Traduit par Elodie Leplat
Amelia vit à Brooklyn avec sa mère, Kate, avocate. Elle fréquente un lycée huppé, au-dessus des moyens Kate qui l’élève seule. Amelia est en seconde, c’est une élève sérieuse et intelligente, une grande lectrice qui se fiche royalement du comment elle est sapée du moment qu’elle a un bon livre dans les mains. Son écrivain favori est Virginia Woolf, dont elle a lu plusieurs fois les livres. Sa meilleure amie est tout son contraire mais elles s’adorent : Sylvia aime est une fashion victime qui se désespère de voir sa meilleure amie sapée comme un sac ; elle aime les garçons et c’est son obsession première, alors qu’ Amelia s’en fiche complètement. Elle entretient une amitié virtuelle avec un garçon qu’elle n’a jamais vu, un certain Ben, qui habite à l’autre bout des Etats-Unis. Amelia est l’oreiller sur lequel pleure Sylvia à chaque fois qu’elle se fait larguer, c’est-à-dire tout le temps. Rien ne semble pouvoir séparer les deux amies.
Un jour, Amelia est sollicitée pour intégrer un « club » de filles du lycée. Un club qui n’a rien d’inoffensif club de jeunes filles en fleurs, c’est plutôt le genre ramassis de pétasses qui n’ont qu’une obsession : déglinguer ceux qui ne sont pas comme eux, se mêler de la culotte des autres, ce genre de choses. Un club secret et interdit dont pourtant la direction du lycée connaît l’existence. Tous les membres doivent rester anonymes. Sans trop savoir pourquoi, Amelia accepte d’intégrer ce club qui ressemble davantage à un gang de filles. Elle dit oui alors qu’elle voudrait dire non, sans doute par peur d’être rejetée et qu’on lui pourrisse la vie. Elle n’en parle pas à Sylvia mais elle a l’impression de la trahir, car elle non plus n’aime pas les clubs de pétasses malfaisantes.
Et puis c’est le drame. Kate reçoit un appel de la CPE du lycée lui demandant de venir immédiatement au lycée pour quelque chose de grave qu’aurait commis Amelia. Kate lâche son boulot en pleine réunion, reste coincée dans le métro new-yorkais et arrive en retard devant un lycée entourée par la police. Amelia est tombée du toit de son établissement. Les autorités concluent rapidement à un suicide. Ravagée par le chagrin, incapable de comprendre le geste de sa fille, Kate s’enferme chez elle, incapable d’aller travailler bien évidemment. Quelques semaines plus tard elle reçoit un SMS anonyme : « Amelia n’a pas sauté ». Kate décide de découvrir la vérité.
Un thriller que j’ai vu sur quelques blogs mais qui n’avait pas trop attiré mon attention. Le hasard de le trouver sous mes yeux en librairie m’a fait m’y intéresser de plus près. La quatrième de couverture était attrayante. J’avais une envie de thriller et c’était l’occasion de découvrir un nouvel auteur.
Grand bien m’en a pris ! C’est un bon petit pavé de plus de 500 pages mais que j’ai dévoré en moins d’une semaine. Kimberly McCreigh aborde plusieurs thématiques qui font de ce thriller un livre étoffé et intéressant : la monoparentalité, le harcèlement dans toutes ses dimensions, les gangs de filles friquées, les réseaux sociaux et le web 2.0, l’amitié, la trahison, l’homosexualité, le droit à la différence, la jalousie, le bizutage, le poids de la culpabilité, le système des lycées huppés américains et leur personnel toujours sur la sellette à cause du poids des associations de parents qui font la loi par l’argent ; la quête d’identité; la manipulation.
Un thriller qui vous tient en haleine par une construction polyphonique où les liens se tissent au fur et à mesure entre le passé et le présent. Amelia raconte à la première personne sa vie d’ado et de lycéenne au quotidien jusqu’à sa mort ; on a ses posts sur les réseaux sociaux de plus en plus énigmatiques ; ses échanges SMS avec ses amis, Ben et Sylvia. On a l’histoire de Kate, présent et passé. On a cet étrange blog de ragots qui s’exprime avec des propos orduriers.
Amelia n’a jamais connu son père, Kate lui a toujours raconté que c’était l’homme d’un soir. Amelia qui est de plus en plus envahie par l’envie de connaître son identité et ne croit plus trop à ce que lui raconte sa mère. Kate qui est certaine de l’identité du père d’Amelia.
Et puis il y a Dylan dont Amelia tombe amoureuse. Au grand damne de la meneuse du club secret des Magpies qui devient jalouse à mourir.
J’ai été assez amusée de voir que la CPE de ce bahut friqué américain ressemblait plus à une secrétaire de proviseur qu’à une conseillère principale d’éducation. Elle ressemblait à un larbin au garde-à-vous de peur de perdre sa place. Même chose pour la prof de français qui est un drôle de personnage plutôt ambigu, prête à tout pour s’acheter la paix sociale avec les élèves. Quant au proviseur, c’est un vrai lâche.
Kimberly McCreigh n’y va pas de main morte avec les différents représentants du lycée huppé américain. Ca ne fait pas envie du tout !
Ce roman est un coup de poing contre le harcèlement, notamment le cyber-harcèlement dont sont victimes nombre d’adolescents. Ou comment un groupe formé en meute anéantit l’individualité pour faire partie d’un groupe, quitte à commettre le pire. La vitesse des réseaux sociaux et d’internet font le reste. J’ai eu envie de distribuer des claques à ces filles décérébrées et violentes dans ce thriller. La fin de l’histoire et le poids de la culpabilité qui les rongera pour toujours est la meilleure leçon qu’on pouvait leur donner.
J’ai beaucoup aimé aussi les références à Viginia Woolf tout au long du récit.
Le dénouement est un coup de théâtre. Je devrais même dire qu’il y a plusieurs coups de théâtre ! Pour une fois je ne m’étais doutée de rien. Ce qui explique aussi que ce fut pour moi une lecture réussie pour un thriller !
Comme toi, j’en ai entendu parler sans plus. Maintenant je suis tentée.
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J’ai été agréablement surprise. Je m’attendais à quelque chose de médiocre. Comme quoi…
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