Traduit par Jean-René Dastugue
Un homme reprend conscience sur une plage, à moitié noyé, incapable de se rappeler ce qui lui est arrivé. Qui il est. Ce qu’il fait là. Où il est. Totalement amnésique et exténué. Il va devoir se raccrocher à tous les indices que lui renvoient ceux qu’il croise sur cette île des Hébrides extérieures balayée par les vents, que l’on devine être celle de Lewis. Pas évident car même dans son cottage, il n’y a que peu de traces de sa vie avant son accident : même son ordinateur n’a que des fichiers vides de contenu. Juste ce qui ressemble au début d’un livre : des titres de chapitres avec pour sujet la mystérieuse disparition jamais élucidée de marins au phare des îles Flanagan, un siècle auparavant. Un jeune couple lui rend fréquemment visite. Il apprend contraint et forcé qu’il est l’amant de la jeune femme ! Il tombe amoureux d’elle. Pendant ce temps-là, à Edimbourg, une ado en révolte, ravagée par la mort de son père dont elle se sent coupable, claque la porte et prend le train pour essayer de percer le mystère de sa disparition. Son père était chercheur, il travaillait sur la disparition des abeilles…
Peter comme à son habitude, mêle deux intrigues dont les fils conducteurs se rejoignent ici peut-être plus rapidement que dans ses précédents romans. Mais le véritable intérêt de ce polar n’est pas là. Quand on part avec Peter May sur les Hébrides, on s’attend à ce qu’il nous raconte la vie des habitants de ces îles battues par les vents de l’Atlantique, sous couvert de fiction. Le titre français laissait présager quelque chose de ce style et la référence aux îles Flanagan au début du récit encore un mystère îlien à découvrir. Hé, hé !
Mais notre cher ex-journaliste écossais est un petit malin pour appâter le lecteur sur un tout autre sujet, un sujet crucial même, pour l’avenir de l’humanité : celui de la disparition des abeilles ! J’ai été bien surprise qu’on me parle de ruches et d’abeilles sur Lewis ! Ce fut une surprise, mais une belle surprise sur un sujet auquel je suis sensible !
On sent toujours le journaliste tapi derrière l’écrivain Peter May : une enquête minutieuse auprès des milieux scientifiques universitaires pour donner une base solide à son roman sur la réalité actuelle. Une belle dénonciation des lobbies qui gouvernent le monde, avec des dents qui rayent le parquet pour le fric et rien que le fric, des gens prêts à tuer père, mère et le reste de l’humanité en exterminant les abeilles, juste par cupidité sauvage et une mentalité dégueulasse qui donne envie de les asperger nuit et jour avec leurs produits hautement toxiques, histoire qu’ils comprennent que quand ils seront morts eux-mêmes, c’est trop tard !
Peter May vous racontera ce que font ces produits sur les abeilles, alors que l’industrie agrochimique s’évertue à démontrer au monde que leurs produits ne tuent pas ces précieux insectes.
J’ai aimé l’allusion entre la perte de mémoire du héros et la perte de mémoire des abeilles, incapables de retrouver le chemin de leur ruche à cause des pesticides à base de néonicotinoïdes qui détruisent leur cerveau.
J’ai aimé l’humour de Peter May pour vous décrire leur vie sexuelle et l’organisation de la ruche : entre reine, ouvrières, faux bourdons fainéants, on en apprend un rayon ! 🙂
On frissonne sur les conséquences de la disparition des abeilles que la main humaine ne pourra jamais remplacer, ne serait-ce que par la superficie de leur travail (on apprend qu’aux USA, certains ont déjà dû s’y mettre mais que c’est vain, totalement vain). Si les abeilles disparaissaient, l’humanité, elle, s’éteindrait en 4 ans, selon certains pronostics. Ca fait mouche (si je puis dire !)!
Un fond d’intrigue dramatique donc. Beaucoup de personnages pas sympas et fourbes dans ce polar. Une histoire d’amour morte avant même d’avoir vraiment commencé. Une tromperie qui blesse le héros. Un doute qui demeure mais dont il n’aura jamais la réponse. Heureusement, il y a quand même une touche positive à la fin !
Reste le titre français du roman que je n’ai pas trop compris par rapport au contenu essentiel du récit.
Ah pis quand même : j’ai eu droit à mon middge devenu ici un moucheron (ouf !), après avoir été tout un tas de bestioles dans les romans précédents :p (mais je préfère toujours le terme en anglais quitte à mettre une explication en bas de page : ça fait voyager, le middge !)
Un Peter May percutant et écolo sur un sujet essentiel pour l’avenir de l’humanité.
A lire et à faire lire aux ingénieurs de l’industrie agrochimique !
Encore un auteur que j’apprécie !
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Peter May est une valeur sûre. Encore des tas de gens ne connaissent pas ses romans pourtant.
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J’aime beaucoup cet écrivain (je n’ai lu que sa trilogie sur l’île de Lewis). Les intrigues policières ne sont pas réellement pointues, mais l’écriture et le ton me ravissent… Il va falloir que j’y revienne et pourquoi pas avec ce bouquin ?
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Oui! Un bon roman, avec un bel engagement. Peter May est vraiment quelqu’un de super! Il me reste à découvrir sa série chinoise dont on m’a dit grand bien.
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J’avais adoré sa trilogie. Je sens que je vais aimer celui-ci aussi.
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A lire, effectivement. Comme celui sorti en septembre.
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