Sauvage par nature – Sarah Marquis

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En cette journée internationale des droits des femmes, je voulais quelque chose d’un peu vivifiant qui sorte des sentiers battus. J’ai lu Sauvage par nature de Sarah Marquis il y a un mois. Je dirais même plutôt dévoré ! Le titre m’a attirée. Je m’y suis un peu reconnue. Puis le sous-titre : « De Sibérie en Australie 3 ans de marche extrême en solitaire » : ça en jette. Je suis une adepte de la marche à pied, de la découverte là où mes pieds veulent bien me mener. Pas du tout dans des coins dangereux, mais je sais ce que c’est d’être seule avec soi-même dans un pays étranger, ce qui pousse à prendre le large pour aller voir au-delà du coin de sa rue (j’ai lu tout un tas de conneries psy sur le sujet qui m’ont bien fait rire), de dormir sous une tente un jour de tempête 😅. Je voyage depuis que j’ai 18 ans, depuis le jour où j’ai eu 3 sous de mon propre argent : ce fut des économies pour voyager. Avec des copines. En groupe. En couple. Solo. Je pourrais écrire sur quelques mésaventures qui me sont arrivées mais aussi sur tous les bonheurs que ça procure, sur la débrouillardise que cela développe, etc. J’ai un goût prononcé pour les romans d’aventures, de Nature Writing, ou qui se passent en dehors des frontières. A 13 ans, j’ai dévoré L’expédition du Kon Tiki de Thor Heyerdahl, Robinson Crusoe de Daniel Defoe est aussi un de mes potes littéraires de l’adolescence, etc. Bref, tout ça pour dire que le récit d’une femme qui a marché toute seule pendant 3 ans était le genre de récit fait pour moi !

Sarah Marquis est suisse. Elle est née en 1972. Elle avait la quarantaine quand elle a entrepris cette expédition. Il ne faut pas croire que ce genre de voyage se fait en partant le nez au vent, sans plans très minutieusement préparés. Cette préparation, justement, lui a pris la bagatelle de 2 ans et « a été fastidieuse. Vidée, exténuée, je me suis enfin assise dans l’avion qui me transporte en Mongolie, siège 24B… Je m’endors avant même le décollage ».

L’auteure dédie son livre à son chien (resté à Lausanne) et « A toutes les femmes de par le monde qui luttent encore pour leur liberté et pour celles qui l’ont obtenue mais qui ne l’utilisent pas ».

Sarah Marquis s’est posé la question de savoir ce qui la poussait à prendre ses pompes et à partir marcher. « L’explication est d’une simplicité presque logique et pragmatique. (…) Ma vie a été jusqu’ici un doux mélange d’excitation, de sueur, d’aventures pures, de torses nus où j’ai posé ma tête l’espace d’un instant (…). Cette existence a été pleine de choix. (…) la liberté de choisir ».

Et voilà, je suis partie en Mongolie dans les pas de Sarah Marquis. Pays fort peu sympathique quand on est une femme seule. J’ai ri comme une baleine quand elle raconte sa première rencontre avec un Mongol : le type lève sa tunique et se tape le ventre, un bon gros bidon bien tendu : signifie qu’il a les moyens, la richesse ! Ensuite, il pisse devant elle. Rien de sexuel là-dedans, ni signe de marquage de territoire. C’est en gros une sorte de bienvenue. Imaginez votre tête ! J’ai bu du thé noir, rance et fumé. Je sais comment arriver à boire quand il n’y a pas d’eau.

Le voyage de Sarah est semé d’embûches, les contrées qu’elles traversent sont hostiles. Elle tombe malade, se blesse. C’est bien difficile d’être une femme dans beaucoup de coins du globe, ce n’est pas un scoop. Ce récit en est une preuve. Sachez que si vous voyagez dans la Chine des Hans, seule, on vous prendra pour une prostituée !!! On est très bien accueillies dans la Chine dite des minorités mais ce n’est pas du tout le cas dans la Chine des Hans, pays pollué de manière hallucinante où les gens travaillent dans d’affreuses conditions. Quant au Laos, il est plein de dealers et ce n’est pas vraiment un bon plan de se trouver sur leur chemin au mauvais moment. Le pays le plus accueillant et le plus gai est apparemment la Thaïlande. Quand on sait la dictature qui sévit dans ce pays, c’est chapeau bas aux Thaïs .

J’ai été un peu moins intéressée par sa traversée des bushs australiens et l’espèce d’histoire d’amour de l’auteure envers « son » arbre.

Le récit possède également une forte dimension écologique. Ça m’a beaucoup plu, et ça résonne bien avec l’actualité.

La seule question que je me suis vraiment posé pendant une grande partie de ma lecture est : mais de quoi vit-elle pour pouvoir partir 3 ans comme ça ? Je suis bien naïve !!! C’est une expédition sponsorisée. Je l’ai compris quand Sarah tombe malade en Mongolie dans le désert de Gobi. Elle passe un coup de fil et hop, c’est magique, on vient la chercher pour la transférer au Japon pour se faire soigner. J’avoue : le mythe de la baroudeuse sauvage a sur le coup pris un peu de plomb dans l’aile !! 😉 D’ailleurs, ce n’est pas du tout sa première expédition. Elle a écrit tout un tas d’autres livres.

Néanmoins, c’est un récit très instructif et entraînant, une histoire vraie qui se lit comme un roman d’aventures, loin de toute image d’Epinal. J’ai beaucoup aimé.

Cette femme a eu le courage de lever toutes les barrières mentales que la société vous assigne pour être une vraie femme libre. Il faut avoir la tête mais aussi les jambes !

« Je savais tout au fond de mon coeur que ce départ était alors la seule façon d’être fidèle à ce feu qui brûlait en mon for intérieur. »

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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3 commentaires pour Sauvage par nature – Sarah Marquis

  1. alexmotamots dit :

    Il a tout pour me plaire. Et puis l’attachement à un arbre m’intrigue.

    Aimé par 1 personne

  2. Charly dit :

    Ajouté à mes prochaines lectures, merci ! 😊

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