
Le roman le plus singulier que j’ai lu depuis longtemps. Une lecture ardue, j’ai dû m’accrocher pour entrer dans cette histoire, dont l’héroïne est une adolescente de 18 ans qui aime lire en marchant, a un « peut-être petit ami » et ne porte pas de nom, si ce n’est, celui de désignée comme « soeur du milieu » à un moment donné. Etre du milieu ou du pays au-delà de l’eau. Etre dans les clous, dans le moule ou être rejetée et harcelée. Etre libre ? Vaste programme, surtout si on est une fille.
Bien qu’aucun nom de lieu ou de pays ne soit mentionné, le lecteur devine où il se trouve : dans le sectarisme qui sépare les deux communautés d’Irlande du Nord. L’Irlande du Nord où les mots que l’on emploie vous case d’un côté ou de l’autre. L’Irlande du Nord schizophrène où tout le monde espionne tout le monde jusqu’à la névrose. On vous refait votre vie avant même que vous ne soyez au courant ! C’est ce qui arrive à cette jeune fille, harcelée par un laitier qui n’est pas un laitier, et par ceux qui ne sont pas du pays de l’autre côté de l’eau. Elle va se battre pour rester maîtresse de sa vie et de ses passions. Pour sa liberté.
Un roman en plusieurs chapitres mais en un seul souffle, dense, à la prose serrée sur la page, comme pour mieux vous faire sentir l’atmosphère étouffante du coin. Un récit à la première personne au langage populaire, de la « chtite soeur » à « Machin McMachin », en passant par « la fille aux cachetons », un récit où les mots sont en roue libre ou presque, comme pour faire front au harcèlement et au machisme qui pourrissent la vie des femmes.
J’ai bien aimé – même si au début, le style d’Anna Burns m’a donné du fil à retordre. Tant pour son originalité narrative que pour le fond. Ce n’est pas un roman que l’on oublie de si tôt ! Ce roman a remporté de nombreux prix. On comprend pourquoi, vu la performance littéraire.
« Le jour où Machin McMachin a posé son flingue sur ma poitrine, m’a traitée de vipère et a menacé de m’abattre, c’est le jour où le laitier est mort. »

Ce que tu dis du style me rebute un peu, mais un roman qui a l’air très fort.
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C’est un peu étrange au début mais c’est un livre fort donc la lecture en vaut la chandelle.
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Moi aussi j’ai beaucoup aimé sa dense singularité.
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Oui, même si ça donne du fil à retordre par instants. 🙂
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Ah oui, surtout au début, comme tu l’as dit 🙂
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