Un amour à Waterloo est un recueil de six nouvelles dont une novella qui donne son titre au livre. François Bott brosse le portrait de personnages romantiques, dignes de la littérature du XIXe siècle, autour de la figure centrale de Napoléon. Le « grand Napoléon », frêle jeune homme auteur d’un traité sur le suicide avant de devenir celui qui conquit l’Europe et sema la mort. Et puis, il y eut les « petits » Napoléon qui durent vivre avec l’héritage familial encombrant de leur oncle : le médiocre Napoléon III que tout le monde connaît mais aussi la « tête brûlée » que François Bott met sur le devant de la scène dans sa deuxième nouvelle, un prince oublié, une cynique, turbulente et assassine créature en mal de reconnaissance : le prince Pierre Bonaparte. « J’étais un personnage de roman », dit-il, « le prince le plus litteraire ».
En filigrane, on devine comment chaque personnage se réécrit à l’aune de son passé, de son histoire personnelle et dans l’ombre de grands personnages historiques. Marianne, dont la grand-mère est corse, ne supporte pas que René traite Napoléon Bonaparte d’Al Capone corse. René cherche à comprendre « l’engouement voire la dévotion que suscite chez les meilleurs esprits ce tyran, ce despote ». Dans le « Motel Napoléon », nommé ainsi par une Big Mama américaine « pour faire plaisir aux Français », John Carter, prof de philo rescapé d’Ohama Beach où il a « ramp(é) sur le sable dans une rumeur de fin du monde », a relégué depuis la philo aux oubliettes et est devenu le pianiste de jazz le plus taciturne de Brooklyn. Adieu La vie en rose, elle n’est pas rose, la vie ! « Fragile man, était le contraire des gens qu’il admirait ».
Pour Georges Duval, qui vous demande « Aimez-vous la Normandie en hiver ? », le suicide n’est pas quelque chose de romantique, surtout depuis que Roberte s’est defenestrée et qu’en anti-heros, il a pris la fuite. Depuis, c’est comme si l’horloge du temps l’avait pris au piège du drame.
François Bott explore la solitude, la mélancolie, l’amour, l’Histoire et la littérature pour faire jaillir le romantisme de l’ordinaire. Il parvient à saisir la contingence des choses avec finesse et humour.
Un livre très agréable.
Merci aux Éditions de La Table Ronde
Une lecture pas pessimiste malgré le sujet ?
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Non, pourquoi ?
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