Traduit par Eric Boury
Voici le tout premier volume des aventures du commissaire Erlendur Sveinsson, bien connu de tous les fans à présent. Publié en Islande en… 1997 ! Ce qui veut dire que La Cité des jarres, le premier publié en français, n’est pas le premier. Bien contente d’avoir pu enfin le lire – il a paru en grand format lors de la rentée littéraire de l’automne 2018, mais existe en poche aux éditions Points depuis quelques mois !
Dani interné en hôpital psychiatrique depuis très longtemps, se suicide sous les yeux de son frère, Palmi. Au même moment, un vieil instituteur, Halldor, brûle vif dans sa maison. Grand émoi à Reykjavik, quand on parle de meurtre. Erlendur, vieux flic bougon, flanqué d’un fringuant collègue formé aux Etats-Unis, Sigurdur Oli, sont chargés de l’enquête.
Si je vous dis que l’on retrouve un certain nombre de thèmes fétiches d’Indridason dans cette première histoire, je vais avoir l’impression d’enfoncer une porte ouverte ! Mais sachez quand même que l’on retrouve le thème de l’enfance maltraitée et celui du poids de la culpabilité.
Vous saurez aussi qu’en Islande il était de coutume de donner de l’huile de foie de morue aux élèves pour les rendre plus résistant aux maladies (et pas qu’en Islande, d’ailleurs, ma mère n’est pas islandaise et a subi le même régime !). L’huile de foie de morue transformée en gélule, c’est plus facile à avaler, n’est-ce pas ? Mais êtes-vous bien sûr de ce que vous avalez ? C’est le fil ténu de l’intrigue.
Indridason, comme a son habitude, creuse le passé des personnages, des deux frères Palmi et Dani, de leurs amis, de celui qui fût leur instituteur, Halldor. On plonge des années auparavant, quand les deux hommes n’étaient que des enfants, élèves dans une école où leur avenir était plutôt un no future.
« On a passé notre enfance dans les logements sociaux de Grenid, on les appelait comme ça, les Taudis, poursuivit Solveig, assise dans son salon avec Palmi. Notre classe était très soudée. On habitait le même quartier et on se connaissait depuis toujours. Nos parents étaient la plupart originaires de la campagne, ils n’avaient pas fait d’études et occupaient des emplois mal payés. (…) Beaucoup de familles avaient de gros problèmes, la plupart des garçons de notre classe en étaient issus. (…) On venait pour la plupart de familles à problèmes où la mère était la seule à travailler, le père était parti Dieu sait où. L’alcoolisme était galopant, les gamins n’avaient aucun mal à se procurer du brennivin. On était livrés à nous-mêmes après les cours et, bien souvent, on ne rentrait à la maison que la nuit venue. Le système de groupes de niveau et des classes de cancres avait été créé pour nous. »
Alors une classe de cancres issus d’un milieu pauvre qui deviennent du jour au lendemain de brillants élèves assidus, c’est plutôt bizarre…
Le revers de la médaille est pourtant sévère et non moins étrange quand on remarque que la plupart sont devenus schizophrènes, voire ont mystérieusement disparu.
La fin m’a plutôt surprise ! Un peu dans la veine de La cité des jarres. Assez différente des autres volumes de la série. Mais j’ai passé un très bon moment avec Erlendur et ses troupes mais aussi Palmi, libraire attachant, rongé de culpabilité.
Erlendur n’est pas encore un personnage très affiné. Un peu plus brut de décoffrage que bien des volumes plus tard. Il est déjà divorcé et a déjà ses deux enfants qui partent en vrille. Il n’est pas tendre avec son collègue Sigurdur Oli qu’il prend un peu de haut. Je préfère le Erlendur « d’après ».
Il y a également pas mal de rebondissements. On est davantage dans le suspense digne d’un thriller. Ce qui est aussi assez différent des futures aventures où l’intrigue est un prétexte à bien autre chose.
Un volume que doivent lire tous les addicts de la série. C’est sûr !
On se demande pourquoi on nous a caché si longtemps celui-ci. 🙂
Je pleure car j’ai aujourd’hui terminé de lire toutes les aventures de mon commissaire chouchou !
Erlendur en reviendra donc pas ?
J’aimeJ’aime
Je pense que si. Quand son créateur aura envie de le revoir…
J’aimeJ’aime