Finbar’s Hotel

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Traduit par Florence Lévy-Paolini

Ma trouvaille du mois, au détour d’une librairie parisienne qui vend des livres d’occasion ! Et quelle trouvaille ! 🙂 Je savais que ce roman existait, mais voilà, il y a tellement à lire que parfois on relègue à plus tard. Jusqu’au jour où, en plus, on fait l’affaire du siècle (même que le prix est encore écrit en francs : édition collector ! ) Merci donc au charmant inconnu qui s’est débarrassé de son bouquin et qui a fait une heureuse, à savoir : môa ! (parce qu’en plus il y a une dédicace qui me donne un indice sur son ex-proprio). Voilà pour l’anecdote. Mais le meilleur est ailleurs.

Ce roman a été publié en Irlande en 1997 et publié en France deux ans plus tard. Dermot Bolger a eu une idée de génie : un roman à 7 mains écrit par la crème de la littérature irlandaise contemporaine : Roddy Doyle, Anne Enright, Hugo Hamilton, Jennifer Johnston, Joseph O’Connor, Colm Toibin (et lui). Dermot les a enfermés tous les six avec lui dans le Finbar’s Hotel.

La quatrième de couverture explique que « dans les années 20 le Finbar’s Hotel à Dublin abritait derrière une façade respectueuse les rencontres furtives entre prostituées, membres du clergé et politiciens. »
1236_1031332266908967_7872654287560787673_n(de gauche à droite, on reconnait : Joseph O’Connor, Anne Enright, Colm Toibin, Dermot Bolger, Roddy Doyle, Jennifer Johnston et Hugo Hamiton : ne sont-ils pas mignons ? 🙂 )

L’hôtel va fermer définitivement ses portes.
Grâce à nos écrivains à la plume bien trempée, le lecteur va rencontrer foule de personnages, dont chacun occupe la scène à tour de rôle, dans les sept chapitres qui composent le roman et les sept chambres de l’hôtel. L’exercice était un peu risqué, on aurait pu craindre une sorte de « catalogue » : un roman avec des chapitres mal accordés, un manque de lien et de liant dans l’histoire. C’est tout le contraire : un roman dont les chapitres sont différents dans le ton et dans le style, où les personnages ne sont pas les mêmes, mais où l’on (re)croise chacun des occupants de cet hôtel plein de vie derrière sa façade morne au bord de la rivière Liffey. Mais à chaque fois perçu sous un angle différent. Un roman-kaléïdoscope en somme. La novella chère à la littérature irlandaise s’en donne à coeur joie tout en donnant une impression d’unité comme si le livre était l’oeuvre d’un seul auteur.

Et, cerise sur le gâteau, Dermot Bolger et son éditrice française, Joëlle Losfeld, gardent volontairement le secret sur les auteurs respectifs des chapitres. Un jeu de devinettes d’enfer pour les fans de littérature irlandaise comme moi !!

Dans cet hôtel, on croise des personnages aussi hétéroclites qu’un gangster, une femme mourante, deux soeurs, un homme qui a décidé de zigouiller le chat de sa copine; l’héritier des propriétaires ancestraux de l’hôtel, un pauvre gars déprimé et en mal de sensation qui rentrera chez lui avec des histoires à raconter…

Le roman est tour à tour drôle, triste, sérieux, fantasque, et parfois tout ça à la fois. Je me suis éclatée avec cette lecture, vous l’aurez compris !

Evidemment, je me suis amusée à essayer de deviner qui a écrit quoi (même avant d’avoir lu le message de l’édition française, j’étais déjà invitée à le faire un jour de pluie, mais il a pas plu et je l’ai quand même fait 🙂 )

Voici donc mes pronostics et deux spoilers (mais je garderai le secret) !
1. Une virée à Dublin = Roddy Doyle
(parce que je ne vois pas qui d’autres peut écrire : « A la maison il mettait toujours un tee-shirt pour aller de la chambre aux chiottes au milieu de la nuit, au cas où un inconnu l’attendrait sur le palier pour le regarder » et mettre en scène un personnage obsédé par les minibars) ;
2. Pieux mensonges = Jennifer Johnston
(Pour le regard sur le passé
« Le vin avait le goût du heavy metal. Il rappelait à Rose l’époque de son extrême jeunesse, les bouteilles de gros rouge algérien capables de vous rendre aveugle ou handicapé pour le restant de vos jours »)
3. Animaux interdits = Hugo Hamilton
(quand on a lu Déjanté, on connait l’humour d’Hugo, du genre, « Céline Dion se mit à se secouer les amygdales comme des chiffons sur le ghetto-blaster ». On sait qu’il peut écrire ça.
4. La nuit du directeur = Dermot Bolger
(j’ai pensé que c’était lui le boss pour ce roman, et puis j’avais dans la tête le titre de La musique du père, que je n’ai pas lu)
5. L’examen = Joseph O’Connor
(l’absolue certitude pour qui a lu Inishowen ! tout en me disant que Jojo aimait bien les fausses religieuses mourantes qui font perdre la tête aux hommes en leur racontant des sornettes).
6. Une vieille femme = Anne Enright
(par déduction, car je ne l’ai jamais lue)
7. Portrait d’une dame = Colm Toibin
(parce que Colm Toibin aime bien les histoires de gangsters)

Et vous, si vous avez lu le livre, à qui attribuez-vous les chapitres ?

Un roman où l’on s’amuse comme jamais ! Et il y a une suite : youpi ! 🙂

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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2 commentaires pour Finbar’s Hotel

  1. kathel2 dit :

    Je l’ai ajouté à ma liste depuis que tu en as parlé sur FB l’autre jour ! J’avais oublié son existence. Par contre, j’ai « Petits romans noirs irlandais », lu depuis longtemps, (1999) et beaucoup aimé !

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  2. maevedonovan dit :

    Je l’ai aussi – depuis longtemps : il faut que je l’exhume de ma PAL.
    Celui-ci est extra. J’attends ton billet et tes pronostics! ☺

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