Road trip dans les îles d’Ecosse : 3 – Lewis & Harris suite (et fin !)

Un petit peu d’histoire avant de reprendre la route.

Mac Leod & compagnie
Lewis & Harris a été une possession norvégienne jusqu’au 13e siècle. Puis elle est devenue la propriété de clans. Je passe sur le tout premier, qui était d’origine viking, comme celui qui fit date : Mac Leod (« Leod » est resté le patronyme le plus courant de l’île, et prend ses racines dans le vieux norrois ; il signifie « pas beau » ! 🙂 . Au XIXe siècle, le clan Mac Leod a fait construire des routes sur l’île. La veuve du propriétaire terrien a revendu cette possession à un entrepreneur, Lord Leverhulme, qui a poursuivi l’oeuvre de ses prédécesseurs en ce qui concerne les infrastructures. Il a tenté de mettre sur pied l’industrie du poisson avec l’installation d’une conserverie. Mais cela n’a pas fonctionné car les habitants de Lewis & Harris étaient quelque peu inquiets de tous les changements engendrés et regardaient d’un air méfiant ce lord avec ses grandes idées !  Le lord a fini par rendre l’île à ses habitants dans les années 90. La veuve du premier propriétaire avait tenté d’introduire la chasse au cerf alors que les crofteurs n’avaient pas assez de terres pour vivre correctement. Elle s’est pris une manif et a dû appeler l’armée à son secours. LOL !
Voilà pour faire très court, en espérant ne pas avoir dit de bêtises.

Les « herring girls »
L’industrie qui s’est vraiment développée au 18e et 19e siècle, c’est la pêche au hareng. Les jeunes femmes de l’île, les « herring girls« , comme on les surnommait,  s’engageaient massivement : un bon espoir de sortir de la misère et un bon moyen de voir du pays puisqu’elles embarquaient sur des bateaux qui allaient parfois jusqu’aux îles Shetland. Mais un travail très difficile et ingrat : leur travail consistait à éviscérer et ranger le poisson ; leurs mains étaient à la longue abîmées par le sel et elles travaillaient dehors. Leur paie était en fonction du tonneau de harengs qu’elles remplissaient. Elles sont indissociables de l’histoire de Stornoway.

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En hommage aux « herring girls », à Stornoway (C)

Certains fermiers rachetaient les entrailles du poisson pour en faire de l’engrais. L’industrie du hareng a perduré jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. Un site instructif ICI .

Au 18e et 19e siècle, on exploitait aussi le varek (les algues jaunes que vous voyez sur le bord des loughs salés et des plages) pour en faire du carbonate de sodium (= de la soude) qui servait à fabriquer du savon et du verre.

Dans les années 30, la marine marchande s’est installée à Stornoway avec le développement de l’exportation du tweed. Entre autres.

Maintenant, on reprend la route, direction le nord de Lewis : on part à Ness, un nom qui parlera aux lecteurs de Peter May. C’est là que se passe en grande partie l’histoire, dans le village imaginaire de Crobost. Ness est un canton (pour faire dans la tonalité ultra-religieuse de l’île, c’est aussi une paroisse) qui rassemble plusieurs villages (vue leur taille, on peut même dire des hameaux…). On ne s’est pas amusé à retrouver exactement les coins où se déroule le roman (j’étais en train de relire le premier tome, je n’avais pas pris de notes et puis, pour qui n’a pas lu le roman, ce n’est pas d’un intérêt fracassant en soi ! 🙂 .

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Sur la route de Ness (C)

 

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Les villages de Ness (C)

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Les villages de Ness (C)

Je laisse la parole à Fin Mac Leod qui fait un meilleur guide de moi :
« Nous vivions dans ce qu’on appelle une whitehouse, à un peu moins d’un kilomètre du village de Crobost. Ce village faisait partie de la commune de Ness, située sur la pointe la plus au nord de l’archipel écossais des Hébrides extérieures. Les whitehouses dataient des années vingt. Les murs étaient faits avec de la pierre et de la chaux ou avec des kilos de béton, et les toits étaient couverts d’ardoise, de tôle ondulée ou de feutre bitumé. »  (L’île des chasseurs d’oiseaux, Peter May)

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Maison d’un village de Ness (C)

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Paysage de Ness (C)

Dans le roman, Artair adulte peste contre les éoliennes. J’ai eu une pensée pour lui ! 🙂

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(J’ajouterai le passage du livre quand je le retrouverai, parce que bien évidemment, au moment où je le cherche, il a disparu… )

Petite remarque perso sur la conduite dans ce coin de l’île : les gens roulent pied au plancher, malgré une route sinon étroite du moins pas très large…  🙂

Direction Butt of Lewis, le point le plus au nord de l’île, et de l’archipel des Hébrides Extérieures. Réputé pour être le coin le plus venté aussi. Le soleil joue encore avec la pluie et inversement. Mais on a relativement de la chance.

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(C) Phare construit par la famille Stevenson, la famille de qui vous savez, qui était spécialisée dans ce genre d’activité…

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Butt of Lewis – la pointe la plus au nord de l’île et la plus ventée aussi ! 🙂 (C)

Un petit diaporama (cliquer sur le bouton si ça ne défile pas automatiquement)

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Les chasseurs de gugas

C’est de Port of Ness, le village juste à côté (mais pluie oblige, j’ai renoncé) que partaient les fameux chasseurs d’oiseaux, figures emblématiques du roman de Peter May. Autrefois il s’agissait d’une nécessité de survie d’aller chasser les gugas, (terme gaélique pour désigner les poussins des fous de Bassan). Les hommes se rendaient sur un rocher au nord de Butt of Lewis, An Sgheir, situé à 64 kilomètres d’ici, chaque année. C’était considéré également comme un rituel de passage à l’âge adulte (c’est du moins ce que raconte Peter May dans son roman). Les riches de toute l’Ecosse raffolaient de la chair de ces oisillons (Peter May dit dans une interview que le goût de est entre le canard et le poisson) et c’est toujours un met très apprécié et très cher. Donc, je n’ai pas eu l’occasion d’en goûter et encore moins d’en trouver (faut dire que je n’ai pas eu le temps de chercher). De nos jours, les fous de Bassan font partie des espèces protégées dont la chasse est donc interdite. Sauf à Ness, parce que c’est un héritage culturel.
Qui a lu L’île des chasseurs d’oiseaux sait à quoi ressemble tant le rocher que cette chasse annuelle. Le rocher est glissant de fiente, c’est très dangereux. Pendant deux semaines, les hommes chassent les poussins avec un bâton doté d’un noeud coulant au bout. Les oiseaux sont mortellement assommés. Puis décapités. On allume des feux pour les plumer. On les fait mariner dans le sel pour les conserver. Bien évidemment, des associations d’écolo voudraient voir cesser cette chasse. Mais comme le fait dire Peter May à Fin qui discute, dans le roman, avec un écolo : est-ce moins cruel que la pêche quand les poissons suffoquent pendant des heures avant de mourir ? Bonne question !
Nous, dans la réalité, on n’est bien évidemment pas allés sur An Sgheir et on n’a pas vu un fou de Bassan de tout le séjour. Je peux juste vous proposer une photo de bébé goéland sur les rochers de Butt  🙂

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Merci le zoom, les bébés goéland étaient loin ! (C)

J’ai lu quelque part sur un blog que Ness n’avait aucun intérêt, propos tenu suite à ce qu’en disait un habitant. Eh bien, faut se méfier des locaux ( 🙂 ) ! Nan, sérieusement ! Nous, on peut dire qu’on y a trouvé le Paradis pour les yeux ! Les images qui suivent en témoigne.
J’ai eu du mal à trouver le nom de cette plage sur laquelle on est tombé par hasard, sachant qu’il y en a quantité d’autres sur Lewis. Mais celle-là, c’est pour moi la plus belle, la plus intime, celle qui fait s’exclamer : « Abandonnez-nous là, c’est pas un problème ; appelez le boulot pour leur dire qu’on ne rentre pas ! «  Promis, les photos n’ont pas été trafiquées (aucune, d’ailleurs !)

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Port Stoth – Ness, île de Lewis (C)

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Port Stoth – Ness, île de Lewis (C)

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Pour en profiter encore un peu :

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(C)

Petite crique paradisiaque à l’abri du vent, époustouflante de beauté à en rester sans voix. Même quand, soudain, un peu de whisky se met à tomber du ciel pour vous faire redescendre de votre nuage ! 🙂 🙂
La pluie a été au rendez-vous pour le reste de la journée, empêchant pas mal de photos mais bon, on en a profité pour se promener autrement.

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Ness – Une maison à vendre, si ça vous dit ! (C)

On a vu beaucoup de nos copains moutons, spécialistes du traffic jam (embouteillage) de l’île quand ils ne jouent pas les tondeuses à gazon naturelles…

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Un matin, suite à insomnie pour cause de goélands teufeurs (si, si, ça fait un bruit incroyables ces bêtes à plumes et à croire que ça ne dort jamais !), je suis allée me promener dans Stornoway encore endormie, au hasard des rues pour prendre quelques clichés entre deux averses (le plus difficile, finalement, sur Lewis & Harris)

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Stornoway – Impression d’être en Bretagne, dans mon village adoptif du pays Bigouden ! (C)

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Stornoway – Jeux de contrastes. Il y a même un chat roux qui regarde la télé (pas vu en prenant la photo) (C)

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Stornoway (C)

Pour continuer la promenade :

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En journée, c’est plus animé.

Un petit tour dans la « librairie » (qui vend aussi des souvenirs, des journaux etc.) qui se trouve dans la rue ci-dessus :

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Peter May est une célébrité à Stornoway (et sur toute l’île !) (C)

Je me suis embringuée dans le parc du château de Lews que je ne trouve pas fabuleux (l’école où va Fin au début se situait dans le château). La pluie m’a fait rebrousser chemin donc je n’ai même pas une photo.

On a repris le bateau pour rejoindre le « continent » écossais : 2h30 de traversée, direction Ullapool ; des annonces d’abord en gaélique et ensuite en anglais.

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Et voilà, c’est fini ! On n’a pas tout vu et c’est tant mieux, ce sera une bonne excuse pour y retourner. On aura des points de repères et quand on connaît c’est plus facile.

Un nouveau Peter May qui se passe sur Lewis & Harris sort en janvier 2018 ! Looking forward !

Les prochaines chroniques seront consacrées aux livres et à la rentrée littéraire. Je suis déjà dans une lecture irlandaise pour atterrir en douceur, même si pour moi, les vacances sont déjà loin.

 

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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