Retour de lectures : septembre-octobre 2023

Finalement, je m’aperçois que j’ai réussi à lire un peu de rentrée littéraire malgré tout. Moins que d’habitude, mais bon…

Je vous le dis tout de suite, ce ne sont que des excellentes pioches – qui contrastent carrément avec mon été littéraire foireux, fait de livres ennuyeux voire franchement mauvais.

En septembre, j’ai dévoré le dernier opus irlandais de Maylis Besserie : La nourrice de Francis Bacon . J’avoue que Bacon n’est pas un artiste qui me touche. Je suis – du moins j’étais – perplexe devant son oeuvre et son atelier à Dublin. Maylis Besserie choisit de nous présenter l’artiste par le prisme de sa « nanny », Jessie Lightfoot, qui l’a connu enfant et le suivra toute sa vie. Elle assiste impuissante à la maltraitance du gamin, haï par son père, battu et j’en passe. Ce n’est pas une jolie peinture du milieu anglo-irlandais. Heureusement, le coeur tendre de Jessie permet à Bacon sans doute de ne pas sombrer complètement au fil des années. Pas que le gars soit forcément facile à vivre… mais Jessie encaisse. Les amants de Bacon pas toujours !

La voix gouailleuse de Jessie Lightfoot, son humour qui dépote contrastent avec le caractère sombre de Bacon, dont on découvre quelques tableaux. On le comprend mieux grâce au vécu restitué par la nourrice. Finalement, si Francis est devenu artiste, c’est grâce à Jessie, qui le soutiendra toujours, quoi qu’il advienne, le protégera, l’encouragera, l’aimera comme une mère, plus que la sienne en tout cas.

J’ai beaucoup aimé. Un vrai bon moment de lecture : instructif, divertissant et bourré d’humour.

Studio de Francis Bacon à Dublin
juillet 2022

J’ai enchaîné avec un premier roman, celui d’Aurélien Cressely, Par-delà l’oubli, qui rend hommage à un personnage méconnu : l’un des frères de Léon Blum : René. Amoureux des arts et du théâtre, journaliste, critique littéraire et directeur artistique de casinos et du théâtre de Monte-Carlo, humaniste qui terminera ses jours en déportation. Une page d’histoire et un bel hommage.

Mon coup de coeur de cette rentrée littéraire revient à Sorj Chalandon, avec L’enragé . Encore une fois un personnage ayant réellement existé : un gamin, Jules Bonneau, abandonné par sa mère qui quitte le domicile familial alors qu’il a 5 ans, un père qui le largue à ses propres parents, des grands-parents pas aimant. Jules commence à déconner jusqu’à la grosse bêtise qui l’envoie direct à la colonnie pénitentiaire de Haute-Boulogne à Belle-île-en-Mer. Nous sommes dans les années 30. C’est pas joli joli, la façon dont on traite les gamins qui tournent de traviole car cabossés par la vie. Jules devient La Teigne. J’ai un peu eu du mal avec la toute première partie, mais ensuite le roman m’a emportée une fois que ces mômes prennent la poudre d’escampette. Seulement, quitter une île n’est pas simple quand on n’a rien à part un uniforme rayé. Mais parfois, le destin vous tend une perche. C’est ce qui arrive à l’enragé. La Teigne le quittera-elle, tapie dans ses entrailles ?

Clairement pas du feel good (mais Chalandon n’est heureusement pas dans ce trip-là), on en apprend beaucoup sur des établissements méconnus aujourd’hui qui ont pourtant existé en France. C’était dingue pour moi car je suis vraiment pas loin des lieux du roman. Je regardais l’océan en repensant à ce passé pas glorieux. Sorj Chalandon a su en faire un roman passionnant ! ❤

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
Cet article, publié dans Littérature française, Rentrée littéraire, est tagué , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

2 commentaires pour Retour de lectures : septembre-octobre 2023

  1. Sorj Chalandon attend son tour!

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire