Deux remords de Claude Monet – Michel Bernard

51Lj+tlwQiL._SY346_

Illustration couverture  : Aline Zalko

Trois prénoms ponctuent ce roman : Frédéric, Camille et Claude.
Frédéric Bazille, le jeune peintre mort la veille de ses 29 ans pendant la guerre contre la Prusse, en 1870, par un hiver glacial. Un hiver de guerre. Réfugié à Londres, Claude Monet apprend la mort de son jeune ami, celui qui lui achetait ses tableaux pour l’aider. Camille, modèle puis première épouse de Claude,

Claude_Monet_-_Camille

La femme à la robe verte

figure inspirante de nombreux tableaux, avant que la mort ne l’emporte à son tour.

Claude, le peintre que l’on côtoie ici comme un ami qu’on connaîtrait depuis toujours, veuf puis remarié à Alice. Le peintre de Giverny, célèbre dans le monde entier, riche, ami de Clemenceau qui enverra dare-dare se faire opérer de la cataracte son « vieux hérisson » têtu comme une bourrique, avant qu’il ne soit trop tard. Monet, marqué à jamais par la guerre qui donnera son oeuvre à la France « pas pour les quelques millions d’individus qui portaient le nom de Français aujourd’hui, mais pour le million et demi de jeunes hommes qui n’étaient pas revenus des tranchées, pour ceux qui étaient morts à sa place en 1870, et tous ceux-là, les millions d’hommes et de femmes qui avaient aimé, souffert, travaillé et rêvé sur ce morceau de terre, dans cette partie du monde, pour en faire sous le ciel changeant une des plus belles oeuvres hmaines, le plus beau des jardins ».

Deux guerres et la Commune de Paris. Les temps sont durs et on oublie souvent, en regardant les tableaux de Monet dans les musées, que derrière la douceur et la luminosité de ses peintures, se cache un contexte personnel, historique et social qui n’a pas toujours été facile. La mort est omniprésente dans la vie de Monet, avec le décès de Frédéric Bazille, de Camille, mais aussi de son fils, Jean. Des mondes qui s’effondrent pour mieux renaître sous le pinceau du génie artistique. De belles amitiés (Renoir, Pissaro, Sisley, Clemenceau et tant d’autres) l’empêcheront sans doute de sombrer.

La prose de Michel Bernard possède la souplesse du pinceau de l’artiste, procède par touches successives entre ombre et lumière. Une jolie balade dans la vie du peintre, à la fois instructive, plaisante, délicate et émouvante.
Quel ne fut pas mon bonheur de lire ce passage :
« Comme un vieux cognac, le nom des choses aimées lui coulait dans les veines.
Tout ici, entre la forêt de Fontainebleau et celle de Sénart, lui paraissait bon à peindre. (…) La ville moderne jetait dehors, avec les eaux sales, l’âme de ses habitants. Monet avait retrouvé la sienne dans le parc de Rottembourg, paysage neuf et immédiatement familier déjà intime. »
lagrangenew4.jpg
« Quand il eu terminé, au début du mois de décembre 1876, Monet, raccompagné par la voiture de Mme Hoschedé à la gare de Montgeron, y pris le train jusqu’au terminus d’Orsay. »
Regarder par la fenêtre, scruter le paysage, voir le train du matin entrer dans la gare de Montgeron, se dire qu’on pourrait, en se penchant, voir Monet et Hoschédé sur le quai… Un beau moment magique ! Etre un peu nostalgique aussi et fière que ces paysages aient inspiré deux peintres mondialement connus. Si je sais bien évidemment que Caillebotte a été inspiré par le val d’Yerres, j’ignorais totalement que Monet y avait séjourné. Il y a peint trois tableaux, à la demande d’Ernest Hoschédé, alors propriétaire du château de Montgeron (disparu depuis). Ces tableaux sont… au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg ! Un autre tableau est parti dans une collection aux Etats-Unis.

800px-Monet,_Claude_-_Corner_of_the_Garden_at_Montgeron

Coin de jardin à Montgeron (1876)

Monet,_Pond-at-Montgeron

Entrer une légende (1876)

Un joli roman qui vous émeut et vous ravit.
Le livre au sort demain 4 janvier au format poche, collection « La Petite Vermillon » aux Editions de La Table Ronde.

 

Un grand merci aux Editions de La Table Ronde.

 

 

 

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
Cet article, publié dans Littérature française, est tagué , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

2 commentaires pour Deux remords de Claude Monet – Michel Bernard

  1. alexmotamots dit :

    Il circule dans mon club de lecture. J’espère bientôt le lire.

    Aimé par 1 personne

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s