
Ensuite, au-delà de ce subterfuge partiellement réussi de la part de William Boyd (très habile le coup des photos !), je pensais trouver quelque chose qui aurait à voir avec l’histoire de la photographie version féminine, l’évolution des techniques et des sujets. C’est raté. Ce roman raconte surtout l’histoire des aventures sentimentales d’une femme. Et là, je me suis royalement ennuyée. Au début, ça passe, mais trop c’est trop. Au bout de 500 pages, on craque ! D’ailleurs, on a même l’impression que William Boyd finit par ne plus savoir quoi faire de son personnage. Solution pour s’en débarrasser (attention spoiler !) : le suicide ! Trop facile !
Enfin, au niveau de la traduction, j’ai tiqué plusieurs fois et en particulier là-dessus :
Amory s’exprime en 1977. Il me semble qu’on n’employait pas cette expression familière bien récente : « j’étais en mode… ».
Et puis aussi dans ma « collec » de midges transformés en tout un tas de bestioles, ici je les ai trouvé en forme de moustiques. Le mot midge fait voyager, vous vous retrouvez en Ecosse ou en Irlande. Le moustique, vous vous retrouvez chez vous ! 🙂
Je critique rarement les traductions parce que je n’y connais rien, sauf quand il y a vraiment quelque chose dans le texte qui vous fait deviner que ce n’est pas ça, que c’est discordant.
Un roman tout en déception donc. J’ai raté mon premier rendez-vous avec William Boyd. Snif !
C’est sûr que c’est loin d’être mon préféré de William Boyd, mais je me suis laissé faire et je l’ai lu sans déplaisir. J’avoue que toutefois, je n’ai pas eu le courage de faire un billet, n’étant ni assez enthousiaste, ni assez déçue ! 😉
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Je peux comprendre ! 🙂
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J’ai lu tout un tas de William Boyd pour ma part, et toujours avec plaisir. Les avis sur celui-ci sont vraiment très diversifiés c’est assez étonnant ! J’ai lu ton billet en diagonale Maeve pour ne pas me spoiler :p j’espère le lire dans pas trop longtemps.
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Je te le garde au chaud pour notre prochaine rencontre. Je ne suis pas allée voir les critiques des autres mais c’est vrai que je suis déçue. 😉
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Super, merci 🙂 Je peux comprendre ta déception : on en attendait tellement, de ce roman ! Un peu trop, semble-t-il 😉
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J’ai lu « la vie aux aguets » que j’ai beaucoup aimé. Mais en 2015, j’ai tenté « l’attente de l’aube » et je l’ai abandonné …
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Comme quoi, on peut être un écrivain de best-seller mais ne pas être toujours au top. 🙂
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Je comprends ta déception. Pourtant, Willima Boyd !
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Oui mais c’est bien le paradoxe d’un écrivain de best-seller. Tout est trompeur dans ce roman. Ce n’est pas un roman sur la photographie sur fond d’aventures sentimentales mais bien un roman d’aventures sentimentales sur fond de photos. Et pour parfaire le tout, cette photographe n’a jamais existé, les photos sont une « arnaque » si je puis dire. La 4e de couv parle d’un hommage aux femmes libres : franchement pas à la hauteur. 😉
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