Traduit par Héloïse Estié
Alexandria Marzano-Lesnevich est étudiante en droit à Havard, farouche opposante à la peine de mort. Mais une vidéo des propos de Ricky Langley, lors d’un stage, va ébranler ses convictions. Cela l’ébranle tant qu’elle termine la fac mais laisse tomber le droit. « Comment aurais-je pu devenir avocate après avoir souhaité la mort de cet homme ? », « Comment pouvais-je défendre efficacement mes convictions si, dès qu’un crime me touchait personnellement, je changeais d’avis ? » En 1992, en Louisiane, Ricky Langley a étranglé Jeremy Guillory, six ans au moment des faits, avant de l’enfermer dans le placard de sa chambre. Le jeune homme a déjà été condamné deux fois pour pédophilie et a tenté de se suicider plusieurs fois. Alexandria est d’autant plus mal à l’aise que Lorelei, la mère de l’enfant, a décidé de se battre pour que l’agresseur de son fils ne soit pas condamné à mort car elle comprend sa détresse, son cri au secours resté lettre morte auprès des services sociaux. Mais surtout, la rencontre avec Ricky renvoie Alexandria à la pédophilie de son propre grand-père dont elle a été la victime, avec l’omerta absolue de sa famille. Une empreinte traumatique qu’elle tente expurger dans ce récit, où elle offre le portrait croisé de Ricky et du sien. On assiste aux nombreux procès avec moult détails et témoignages. On sait que Ricky a échappé à la peine de mort, verdict du premier procès, expédié en trois heures à peine, où l’homme a été jugé coupable d’avoir violé et assassiné Jeremy. Un avocat a réussi à faire casser la sentence pour un vice de forme encore jamais invoqué en Louisiane : bien Ricky soit blanc, il y aurait dû avoir des Noirs dans le jury. Les procès suivants tourneront autour du viol ou non de Jeremy. D’autant que si Ricky a bien avoué lui-même le meurtre de l’enfant, il en nie le viol.
C’est un récit percutant, dérangeant et noir. C’est un road trip vers le pardon, ce qu’ignore alors l’auteure au début de son projet. Le livre prend la dimension d’une catharsis et non d’un débat sur la peine de mort pour les pédophiles. Une tentative pour comprendre – et la renaissance finale qui en émane.
« (…) l’homme assis en face de moi est un homme. Il ne sera jamais entièrement telle chose ou telle autre. Seule une histoire peut l’être. Jamais un être humain.
Alors j’essaie quelque chose de neuf. Pas de tourner le dos au passé, pas de le fuir, mais de lui tendre la main. Je dis au passé : Viens avec moi, donc, tandis que je poursuis ma vie.
Je dis : « Bonjour Ricky. »
Un livre à la croisée de l’autobiographie, du roman noir et du journalisme d’investigation. Un récit très dense et documenté. Mais de trop nombreuses répétitions qui finissent pas faire perdre de vue le but de cet ouvrage très personnel.
J’admire l’humanité de l’auteure et son courage d’être allée à ce point au fond des choses. C’est un tour de force.
Cependant, il aurait gagné a être beaucoup plus court : les moult répétitions et détails le gâchent vraiment et m’ont empêchée de l’apprécier totalement. J’ai eu du mal à aller jusqu’au bout. Cela aurait été dommage que je n’y aille pas !
Voilà, c’était ma dernière lecture pour le Grand Prix des Lectrices Elle. Le sort en est jeté. J’ai rendu mes copies la semaine dernière.
Je vous présente pour MON trio gagnant :
Leur point commun est la qualité exceptionnelle de l’écriture et la profondeur du sujet : le racisme, la violence faites aux femmes, l’injustice au pays des Droits de L’Homme. Un ensemble de qualités qui font que ces livres méritent un prix.
J’ai parfois eu du mal à trancher, alors je vous présente aussi mon top « bis », où je ne bouderai pas mon plaisir si ces livres sortent vainqueurs aussi :
Des ex-aequo pour la catégorie « document » et « policier ».
J’ai beaucoup hésité à départager le sublime roman Asta, de mon chouchou Jon Kalman Stefansson du non moins sublime Chant des revenants. Deux plumes d’exception mais j’ai trouvé le sujet de Jesmyn Ward plus important.
Le sort en est jeté ! Nous sommes 120 jurées. Donc le suspense reste entier.
Résultats le 3 juin.
Une belle aventure et je ne pourrai pas candidater de nouveau avant 3 ans. Je m’essayerais bien à d’autres prix également, c’est un exercice vraiment intéressant. Il nécessite aussi beaucoup d’organisation quand on travaille à temps complet, avec un job qui vous occupe aussi beaucoup. 28 livres à lire et dont il faut rendre compte dans le timing imparti (3 semaines en moyenne pour lire 3 livres et un peu plus pour les 7 du jury auquel on appartient). A votre tour si cela vous tente de poser votre candidature ! C’était ma 2e fois. 🙂
Tu n’es pas la première à lui reprocher des longueurs et j’ai l’impression que c’est un titre qui suscite autant d’enthousiasme que de réserve… il ma fait tout de même bien envie !
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Son gros défaut sont les répétitions massives. On est plusieurs à le dire. C’est dommage. Sinon c’est tout de même intéressant. A lire un jour de moral très bon en tout cas, car c’est vraiment glauque.
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Envie de le découvrir mais je vais attendre un petit peu…. 🙂
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Ce n’est pas très gai, mais c’est intéressant malgré les redites qui finissent pas gâcher la lecture.
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Je confirme Né d’aucune femme et le Chant des Revenants sont excellents avec une préférence pour le premier, Asta également mais j’ai eu un petit problème avec la construction du livre mais quelle belle écriture…
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Pour le Grand Prix Elle, « Né d’aucune femme » est dans la catégorie « policier » mais c’est plutôt un roman noir et « Le chant des revenants » est dans la catégorie « roman ». Donc il est tout à fait possible que les 2 remportent un prix dans leur catégorie respective. 🙂 J’ai aussi adoré « Asta » et je suis assez habituée aux jeux temporels de JKS.
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Il est dans ma liste, j’espère le lire prochainement !
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Ce n’est pas le meilleur à mes yeux pour le prix Elle. 😉
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Un beau Prix avec des lectures intéressantes (même si Le chant des revenants n’est pas un coup de coeur).
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Si, ca l’est totalement ! (Je ne sais pas si tu parles de toi ou de moi 😉).
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