Sous les étoiles silencieuses – Laura McVeigh

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Traduit par Julie Sibony

Ce n’est pas en Irlande que je vous embarque cette fois-ci, mais en Afghanistan, entre les années 1960 et 1990 et vous ajouterez un séjour sans fin dans le Transsibérien.

L’histoire commence dans les années 90, Afsana, jeune Afghane de 15 ans, est dans le Transsibérien, direction Moscou. Elle a quitté Kaboul, sa ville natale quand elle avait cinq ans. Elle a quitté sa maison bleue, son paradis sur terre où elle vivait heureuse avec ses parents, ses frères et sa soeur si belle. L’Afghanistan est alors sous la houlette soviétique, ses parents soutiennent le pouvoir en place. Et puis l’Union soviétique quitte l’Afghanistan. Les moudjahidines font leur loi, vite supplantés par d’autres jeunes gens en colère : les talibans. Les choses dégénèrent gravement, comme vous le savez tous.
Le roman comporte plusieurs parties mais on peut le diviser en deux : celle où Afsana raconte son enfance heureuse dans la maison bleue. Et puis le périple pour sauver sa peau.
A Kaboul, les rues résonnent des cris et rires des enfants, les cerfs-volants décorent le ciel. La capitale est surnommée le Paris de l’Afghanistan, avec ses boutiques de mode et ses cafés. Les femmes aiment s’habiller. La mère d’Afsana est institutrice. Ses frères Jawad et Omar sont des enfants comme tous les autres. C’est la mère d’Afsana qui raconte à sa fille comment était Kaboul avant. Et puis la guerre civile. Il faut fuir vers les montagnes, dans le village des grands-parents, loin de Kaboul, vivre dans des maisons troglodytiques. La famille refait sa vie là-bas. Elle ne pense pas vraiment être rattrapée par le tumulte de la guerre.

« Plus tard, après que nous étions gavées de fruits et de noix, je disais au revoir aux jumelles et rejoignais d’autres enfants au coin de la place pour jouer au buzul-bazi, un jeu d’osselets de moutons. Nos rires et nos cris résonnaient dans toute la vallée. L’après-midi, Javad et Omar et les autres garçons disputaient des parties de volley-ball sur un terrain de fortune dessiné à la craie. »

Pourtant. Les talibans arrivent au village. Les filles ne vont plus à l’école, les femmes doivent rester chez elles et se couvrir. Le terrorisme et l’endoctrinement se mettent en place, de manière insidieuse :

« Masha et Ara ne disaient rien mais semblaient un peu plus terrorisées chaque jour par ce qui les attendait, elles qui étaient en train de sortir de l’enfance et devenir des femmes dans un pays où être une femme était perçu comme un crime. »

« Najib avait été remplacé par un vieux monsieur austère du village voisin qui faisait la classe comme à la madrasa et avec des idées différentes, des idées appuyées par le nouveau régime. Les choses qu’apprenaient Javad commencent à changer. A la place de la géographie et des mathématiques, il rentrait à la maison en ne parlant que de sujets religieux, des nouvelles règles. Il se mettait à nous faire la leçon en soupirant, en disant que nous ne pourrions jamais comprendre car nous n’étions que des filles, et que désormais, il était de sa responsabilité de nous guider, de nous montrer la voie du bien. »

Javad se métamorphose, devient de plus en plus agressif, sous les yeux de ses parents qui n’osent pas trouver à y redire, médusés qu’ils sont.

Un autre drame inattendu survient : un tremblement de terre qui laissera Afsana seule au monde, contrainte de rejoindre un camp de réfugiés au Pakistan, de le fuir car c’est une jungle aussi dangereuse que celle des talibans. Un long périple l’attend. Et puis ce train mythique, le Transsibérien, où elle sympathise avec Napoléon, le contrôleur, enfant des goulags de Sibérie qui lui raconte son histoire.

Et puis Anna Karénine, Tolstoï. Afsana est une grande lectrice qui se passionne pour son héroïne, et ses amours compliquées. La lecture, sa bouffée d’oxygène, ce livre qu’elle dévore alors qu’elle est passagère clandestine dans ce train qui fait des allers-retours d’Est en Ouest. Un jour, elle posera ses valises pour refaire sa vie.

« J’ai écrit ce roman en hommage à tous ceux qui sont obligés de quitter leur maison et de redémarrer à zéro », explique Laura McVeigh, qui a grandi en Irlande du Nord, au coeur de la guerre civile qui l’a poussée à s’interroger sur le pourquoi les hommes se font la guerre. Prise d’une soif de vouloir comprendre le monde, qui n’a fait que croître au fil des années alors qu’elle travaillait avec des militants et des jeunes aux quatre coins de la planète, elle a pris conscience du « poids déterminant de l’accès à l’éducation ». Elle a également travaillé avec des exilés et des réfugiés et connaît l’Afghanistan. Un beau parcours qui suscite l’admiration.

Ce roman est également un bel hommage aux femmes, avec son héroïne forte et intelligente, qui ne se résigne pas, jamais. Une jeune femme qui, avec le recul, malgré l’immense amour qu’elle porte à ses parents, n’hésite pas à se montrer critique à leur égard : pourquoi ne l’ont-ils pas empêché Javad de devenir un monstre ?

Le livre se termine sur de l’espoir mais il a la force de nous rappeler que pour nous, les femmes, rien n’est jamais acquis.

Je connais mal l’histoire de l’Afghanistan – si ce n’est la partie tragique que nous connaissons tous par la force des choses-, ce roman m’a donné envie d’en savoir davantage. J’ai adoré me promener dans les montagnes, habiter dans une maison troglodytique, apprendre des mots inconnus, me frotter à leur sonorité intrigante, croiser des fillettes blondes aux yeux bleus.

Quand je vous dis que lire est un voyage, ce roman en est la preuve ! A découvrir.

Si vous le souhaitez, vous pouvez vous procurer le livre sans frais de port ICI

(Bookwitty est une plateforme qui réunit éditeurs, libraires, blogueurs, écrivains,  traducteurs et journalistes ; le concept vise à rendre visible les livres qui ne sont pas des best-sellers et à les rendre accessibles partout dans le monde. Je suis fraîchement embarquée dans cette aventure après une demande de partenariat de leur part, que j’ai acceptée pour le « fun » d’une nouvelle expérience.  🙂 )

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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2 commentaires pour Sous les étoiles silencieuses – Laura McVeigh

  1. alexmotamots dit :

    Un partenariat réussi.

    J’aime

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