
Barbie vit à Ogno, une petite ville paumée de la vallée du Pô, entre champs et usines. Elle est née là et n’a jamais quitté ce coin. Elle passe son temps à rêver d’autre chose, tout en travaillant dans un salon de coiffure, à regarder son père, ce looser culotté, scotché toute la journée devant la télé, revenu au bercail après deux ans d’absence, comme si de rien n’était. Ou plutôt depuis que l’Ukrainienne l’a jeté. Elle regarde sa mère qui courbe l’échine sans rien dire, encaisse, comme si c’était normal. Barbie est coquette. Une vraie caricature de l’Italienne obsédée par son look. Elle a un complexe : ses seins. Elle sait son effet sur la gente masculine. Elle rêve de rencontrer un photographe qui la rendra célèbre. Mais en attendant, elle travaille au salon de coiffure avec son meilleur pote, Maico. Ils échafaudent des plans et entretiennent leur culte du corps. Quitte à prendre des risques.
Oubliez la carte postale de l’Italie glamour, voyez au-delà des apparences. Nadia Busato nous entraîne dans un univers malsain, l’envers du décor de l’Italie dite riche, de l’Italie du Nord. Nous sommes en 2011, une certaine Italie de Berlusconi, de la téléréalité, de la crise économique. Derrière le glamour, le noir ! L’autrice réduit au carton-pâte le décor de péplum et en fait une bouillie pour raconter un drame. Cette histoire de Barbie, diminutif de Barbara (révélé assez tard dans le récit), elle la tire de faits divers. Elle a tout rassemblé pour en faire une seule histoire, celle des femmes italiennes réduites à l’état d’objet sexuel sans même qu’elles s’en aperçoivent. Elles rêvent de Cinne Città, de la grande vie, des flashs et du glamour mais la réalité est la prostitution., la drogue et un bidon d’essence… Voilà en vrai ce qu’offre la Ligue du Nord. Du rêve, du mirage mais pas du tout d’arriver à réaliser ses rêves d’épanouissement personnel. Avec la bénédiction de la gente masculine, pour une grande partie. Le machisme italien en prend pour son grade sous la plume de Nadia Busato.
Le style est cru, clash, violent. On s’en prend plein la poire (pour dire les choses poliment !). La fin est un coup de poing. Attention à l’oeil au beurre noir !
Je me suis laissée entraîner dans ce drame sans pouvoir rien faire, si ce n’est de regarder les personnages aller au casse-pipe. Une lecture avec laquelle j’ai eu des hauts et des bas, avant d’être rattrapée au vol par la fin qui m’a laissée pantoise.
Un roman qui ne va pas faire des heureux dans le monde du tourisme de Padanie. 🙂
Merci aux éditions de La Table Ronde.

Très intéressante analyse – merci 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Merci à toi aussi. Bel été. 🙂
J’aimeJ’aime
La couverture est choc, elle aussi.
J’aimeAimé par 1 personne
Effectivement !
J’aimeAimé par 1 personne