Histoire de me remettre dans le bain du boulot, j’ai entamé la lecture de ce roman, Les stagiaires, de Samatha Bailly. Drôle d’idée parce qu’en fait, j’avais plutôt envie de continuer à m’évader du côté des îles sauvages et ventées ! Cependant, cela faisait un moment que je voyais ce roman sur les chroniques des booktubeurs et je regarde parfois les vidéos de l’auteure qui m’est sympathique. Bref, j’ouvre pour la troisième fois un de ses romans, alors que je n’ai au demeurant pas été tout à fait convaincue par les deux lus précédemment.
Je ne vais pas me fouler pour vous résumer l’histoire et vous retranscris la quatrième de couverture de l’édition de poche qui vient de sortir :
« Ophélie, Arthur, Hugues et Alix viennent d’horizons différents, mais ils rêvent tous de travailler chez Pyxis, entreprise spécialisée dans l’édition de mangas et de jeux vidéo, pilier dans le secteur de l’industrie créative. Une réalité s’impose rapidement : beaucoup de candidats, peu d’élus. Désormais, le stage est l’étape obligatoire pour ces jeunes.
Provinciale tout juste débarquée, Ophélie a laissé derrière elle petit ami et logement, et doit faire face aux difficultés de la vie parisienne. Étudiant en école de commerce, Arthur est tiraillé entre les grands projets qu’on a pour lui et son envie de mettre la finance entre parenthèses. À leurs côtés, Alix, passionnée de mangas, ne jure que par ses sagas favorites, et Hugues, graphiste, teste ses limites dans les soirées électro…
Dans une atmosphère conviviale, travail et vie privée s’entremêlent. Pourtant, une question demeure en fond sonore : qui restera ? »
Le sujet de l’envers du décor du monde de l’édition et de l’industrie créative m’attirait. Très franchement, je suis assez ignare sur le sujet, mais je sais que ce milieu fonctionne sur un système de recrutement de « stagiaires » pour faire tourner une partie de la « boutique ». Je m’attendais à un roman qui dénonce un système, avec des personnages au caractère fort. Je pense que l’idée de Samantha Bailly était bien celle-ci, au-delà même de l’industrie créative : la condition de stagiaire dans le monde du travail.
Je vais y aller cash : j’ai bien eu du mal à terminer ce livre car les personnages m’ont exaspérée ! Surtout Ophélie et Arthur, qui narrent leur quotidien et par lesquels on perçoit l’univers qui les entoure. Ils viennent de milieu diamétralement opposés : Ophélie est issue d’un milieu modeste et provincial ; Arthur est un fils à papa-et-maman d’un milieu aisé. Leur point commun est que leurs parents ont décidé pour eux de leur avenir et quand ils prennent la tangente pour travailler dans le milieu de l’industrie créative, ils ne sont guère soutenus.
Arthur a tout de la tête à claques, coureur de jupons, arriviste, menteur et hypocrite, incapable de résister à la « tentation » quand il sait lui-même que son comportement va le mener au pire dans sa vie privée, qui se mêle à sa vie professionnelle.
Ophélie est au début un peu trop parfaite. Puis elle finit par larguer son petit ami pour se jeter dans les bras d’Arthur que pourtant elle déteste. Plusieurs fois de suite. Tout en regrettant ensuite, à chaque fois, ses actes. Elle a commencé à sérieusement m’agacer !
Et surtout j’ai commencé à me demander où était passé l’histoire, celle de la condition des stagiaires ! Je me suis franchement ennuyée des histoires de coucheries et de beuveries. Cela occupe une bonne partie du roman.
J’ai été assez étonnée de les voir s’envoyer toute la journée des messages par la messagerie interne de l’entreprise pour critiquer Pierre, Paul ou Jacques : on a le temps de faire ça quand on bosse ?? Moi, perso, pas du tout ! 🙂 Mais encore, c’est un détail qui peut passer.
Quant au système : quel personnage le dénonce, finalement ? Aucun. Les stagiaires, surtout Ophélie, ont du mal à joindre les deux bouts avec un salaire de misère, mais pourtant pas de révolte parce qu’ils espèrent ensuite accéder à un CDD. Donc ils marchent sur des oeufs. Le suspense est celui-ci : vont-ils accéder à un sacro-saint CDD ? A votre avis ?
On voit les stagiaires défiler, même certains faire le recrutement d’autres stagiaires. C’est hallucinant. Mais j’ai regretté que tout cela ne soit finalement pas assez creusé, au profit d’histoires de fesses, si je puis me permettre l’expression ! Chez Pixis, on croise les mêmes cadres dirigeants que l’on trouve partout dans le monde du travail, industrie créative ou non, stagiaire ou non. Le même genre de collègue à la con ou adorable. Les mêmes affinités électives ou pas. Le même genre de chef qui se shoote au boulot faute d’avoir autre chose dans sa vie. Les ambiances faussement décontractées etc. Les stagiaires se plaignent de leur condition dans ce roman, mais que font-ils pour que le système change ? C’est un peu la question que je me posais en lisant. J’ai trouvé que c’était sombre, peu optimiste, fataliste.
Enfin, je n’ai pas accroché au style. L’écriture est très simple, mais les « pensé-je », « crié-je », bien que la tournure soit correcte est d’un effet assez lourd. Je passe sur les prénoms raccourcis par lesquels s’interpellent les stagiaires : « Vince », « Oph » etc. : vous faites « branchouilles » à la noix les personnages, là !
Bref, je suis déçue. Peut-être que ce roman plaira à ceux qui sont actuellement stagiaires et pourront s’identifier aux personnages. Moi je suis passée totalement à côté. Snif !
As-tu trouvé depuis une lecture plus îles sauvages et vents ?
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Non hélas! Mais j’ai toujours mon John Burnside à lire.
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