Sous la tonnelle – Hyam Yared

« Issue d’une famille émigrés arméniens ayant fui Constantinople dès le début du génocide perpétré par l’Empire ottoman, tu avais épousé un Libanais. Un commerçant en tapis, en tissus et en meubles. (…) Tu l’appelais ton Phénicien aux yeux sombres« .

Le 13 juillet 2006, la narratrice s’est réfugiée sous la tonnelle de sa grand-mère qui vient de décéder. La maison de la défunte est ouverte pendant trois jours pour permettre les condoléances à la famille. La jeune femme, elle, préfère, au grès des cartes, lettres et dessins restituer la mémoire vive de son aïeulle. Mais finalement c’est une toute autre personne qu’elle va découvrir. Il y a bien sûr la grand-mère qu’elle connaissait, mais également toute sa part d’ombre, ou plutôt son jardin secret qui va nous être révélé. Via un homme, inattendu.

C’est un roman foisonnant que propose Hyam Yared, un peu à la manière de Shererazade, où la multiplicité des récits, des histoires dans l’histoire et des histoires dans l’Histoire, vous perdent un peu en route, mais pas totalement ! C’est surtout un beau portrait de femme qui a retenu mon attention.

Cette femme, veuve à la trentaine, ne s’est jamais laissé abattre par les coups du sort, que ce soit le décès de son mari d’un stupide arrêt cardiaque ou par la guerre civile. Sa maison est située pile poil au point de jonction entre Beyrouth Est et Beyrouth Ouest, point stratégique convoité par les milices de tous bords. Elles auraient bien voulu qu’elle dégage, cette femme ! Mais elle tient à sa liberté ! Elle reste dans sa maison sur la zone de démarcation.

« Toute une horde de chacals lorgnaient sur ton lopin de terre. Ils avaient mis une croix à son emplacement. »

« Dès 1985, tu fus condamnée à une solitude radicale. Les lignes de démarcation devinrent impraticables. Tu mis un terme aux visites qui aiguisaient la curiosité de tes détracteurs. » Eh oui, car cette grand-mère qui a hérité des histoires de massacres de ses ancêtres arméniens ne voulait pas, en dépit du danger, prendre parti pour l’une ou l’autre faction en guerre. Elle parvient à se faire accepter d’eux mais c’est sa propre famille qui voit rouge, s’obstinant à vouloir la sortir de là. Les visites qu’elle reçoit sont l’objet de récit parfois cocasses.

Et puis, il y a cette femme secrète que personne ne connaît. Celle qui a juré de rester fidèle à son mari défunt, donc de ne pas se remarier. Sans doute pour être dans les convenances de la société. Mais c’est sans compter sur les sentiments, qui eux, font fi des convenances ! C’est ainsi qu’un certain Youssef émerge du récit, qui prend par la même occasion une tournure inattendue. Cette grand-mère était une amoureuse. Elle a vécu un amour clandestin, romantique et fou. Et une souffrance.

« Il y a trop de passions en Orient pour que les rêves ne se transforment pas en chaos » lui écrit Youssef depuis Paris.

J’ai apprécié ce roman qui, une fois encore, est très riche. Dense, un peu trop par le nombre de personnages secondaires, des histoires secondaires reliées au récit de la narratrice.

Un livre sur des femmes fortes et libres, de grand-mère en petite-fille. C’est finalement ce qui m’a plu. Hyam Yared possède un style très agréable : normal, elle est poétesse aussi ! Elle a également écrit un autre roman : L’armoire des ombres, paru avant celui-ci

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
Cet article, publié dans Littérature libanaise, est tagué , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

3 commentaires pour Sous la tonnelle – Hyam Yared

  1. Je le note . J aimebien les romans foisonnant de personnages et d histoires

    Aimé par 1 personne

  2. alexmotamots dit :

    Je te sens un peu mitigée sur ce roman.

    Aimé par 1 personne

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s