
Après deux confinements et un retour à la liberté, je n’avais absolument pas envie de me planter derrière un ordi pour rédiger des chroniques ! D’où ce petit slow blogging que vous pouvez constater. Je me suis pas mal promenée ! Ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas lu. Il me faut un jour pluvieux comme aujourd’hui – et si seulement c’était le seul !- pour me replanter derrière un écran.
Comme chaque année, j’essaie de lire des livres qui ont un rapport avec la destination de mes vacances, quand cela est possible. Voilà comment j’ai lu Pêcheur d’Islande de Pierre Loti. C’est drôle parce que finalement, ma destination me ramène en Islande. Ce n’est pas ce qui a motivé mon choix, pourtant. Je revois le village des fjords de l’Ouest que j’ai visité il y a trois ans, qui rend hommage à la mémoire des marins français (et belges !) ayant péri au large des côtes islandaises. Il s’agit en particulier des marins-pêcheurs de la baie de Paimpol qui partaient de longs mois y pêcher la morue. Les autres marins de Bretagne allaient plutôt à Terre Neuve – mais je crois que les pêcheurs de Paimpol avaient ces deux destinations. Je revois parfaitement le cimetière marin, en bas d’un sentier très pentu, au bord du fjord. Je revois ce village où tout est bilingue français-islandais. Ce fut amusant pendant ma lecture de voir Pierre Loti mentionner ce cimetière. Je vais donc voir maintenant tout cela de l’autre côté de l’océan.
Ceux que l’on appelait « les Islandais » dans la baie de Paimpol sont les pêcheurs bretons se rendant en Islande. Vous ne rencontrerez aucun vrai Islandais dans Pêcheur d’Islande.
Le roman de Pierre Loti, sous couvert d’une histoire d’amour contrariée, raconte la rude vie des gens de la baie. Une vie de femme marquée par l’attente du retour des hommes. Une vie d’homme qui n’étaient jamais sûr de revenir. Une vie où c’est l’océan qui décide du sort des humains.
Yann, un de ces « Islandais » se fait régulièrement chambrer pour son célibat à 27 ans. Son futur beau-frère, Sylvestre, mais aussi par ses collègues marins qui lui demandent souvent quand il fera ses noces. La réponse d’Yann est : « Mes noces à moi, je les fais à la nuit ; d’autres fois, je les fais à l’heure, c’est suivant. » Yann est un costaud gaillard, fier, provocant et fichtrement beau. C’est donc un peu sans surprise que Gaud, la plus belle fille du coin jette son dévolu sur lui. Gaud est la fille d’un ancien « Islandais » « enrichi par des entreprises audacieuses sur mer » Pendant que son père partait en Islande, elle était gardée par la grand-mère Moan, la grand-mère de Sylvestre. « Elle avait une adoration de petite mère pour cet autre tout petit qui lui était confié, dont elle était l’aînée d’à peine dix-huit mois ». Gaud est une fille qui grâce à l’enrichissement de son père est partie un temps vivre à Paris avant de revenir en Goelö. C’est également un personnage fière et hautain mais surtout timide. Toute l’histoire entre Yann et Gaud se résume à une histoire de fierté en quelque sorte. Ils vont le payer cher. J’avoue que le personnage de Gaud m’a un peu agacée jusqu’au moment où enfin, elle fait tomber les barrières. Je me suis demandé si Pierre Loti n’en faisait pas un personnage un peu tarte, s’il n’y avait pas une part d’ironie dans son histoire. Mais nous sommes à la fin du XIXe siècle.
Le roman de Pierre Loti possède un charme totalement désuet tant par l’histoire que par la plume. Pourtant j’ai adoré ! Surtout à partir du moment où Sylvestre meurt (spoiler, mais je ne vous révèle pas la cause de sa mort) et où la mer prend finalement vraiment possession du destin d’Yann et Gaud, le soir de leurs noces. A partir de la mort de Sylvestre l’histoire devient très poignante. Pierre Loti parvient à communiquer l’angoisse de l’attente, la souffrance due à l’incertitude, le déchirement des âmes jusqu’à la folie.
« Voir le soleil à minuit !… Comme ça devait être loin, cette île d’Islande. Et les fiords ? Gaud avait lu ce mot inscrit plusieurs fois parmi les noms des mots dans la chapelle des naufragés ; il lui faisait l’effet de désigner une chose sinistre.
« Les fiords, répondait Yann – des grandes baies, comme ici celle de Paimpol par exemple ; seulement il y a autour des montagnes si hautes, qu’on ne voit jamais où elles finissent, à cause des nuages qui sont dessus. Un triste pays, va, Gaud, je t’assure. Des pierres, des pierres, rien que des pierres, et les gens de l’île ne connaissent point ve que c’est que les arbres. » (…)
« Et puis, disait-il, il y a aussi un petit cimetière sur la côte, dans un fiord, tout comme chez nous, pour veux du pays de Paimpol qui sont morts pendant les saisons de pêche, ou qui sont disparus en mer ; c’est une terre bénie aussi bien qu’à Pors-Even, et les défunts ont des croix en bois toutes pareilles à celles d’ici, avec leurs noms écrits dessus. » »
Un roman publié en 1886 que l’on classe aujourd’hui dans la littérature française classique. Je suis toujours surprise de voir que des gens l’on lu enfant. Le registre de Pierre Loti est très soutenu et le vocabulaire complexe. J’en ai également eu un exemplaire gamine mais je ne peux pas dire pour autant que je l’ai lu et compris à cette époque.
Cependant, j’ai un vrai coup de coeur iodé pour ce roman aujourd’hui !
Que de classique il me reste à découvrir….😉
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Et malgré mes études en lettres, je n’avais jamais lu ce roman. Tout est finalement question de « mode ».
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C’est sans doute pour cela qu’il ne m’a pas plu : à cause du vocabulaire sans doute.
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C’est particulier, c’est vrai mais la deuxième partie du roman est d’une telle puissance que je suis passée outre pour me passionner totalement pour cette fresque sociale d’un coin perdu des Côtes d’Armor.
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En vacances en Bretagne il y a deux ans, et ayant alors visité Paimpol, je m’étais promis de le lire, et je n’en ai toujours pas eu le courage.. ton avis m’encourage un peu !
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J’ai préféré le lire avant d’y aller pour ma part. Il est très court.
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Un classique en effet… j’ai un autre titre de Pierre Loti dans ma pile à lire, depuis (trop) longtemps. Peut-être une prochaine lecture?
Bonne journée à toi!
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Pour ma part, c’est le seul que j’aie lu pour le moment. Bonne journée Daniel !
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