Aller sur Lewis & Harris est un road trip auquel je songeais depuis un moment. Depuis que Peter May a immortalisé cette île dans ce qui est depuis devenue la célébrissime « trilogie écossaise » : L’île des chasseurs d’oiseaux (The Blackhouse) ; L’homme de Lewis (The Lewis Man) ; Le braconnier du lac perdu (The Chessmen), publiés aux éditions du Rouergue puis au format poche chez Babel Noir.
J’ai découvert le premier volume en 2011 grâce au blog « Voyager lire » et j’ai ensuite dévoré le deuxième et attendu avec impatience la parution du 3e tome, qu’on m’a prêté, avant que je ne l’achète au format poche, pour me le faire dédicacer par Peter May. Je me souviens lui avoir dit que ses livres donnaient vraiment envie d’aller visiter Lewis & Harris (des millions de personnes ont dû lui dire la même chose !), mais sans penser qu’un jour je pourrai m’y rendre moi-même. J’en parlais comme si c’était un rêve. Mais parfois les rêves deviennent réalité ! 🙂 Cela faisait 2 ans que je ne m’étais pas rendu en Ecosse, il fallait donc faire quelque chose pour remédier à cela… Ce me changeait un peu de l’Irlande aussi.
Quitte à aller aussi loin que Lewis & Harris, autant visiter son île presque voisine de plusieurs dizaines de kilomètres : Skye. J’y suis déjà venue en 2011. Mais je n’avais visité que Portree et Dunvegan Castle. Skye est d’ailleurs le passage presque obligé sinon il faut remonter vers Ullapool pour arriver directement sur Lewis & Harris.
Je me suis procuré une carte Michelin à jour, j’ai ressorti mes vieux guides sur l’Ecosse et acheté un plus récent. Mais sur Lewis & Harris : deux lignes voire rien du tout… Peu importe, on avait la carte avec les routes. Ca a l’air tout petit comme ça comme île… Mais a priori, je trouvais cela suffisant pour se repérer facilement (je ne dis pas pourquoi tout de suite…).
J’ai embarqué L’île des chasseurs d’oiseaux avec moi, dans le périple, pour le relire sur place.

Dans l’avion (C)
Je vais vous passer l’attente interminable dans un certain aéroport parisien, où même avec 4h d’avance (au lieu des 2 requises), on a failli rater notre avion. Un vrai bordel que je n’ai jamais vu en 20 ans de voyage. Plus de 2 heures d’attente pour le contrôle sécurité et autant à la police des frontières. J’ai discuté avec un type de l’aéroport à un moment où tout était bloqué pour le contrôle sécurité : pourquoi 5 comptoirs fermés ? pourquoi toute cette attente ? Seule réponse obtenue : ces comptoirs sont fermés car sinon au contrôle d’identité à la police des frontières, il y a trop de monde dans leur zone. Han, han ! Original comme concept organisationnel. Donc si je traduits : pas assez de monde pour faire le boulot. Bravo Aéroports de Paris ! Génial de mettre en péril les vacances des gens qui passent dans vos terminaux. La classe à la française. Aéroports de Paris, par ses dysfonctionnements, nous a fait prendre tellement de retard, que la compagnie aérienne a dû demander à ce que les gens pour Edimbourg soient prioritaires (on en était à 1h de retard sur l’embarquement prévu !). On s’est extirpé de la foule, on a fait notre contrôle de passeport en passant devant tout le monde, on a speedé à la porte indiquée sur notre carte d’embarquement, celle bien évidemment, tout au fond, la dernière… 🙂 pour voir une fois arrivée à ladite porte que c’était un vol pour… Tunis ! On nous dit que la porte a changé. Je demande si c’est trop que de l’annoncer compte tenu des circonstances. Bref, nouveau sprint au triple galop, en troupeau (en gros la moitié de l’avion !) à travers l’aérogare. On a fini par embarquer, après 20 minutes d’attente dans un bus (je croyais qu’on était en retard ??) qui s’est contenté de faire le tour de l’avion ! On était ravis de partir de cet aéroport de fous. En discutant avec un steward, j’ai appris que les compagnies aériennes ont lancé une pétition car ils en ont assez d’être en retard car Aéroports de Paris est mal organisé. Je plains les gens qui avaient une correspondance à prendre, c’était fichu d’avance ! On n’était même pas un week-end, mais un jour de semaine en juillet. Période de départs en vacances tout de même. 4 heures d’attente pour aller, non pas en Chine, mais en Ecosse, pays de l’UE n’appartenant pas l’espace Schengen. On croit rêver : on aurait eu le temps de faire 2 aller-retour ! Pas de contrôle supplémentaire à la sécurité. C’était comme d’habitude… Heureusement, départ sans encombre dans le sens inverse, malgré la foule du jour. Voilà, pour la parenthèse « aéroport pourri »….
Je vous fais atterrir directement sur Skye.
Ile de Skye
On a pris le ferry à Mallaig, petit port sur le Sound of Sleat, bras de mer entre le continent et Skye. De la houle, mais une traversée avec un concert de musique traditionnelle ! (Il existe un pont qui relie Skye au continent, mais à moins d’être pressé, aucun intérêt à l’emprunter : pour se mettre dans l’ambiance, le ferry est le mode de transport à privilégier !)
Skye est une île moins peuplée que Lewis & Harris, contrairement à ce qu’on pourrait penser, même si elle est plus touristique et plus proche du « continent » écossais. Sa capitale, Portree, compte 2500 habitants, contre 9000 pour Stornoway, capitale de Lewis & Harris.
L’île appartient à l’archipel des Hébrides intérieures. Comme à Lewis & Harris, on y parle le gaélique écossais. L’île est réputée pour ses paysages majestueux et ses randonnées à faire : marcher dans ce coin doit être rudement difficile ! On a remonté la pénisule de Sleat jusqu’à Broadford, un village de 100 âmes niché dans une baie magnifique où ciel et terre se rejoignent, dans des jeux de lumières qui varient à l’infini. Mon guide Lonely Planet, indiquait que cette péninsule était sans intérêt. Je l’ai trouvé vraiment jolie ! Calme, sans trop de touristes. Ce qui n’est pas le cas partout sur Skye. J’aime pas la foule ! 🙂 En plus, il y a des phoques coquins qui jouent à cache-cache…

Broadford Bay – Skye (C)

Broadford Bay – Skye (C)
Sur Skye, la montagne est reine. C’est le paradis des randonneurs aguerris. Les Red and Black Cuillin Hills vous écrasent de leur regard défiant.
(C)
Les Red Cuillin sont les montagnes pelées ; les autres sont les Black Cuillin. Il tombait des trombes d’eau quand j’ai pris ces photos ! J’aurais voulu prendre dix fois plus de clichés, mais Dame Nature est la plus forte…
D’ailleurs, voici la preuve que l’Ecosse est un pays normalement sec…. :

(C)
Le truc bien, c’est qu’avec le vent, on est vite sec ! Le sèche-cheveux écolo est partout présent… 🙂 Et surtout la pluie ne dure pas forcément très longtemps. Ce fut le cas ce jour-là : alternance de pluie et d’éclaircies, d’arc en ciel… La routine écossaise, quoi !

Portree, la capitale de Skye (C)
L’un des meilleurs fish and chips du monde (selon moi) se trouve sur ce quai, parmi les petites maisons colorées. Testé pour vous en 2011 et il y a toujours autant de monde qui attend pour se faire servir en 2017 : l’aiglefin (nom du haddock quand il est frais et non fumé) arrive directement au bout du quai…
On a repris la route en direction du nord de Skye, sur la péninsule de Trotternish, en longeant la côte. Le soleil et les nuages ont décidé de continuer à jouer au yoyo, mais on a beaucoup de chance à cet instant T quand au détour d’un virage…

The Old Man of Storr (C)

(C)
On reste sans voix devant tant de splendeur, la nature est vraiment magnifiquement grandiose. Vous n’êtes rien qu’un petit moucheron (midge ? 🙂 ) prêt à être écrasé si elle se mettait à tousser… Un petit air de Far West américain. On a vraiment eu de la chance, car entre la météo houleuse et la circulation, ce n’était pas évident de s’arrêter pour prendre des photos. Le pic rocheux est censé représenter le visage d’un vieil homme. J’avoue que je n’ai pas eu le temps de le voir.
On continue de remonter vers le nord, avec un arrêt à Rhubha nam Brathairean pour la vue. Seul bémol : on n’était pas tout seuls ! Un car d’Asiatiques en goguette avait eu la même idée, puisque la vue est réputée je pense et qu’il y a tout plein de place pour s’arrêter sur le parking plus haut. Donc heureusement qu’il y avait la vue, le soleil qui rend l’herbe fluorescente car autrement, cela aurait été décevant !
(C)
Il y a aussi un peu plus au nord le célébrissime Kilt Rock à voir (parce qu’il y a comme un kilt dessiné dans la roche, comme son nom l’indique), mais trop de monde sur 3 cms carrés (j’exagère à peine…) !
Donc on a pris la fuite pour profiter de quelque chose qui nous intéressait beaucoup plus, un éco-musée qui reconstitue la vie dans les cottages de l’île aux 18e et 19e siècles, avec notamment une blackhouse : the Skye Museum of island life. Le musée est géré par des bénévoles de Skye.

Blackhouse (C)
On imagine sans difficulté la force du vent ici. J’adore l’astuce pour que le toit ne s’envole pas (à méditer pour ceux qui font du camping !)

(C)
Très émouvant tous les objets et documents rapportés par les habitants de Skye pour reconstituer l’intérieur des maisons (toutes époques confondues) et la vie sur l’île de Skye.
(Cliquez pour faire défiler le diaporama)
(C)
(C)
En plein mois de juillet, la température était de quelque chose comme 13 degrés, ça soufflait malgré le soleil, on imagine la vie rude de ces gens dans les tourbières. Comme j’étais bien immergée dans ce trip « vies difficiles » grâce à la belle reconstitution qui a été faite, je me suis acheté The Life and Death of St Kilda, de Tom Steel dans le petit magasin de souvenirs : ça leur laisse un peu d’argent pour perpétuer la mémoire de ces vies et c’est une manière de s’instruire… La pauvre St Kilda, l’archipel au grand large de Lewis qui ne figure même plus sur beaucoup de cartes, comme la carte Michelin d’ailleurs…
Sinon, à la librairie de Portree, on a le choix sur les livres autobiographiques de la vie sur les îles des Hébrides. Je me suis mis les mains dans le dos pour ne pas tout acheter… Je connais bien ce genre littéraire version irlandaise (j’ai chroniqué quelques livres sur le blog, d’ailleurs), mais beaucoup moins dans la « version » écossaise. C’est terriblement tentant et dangereux pour la PAL l’Ecosse et l’Irlande !
Même sur Skye, j’ai déjà trouvé trace de notre cher Peter May…

Ile de Skye
Je vous laisse là pour aujourd’hui, profiter du paysage. Je vous retrouve pour la traversée et le périple sur Lewis & Harris, après presque deux jours passés sur l’île la plus touristique des Hébrides intérieures.
Je pensais faire une seule chronique, mais je m’aperçois que j’avais davantage à raconter que je ne l’imaginais.
(C) : toutes les photos ont été faites par moi-même, of course.
Finalement, malgré le stress à l’embarquement, ce fut un beau voyage.
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Le meilleur c’est la suite ! 😊
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Super ton article ! Fan de Peter May évidemment… Je reviens juste de Skye et j’ai réalisé mon rêve de me rendre sur St Kilda !!! 😀
La réalité est au-delà de tout ce que j’avais pu imaginer !
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Merci. Mon entourage me demande si St Kilda sera ma prochaine destination ! Heu, j’ai vu beaucoup d’excursion à la journée… Mais si je pense que Lewis et Harris aura ma préférence. ☺
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Depuis Lewis et Harris ça se fait aussi. Franchement ça vaut vraiment le coup, c’est dingue, dingue, dingue ! 😀
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Oui, j’ai vu plein de vente d’excursion.
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