Manuel de survie à l’usage des jeunes filles – Mick Kitson

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Traduit par Cécile Schwaller

Encore une fois, je vais me servir de la 4e de couverture pour le pitch de ce roman écrit par un Gallois vivant en Ecosse (ce qui en soit, avait tout pour me séduire !)
« Que font deux gamines en plein hiver dans une des plus sauvages forêts des Highlands, à des kilomètres de la première ville ? Sal a préparé leur fuite pendant plus d’un an, acheté une boussole, un couteau de chasse et une trousse de premiers secours sur Amazon, étudié le Guide de survie des forces spéciales et fait des recherches sur YouTube. Elle sait construire un abri et allumer un feu, chasser à la carabine. Elle est capable de tout pour protéger Peppa, sa petite soeur. Dans le silence et la beauté absolue des Highlands, Sal raconte, elle parle de leur mère désarmée devant la vie, de Robert le salaud, de la tendresse de la sorcière attirée par l’odeur du feu de bois, mais surtout de son amour extraordinaire pour cette soeur rigolote qui aime les gros mots et faire la course avec les lapins. »

Ce premier roman de Mick Kitson, je l’avais repéré lors de la rentrée littéraire de l’automne 2018, acheté au salon de Livre Paris en mars dernier et voilà, je l’ai lu des mois après sa sortie, après trois millions d’éloges sur la blogo et dans la presse : autant dire que j’en attendais beaucoup. Outre une lectrice friande de littérature irlandaise, ceux qui me suivent depuis longtemps savent que j’adore aussi la littérature écossaise. C’était une aubaine, un nouvel écrivain, avec ce roman qui se passe les coins sauvages des Highlands. Le côté Nature Writing m’attirait beaucoup. J’ignorais totalement le sujet principal de ce roman, que le résumé éditeur garde finalement bien secret (ouf !).

Nous sommes donc dans la forêt de Galloway, en compagnie de Sal et Peppa, deux gamines dont on comprend qu’elles ont fui le domicile. On apprend assez rapidement pourquoi Sal, l’aînée de 13 ans, a entraîné sa petite soeur de 10 ans, Peppa avec elle (sa demi-soeur, en fait). Si je vous le dis, ça va être une spoiler monstre. Donc je ne vais rien dire ! En fait je me suis dit « encore ! », même si le sujet est grave et que c’est le genre qu’il faut dénoncer sans cesse, parce qu’il n’y a pas longtemps, j’ai lu L’Empreinte, d’Alex Marzano dont le sujet est similaire.

Peppa et Sal vivent donc en bordure de la civilisation, dans une forêt sauvage, se nourrissant de ce que la forêt leur donne, chassant le lapin et pêchant jusqu’au brochet. Avec ou sans le Guide de survie des forces spéciales, finalement il est plus facile et plus sûr de vivre dans une forêt que dans une maison où l’on est la proie d’un  prédateur qui est votre semblable, surtout quand on ne peut pas compter sur sa mère, alcoolique et larguée dans la vie, incapable de se protéger elle-même. Dont la vie sentimentale est un naufrage à répétition. Même un brochet récalcitrant, aux dents bien affutés est moins dangereux.

C’est bien un brochet dur à cuire qui va entraîner une belle rencontre en pleine forêt : Ingrid, une vieille Allemande qui vit en marge de la société depuis de nombreuses années, va servir à Peppa et Sal de mère de substitution finalement. Je suis un peu surprise de lire le mot « sorcière » sur la quatrième de couverture. Ce n’est pas à cette figure que l’on pense, même si elle connaît tout du pouvoir des plantes. C’est juste femme devenue marginale volontaire, une ancienne hippie des années 70.  Elle va devenir également la meilleure amie des filles. C’est qu’elle en a vu des vertes et des pas mûres aussi, depuis la partition de l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale, l’endoctrinement en RDA qui en font une camarade du Parti. Et puis les hommes. Plutôt pas cools.

On s’attache beaucoup à ce trio féminin, à cette petite Peppa qui rend les pages pétillantes, à la débrouillardise de Sal, qui retourne en ville en catimini pour se connecter à Internet et regarder les nouvelles de leur disparition, jusqu’au moment où l’enquête est quasiment classée sans suite, leur mère aux abois, sur la voie de la guérison.

J’ai trouvé la fin  trop « happy end » pour être tout à fait crédible. Mis à par cela, d’un sujet pour le moins glauque, Mick Kitson arrive à faire de cette histoire, une histoire lumineuse et pleine de tendresse. Ces femmes puisent dans la nature qui les entoure de quoi régénérer leurs vies, pour un nouveau départ. Un roman non dénué d’humour. Un pied de nez aux malheurs d’une vie et à la violence faites aux femmes. On ne peut pas bouder un tel roman !

 

 

 

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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2 commentaires pour Manuel de survie à l’usage des jeunes filles – Mick Kitson

  1. Je ne pense pas le lire car le sujet est très proche de Dans la forêt il me semble….. 🙂

    Aimé par 1 personne

    • Maeve dit :

      Je suis en train de lire Dans la forêt : non, ce n’est pas le même sujet. Dans la forêt, il est plutôt question de naufrage de civilisation et de survie, mais sans la raison qui amène les deux héroïnes de « Manuel de survie » à vivre dans vivre cachée dans la nature. Je pense que Dans la forêt a une plus forte dimension écologique qu’ici, même si pour l’instant, je n’ai pas terminé de le lire.

      Aimé par 1 personne

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