Les saisons de la solitude – Joseph Boyden

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Traduit par Michel Lederer

Ca y est ! J’ai enfin découvert la plus de Joseph Boyden dont j’avais pas mal entendu parler. Il était temps  : Les saisons de la solitude (Through Black Spruce) a été publié en 2008 et en 2009 pour la version française. Joseph Boyden est d’ascendance amérindienne, écossaise et irlandaise. Il a obtenu le Giller Prize, le plus prestigieux prix littéraire canadien pour Le chemin des âmes, son premier roman.

Les saisons de la solitude nous plonge dans la communauté amérindienne des Crees. Will ancien pilote et trappeur est plongé dans le coma suite à une agression dont on ignore l’origine, au début. Sa nièce, Annie, vient tous les jours à son chevet, lui parler. Ne sachant pas s’il l’entend. Elle lui raconte sa vie dans l’univers de la mode et du mannequinat, à New York, Toronto, les grandes villes. Et pourquoi elle s’est laissée embarquer dans une telle voie qui ne lui correspond pas du tout : la recherche de sa soeur disparue, Suzanne. Cette dernière est sous l’influence de Gus, un type pas trop clean à ses yeux. Depuis, pas de nouvelles de Suzanne. Annie se sent coupable. « Je songe aux ennuis de Suzanne, ils ont commencé avec les garçons. Comme toujours, non ? En grandissant, j’ai tenté de me convaincre qu’ils étaient grossiers, assommants. Des petits morveux (…)
Tout le monde savait qu’aucun garçon ne résistait à Suzanne. (…) Marius Netmaker, il est tombé amoureux de moi alors qu’il avait six ans de plus, le visage grêlé à cause de la varicelle et un gros ventre à force de manger trop bien et trop souvent. (…)
Au cours d ces dernière années, les Netmaker ont compris que le trafic de la cocaïne et du cristal meth était plus simple à organiser,  et ils sont à l’origine de la poudre blanche qui a envahi les réserves indiennes de la baie James et qui tient beaucoup de jeunes sous son emprise. (…)
Toujours est-il que la Nishnabe-Aski, la police des réserves, est impuissante. (…)
Suzanne nous a quittées, ma mère et un matin de Noël il y a deux ans pour monter à l’arrière d’un skiddo de Gus Netmaker. (…)
Suzanne, une beauté Cree, tu sais. (….) J’étais sa soeur aînée (….). Et gus Netmaker l’a emporté haut la main. C’était l’artiste, celui qui peignait des aigles et des ours aux couleurs des aurores boréales. C’est moi qui la première fois l’avais amené à la maison. »

Will, endormi dans son lit d’hôpital s’adresse à ses deux nièces. Il leur raconte ses blessures, son démon d’alcoolisme, sa culpabilité, ses plaies, ses bosses et ses coups.

Joseph Boyden construit son roman à partir de deux monologues qui plongent le lecteur dans deux univers diamétralement opposés : la nature et la ville. Son histoire est une belle réflexion sur la solitude, le sentiment de culpabilité et les actes manqués. A travers ces deux univers, il évoque les problèmes de la nation Cree, ravagée par l’alcoolisme, la drogue et la violence.

Autant j’ai adoré suivre Will dans la forêt, jusque dans une île perdue où il se croit seul, autant j’ai eu beaucoup plus de mal à suivre Annie dans l’univers bitumé, avec foule de personnages, dont on sent qu’ils sont bien louches pour la plupart.
L’auteur introduit un personnage pas comme les autres : une vieille ourse qui deviendra la meilleure amie de Will à un moment donné, emmuré dans sa solitude. La faune des forêts canadiennes est très présente. Le roman, malgré la noirceur du sujet,  fait la part belle à la nature sauvage des forêts « Tout autour de moi, on ravivait mes souvenirs. Un whiskey-jack familier était perché près de ma main tendue, et pendant que je le nourrissais de miettes de bannique rassie, je me suis mis à parler.
Etaient-ils au courant du meutre de Marius ? Si j’étais recherché par la police, ils en auraient sans doute eu vent.
(….)Le whiskey-jack a tourné la tête et cligné des yeux. Je me suis levé et j’ai commencé à faire les cent pas. L’oiseau s’est envolé. J’aurais aimé l’imiter. »

Un très chouette roman, très riche dont je n’évoque que quelques aspects (après 9h de décalage horaire et peu de notes prises en cours de lecture !) Je poursuivrai la découverte de l’oeuvre de l’auteur, sans doute avec Dans le grand cercle du monde, dont on m’a dit le plus grand bien.

Dans la prochaine chronique, je vous emmènerai en Alberta, avec Cantique des plaines, de Nancy Huston, qui a fait le voyage avec moi jusque là-bas et même plus loin !

 

 

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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4 commentaires pour Les saisons de la solitude – Joseph Boyden

  1. alexmotamots dit :

    Je n’ai lu que le premier, mais je n’ai toujours pas lu les suivants.

    Aimé par 1 personne

  2. lilly dit :

    Je n’ai lu que « Le Chemin des âmes » qui avait été un gros coup de coeur. Quelle chance d’aller dans les Rocheuses canadiennes, c’est l’un de mes grands projets de voyage !

    Aimé par 1 personne

    • Maeve dit :

      C’est effectivement un voyage à faire : les images des Grands espaces, leur beauté époustouflante me hanteront longtemps. J’ai découvert également la magnifique île de Vancouver et sa capitale trop mignonne Victoria. Il y a encore tant à voir que je ne songe qu’à y retourner. Je vais me procurer les autres livres de Joseph Boyden. J’ai repéré des romans là-bas ou récits autobiographiques mais ces auteurs ne sont pas traduits.

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