Debout-payé

debout payé

4e de couverture : « Debout-payé est le roman d’Ossiri, étudiant ivoirien devenu vigile après avoir atterri sans papiers à Paris en 1990.
C’est un chant en l’honneur d’une famille où, de père en fils, on devient vigile à Paris, mais aussi en l’honneur de la communauté africaine avec ses travers, ses souffrances et ses différences.
C’est l’histoire politique d’un immigré et du regard qu’il porte sur notre pays, à travers l’évolution du métier de vigile depuis la Françafrique triomphante jusqu’à l’après 11-septembre.
C’est enfin le recueil, sous forme d’interlude, des choses vues et entendues par l’auteur lorsqu’il travaillait comme vigile au Camaïeu de Bastille et au Sephora des Champs-Elysées.
Une satire à la fibre sociale et au regard aigu sur les dérives du monde marchand contemporain, saisies dans ce qu’elles ont de plus anodin – et de plus universel. »

Sortie d’abord discrète début septembre 2014 (aucun media professionnel n’en a parlé, dans tout le tintoin de la rentrée littéraire), ce bouquin a connu un succès fulgurant au point d’être en rupture de stock un peu plus d’une semaine après sa sortie. C’est suite à une interview de l’auteur sur France Inter et quelques éloges sur Facebook que j’ai décidé de le lire. Pourtant j’ai cru que je n’y arriverais pas : j’ai écumé 3 librairies, une grande surface (ok, on peut rêver!) et ratissé le web : c’était : « niet, y’a plus » ou alors des petits malins qui essayaient de se faire du fric sur le dos des lecteurs. Je dois mon salut à un libraire de Rennes mais si j’avais patienté une semaine de plus, j’aurais pu le trouver à peu près partout. Parce que maintenant toute la presse en parle  et il a fait l’objet d’un nouveau tirage. Il a été dit tellement tout que je ne vois pas bien ce que je vais pouvoir ajouter, surtout que la quatrième de couverture dit l’essentiel…

Je vais dire que c’est caustique, poil à gratter à souhait, truculent. On lit ce livre avec des sourires et des rires francs. La société de consommation et la communauté ivoirienne de Paris sont décortiquées par le regard acide d’un vigile qui n’a pas les yeux dans sa poche ni les oreilles d’un sourd. L’écriture est vive et inventive, parsemée de parler ivoirien (« Moi je n’achète pas les jeans wôrô-wôrô qui vont se gâter vite là! ») . On se délecte des observations décapantes d’Ossiri. Elle sont entrecoupées par le récit de l’immigration africaine en France des années 60 à l’après-11 septembre : on assite à la création du statut de « sans-papiers » due à la création de la carte de séjour par un certain Poniatowski ; au petit « trafic » entre Ivoiriens pour le métier de vigile en France jusqu’à son éradication due indirectement à la tragédie du 11-Septembre et à la montée de la paranoïa; on revit même la très médiatique occupation de l’église Saint-Bernard représentée par ce qui sera l’icône du sans-papier : un Sénégalais, un certain Mamadou qui « s’appelait Diop en réalité mais un négro, ça s’appelle Mamadou, c’est plus simple et plus facile à prononcer. Il avait une bonne tête le Mamadou, et il parlait français sans un trop fort accent et beaucoup mieux que la plupart des analphabètes avec lesquels il s’était fourré dans la chapelle ». « Depuis lors, à chaque nouvelle expulsion médiatisée, tout le monde rêvait d’être The Mamadou : syndrome MSB, Syndrome Mamadou de Saint Bernard« , parce que l’histoire de Mamadou se « conte-de-fée-isa » : il obtint des papiers comme par magie et « gagna des millions de francs bien français dans une étrange histoire de plagiat de nom de domaine avec Vivendi Universal ».
Une petite pensée pour les habitants d’une certaine ville pas si loin de chez moi et je sais maintenant qu’on n’a pas idée d’avoir les yeux verts parce que certains monstres des contes africains ont les yeux verts !

Un livre qui sort de l’ordinaire en pleine rentrée littéraire.
La seule chose qui m’a déplu c’est la jaquette (oui, je sais, je suis pénible !) mais j’ai apprécié toute l’originalité de la couverture couverte de texte et le verso de la jaquette,

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ainsi que « l’achevé d’imprimé » :


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🙂
(Ed. Le Nouvel Attila)

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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2 commentaires pour Debout-payé

  1. alexmotamots dit :

    Une lecture en demi-teinte pour moi.

    J’aime

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