Paul Goodman, jeune homme de Belfast au chômage, ne trouve, pour se sortir de cette situation, que d’aller travailler dans l’abattoir de la ville, grâce aux conseils de son meilleur pote, « Lucky » (le mal-surnommé). Il y découvre un univers surréaliste, peuplé de personnages violents, des monstres, dans tous les sens du terme, dirigés par le sinistre Shank : celui-ci y fait travailler ses deux filles : Violet la Violente, défigurée par un accident de voiture, dont le visage ressemble à un spot de discothèque et Geordie, infirme qui ne peut se déplacer qu’avec une démarche chaloupée agrémentée d’un bruit de ferraille.
Le roman s’ouvre sur une scène de torture et se poursuit avec le bizutage de Paul Goodman à l’abattoir. On pourrait refermer le livre, partir en courant. Pourtant, quelque chose vous aguiche, vous invite à poursuivre. Et il faut poursuivre pour découvrir une pépite, un polar comme vous n’en avez encore sans doute jamais lu. Un polar sans détective ni énigme à résoudre, très très noir, mais à la fois très drôle par moments, du polar à la sauce nord-irlandaise. Ici, pas de super-héros, mais des personnages rafistolés, déglingués, déjantés. Chacun à leur manière. Des meurtres. Et une histoire d’amour. Geordie, c’est un peu la petite soeur de Frankeinstein dans Belfast. Ambiance !
Un texte blindé d’argot, qui dit les choses sans s’encombrer de pudeur. Un bon suspense. On se régale. Et puis, avec Lucky, le champion du pub crawl, on apprend que « la seule chose meilleure qu’une bonne pinte de Guinness, c’est une bonne pinte de Guinness gratuite » ! Pardi !
C’était mon troisième rendez-vous avec Sam Millar. Un livre encore différent des deux lus précédemment. Un zeste d’autobiographie avec l’histoire du jeune belfastois qui va travailler à l’abattoir. Un sens de l’humour noir hors du commun.
Un très bon moment de lecture que je vous recommande !