Tu t’appelais Maria Schneider – Vanessa Schneider

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Maria Schneider est très jeune et perdue quand elle se retrouve presque par hasard sous les projecteurs du cinéma. Enfant mal aimée par sa mère qui la fiche dehors à l’âge de 15 ans, elle a peu de contact avec son père, Daniel Gélin, acteur connu, homme marié qui n’a pu la reconnaître et ne vient pas la voir. Elle trouve refuge chez son oncle et sa tante (les parents de l’auteure) : son oncle, qui fréquente les milieux gauchistes les plus radicaux en étant étudiant, deviendra haut fonctionnaire au ministère des finances sans pour autant renoncer à ses idées pendant des années ; sa tante, après avoir été libraire chez Maspero et fréquentant la bande des Cahiers du Cinéma, finira par arrêter de travailler pour élever ses enfants. La famille de Vanessa Schneider part vivre en HLM dans le quartier de la « dalle » du 13e arrondissement de Paris. Maria vit dans l’ambiance bohème de ce couple avant d’aller sonner chez son père. Le coup de sonnette qui va faire basculer sa vie. Un père très fier de la beauté de Maria, il l’entraîne partout avec lui dans les nuits parisiennes où elle rencontre le monde du cinéma, Delon et les autres. Elle finit par être choisie par Bertolucci pour jouer dans Le dernier tango à Paris, dont d’autres ont refusé les rôles. Maria a 19 ans. Brando 50 ans. Elle hésite. Son agent a un argument irréfutable : « Un premier rôle face à Marlon Brando, ça ne se refuse pas. ». Une scène impensable se produit, sous l’impulsion de Bertolucci. La vie de Maria va sombrer.

Tout au long de ce livre, j’ai eu l’impression d’assister à un règlement de compte personnel de l’auteure à l’égard de Bertolucci mais aussi de la famille de Maria, en particulier celle de ses parents. Car l’auteure évoque beaucoup l’environnement familial , ses parents à elle aussi, de ceux de Maria, qui ne « tiennent pas la route ». Le point déclencheur du malheur de Maria a été tout d’abord un mauvais départ dans la vie. Ensuite elle a eu la malchance de tomber sur un metteur en scène peu scrupuleux, par l’intermédiaire de son père.

Il est aussi beaucoup question de l’ambiance libertaire de l’époque.

La fin du livre fait allusion au mouvement actuel « Me too », où les femmes victimes d’abus dénoncent leurs bourreaux en les clouant au pilori médiatique, via internet. On peut voir dans ce livre une mise au pilori de Bertolucci.

Si j’ai beaucoup apprécié la plume de Vanessa Schneider et la restitution de l’ambiance des années 70-80, j’avoue que j’ai trouvé ce livre un peu maladroit, sans doute parce qu’il est trop personnel. Je ne savais pas qui était Maria Schneider et je ne connaissais que le titre du film Dernier Tango à Paris, que je n’ai jamais vu. Il est certain que je n’ai pas du tout envie de le visionner après cette lecture !

L’auteur rend sans conteste un bel hommage à sa cousine mais j’aurais sans doute préféré quelque chose de plus approfondi sur la femme objet au cinéma. La vision des choses d’autres actrices. Le contexte familial personnel m’a un peu dérangée avec l’effet « grand déballage » et règlement de compte qu’il produit.

Vanessa Schneider est grand reporter au Monde.

Et maintenant j’attends avec impatience la sélection du jury d’octobre pour le Grand Prix des Lectrices Elle, à savoir :

catégorie roman : La vraie vie, d’Adeline Dieudonné (qui vient d’obtenir le Prix Fnac).
catégorie policier : Rivière tremblante d’Andrée Michaud (Québec !) qui sera présente au Festival America de Vincennes le week-end prochain, c’est très chouette !
catégorie documentaire : Ici les femmes ne rêvent pas de Rana Ahmad

Quant à la sélection du jury de novembre, ça me stresse d’une force… 😉

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
Cet article, publié dans Grand Prix des Lectrices de ELLE 2019, Littérature française, Rentrée littéraire, est tagué , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

4 commentaires pour Tu t’appelais Maria Schneider – Vanessa Schneider

  1. alexmotamots dit :

    Le côté grand déballage que tu soulignes ne me tente absolument pas.

    Aimé par 1 personne

  2. lilly dit :

    Comme Alex, ce livre qu’on voit partout me rebute complètement. A te lire, j’ai l’impression que l’auteur n’a pas su donner une dimension plus générale à son livre, ce qui limite son intérêt.

    Aimé par 1 personne

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