La carte postale – Anne Berest

Un an après tout le monde, j’ai lu la fameuse Carte postale d’Anne Berest, roman sorti à la rentrée littéraire 2021 et qui vient tout juste de sortir au format poche. C’est en écoutant l’autrice, sa soeur Claire et Lélia, leur mère, évoquer l’histoire de ce livre et de leur famille lors de la remise du Grand Prix des lectrices ELLE que j’ai eu envie de me faire ma propre idée. J’avais lu quelques posts blasés lors de la sélection du Goncourt (oui, il a été en sélection du Goncourt, ce bouquin), sur le thème « elle nous parle de la Shoah comme si on était des ignares, en plus c’est mal écrit blablabla « . Je suis en profond désaccord avec ce genre de propos, tout simplement parce que, malheureusement, il y a des ignares – et ensuite parce que le roman est bien davantage qu’un livre sur l’extermination des Juifs. Bref, une semaine après l’avoir terminé, je suis encore hantée par cette histoire !

C’est un roman tiré d’une histoire vraie, celle des aïeux de Claire Berest, dont elle ignorait tout jusqu’au jour où une mystérieuse carte postale, avec 4 noms inscrits dessus, arrive dans la boîte aux lettres de sa mère, Lélia, en 2003. La carte date des années 90. La graphie est intrigante. Lélia révèle à ses filles l’histoire d’Emma, Noémie, Ephraïm et Jacques Robinovitch. Ce sont les grands-parents, oncle et tante de Lélia. Déportés à Auschwitz. Leur famille avait fui la Russie au début du XXe siècle, en raison de la recrudescence de l’antisémitisme. Ephraïm et Emma décident d’aller vivre en France, après que leurs propres parents aient trouvé refuge en Palestine. Ephraïm et Emma sont Palestiniens. Ils arrivent en France, donc, pays des Droits de l’Homme, n’est-ce pas ? C’est pourtant une erreur fatale. Leurs enfants s’intègrent très bien, sont de brillants élèves. Ephraïm rêve de naturalisation. Mission impossible. La situation mondiale se dégrade.

Ce livre est une enquête familiale et historique ; le style est precis, journalistique, efficace. C’est aussi la transmission d’un secret de famille, une enquête qui va se poursuivre de mère en fille, un passé enfoui, trop douloureux, la volonté de Lélia de protéger ses enfants (c’est du moins ainsi que je l’ai ressenti). C’est un questionnement sur la judéité, l’identité. L’essentiel du roman se passe du point de vue contemporain. L’effet est, entre autres, un regard croisé sur le passé, l’éducation. Lélia a élevé ses enfants de façon laïque : pas de religion à la maison ni à l’école. Elle les traînait à la Fête de l’Huma etc. Ce qui fait qu’ils avaient des « lacunes » (si on peut appeler ça ainsi !)

Un livre très riche que je ne restitue pas forcément très bien, très émouvant jusqu’à la dernière ligne, (émouvoir n’était peut-être pas le but premier recherc6, évidemment !!), passionnant, dévorant, marquant.

Un coup de coeur phénoménal. A lire et à faire lire. Il mérite amplement les nombreux prix qu’il a reçus.

NB : lisez aussi Gabriële tout simplement parce qu’on la retrouve et surtout son « fameux » fils, le père de Lélia. C’est une pièce supplémentaire au puzzle. Quelle famille !

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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5 commentaires pour La carte postale – Anne Berest

  1. Moi aussi je viens de le terminer après le battage médiatique et j ai bien aimé et chroniqué.

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  2. alexmotmots dit :

    Une lecture qui m’avait déçue : j’en attendais plus.

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