
Voilà un roman anglais qui déménage, si on peut dire ! Hot Stew est le titre original. Vous reprendrez bien un peu de piment ?
Precious et Tabita habitent Soho, vous voyez le quartier ? N’importe qui parti en vadrouille à Londres est tombé un jour sur ce quartier populaire, avec des enseignes qui piquent les yeux. Rappelez-vous, dans les années 90, il y avait même à Paris, un magasin de ce nom qui vendait des trucs un peu limite… Soho est ce que Pigalle est (était ?) à Paris. Seulement voilà qu’une riche pimbêche de 25 ans a des vues sur Soho. Comme partout en Europe, les centres-villes populeux s’embourgeoise avec des opérations immobilières calculées pour attirer les « bobos » et les « bling-bling » . Nettoyage, destruction, mise au rebut (je trouve que c’est carrément ça) de la population qui ne peut plus payer.
Fiona Mozley choisit de raconter la vie d’un immeuble à Soho, quasiment de la cave au grenier, avant que tout ne vole en poussière. Precious est une prostituée indépendante, dans une sorte de maison close, sans maquerelle qui chapote les filles. Elle vit dans un appartement sous les combles, avec son amie Tabita, juste au-dessus de son lieu de travail. Elle se sent en sécurité, ce n’est pas du tout comme si elle tapinait dehors, sous l’emprise d’un proxénète. C’est un choix qu’elle a fait. Du moins c’est ce qu’elle dit. Avant elle travaillait comme esthéticienne. En tout cas, elle a du caractère, tout comme Tabita et les autres travailleuses du sexe. Alors le jour où la pimbêche a dans la tête de les expulser en faisant grimper les loyers et puis raser ce vieil immeuble branquignole, autant vous dire que les filles retroussent leurs manches pour une manif haute en couleurs et mots piquants !
Nous croisons une foule de personnages, dont des SDF, qui vivent « underground ». Ils vont souvent par deux (les personnages) comme des couples (c’est la remarque que je me suis faite pendant la lecture sans vraiment trouver d’explication). Tous ont en commun d’avoir été écorché par la vie, de diffentes façons. Même l’affreuse Agatha, fille de truand… C’est vraiment la pire.
Il se passe aussi des choses étranges, un peu irréelles, voire même complètement, qui m’ont interloquée. Il n’y a pas d’explication claire à la disparition de la SDF Cheryl, dont une policière pense qu’elle a été enlevée par un réseau de trafic sexuel, ou qu’elle est morte. Nous, lecteur, savons ce qui lui est arrivée. Puis elle réapparaît. Et puis c’est tout.
Il y a de vraies surprises dans ce roman, jusqu’au bout !
C’est une histoire dense, avec une foule de personnages que la narration croise, qui parfois m’a laissée sur le trottoir, mais m’a souvent fait sourire et également émue. Une belle fresque sociale sur le Soho d’aujourd’hui, symbole des quartiers populaires en lutte pour garder leur âme.
J’avais adoré Elmet, le premier roman de l’autrice. J’ai beaucoup aimé celui-ci aussi, mais peut-être un petit peu en-deçà du premier. Une chose est sûre : je penserai à ce roman la prochaine fois que je mettrai les pieds à Soho. 🤗
Dernière petite remarque : un minuscule détail de traduction qui m’a amusée : une mouette en train de finir « pâté des Cornouailles« . Je vois tout à fait le mot VO : Cornish pasty, fameuse spécialité de Cornouaille, qui est en réalité pas du tout un pâté mais un friand… Je peux vous en raconter un rayon sur les Cornish pasties, dans toutes leurs déclinaisons (à la chair à saucisse, à la confiture….) mais bon on va pas en faire un cake…😂
En sus, une petite photo de Londres, il y a 15 jours. J’adore cette ville tellement vivante et variée.

Ma prochaine chronique sera sur le dernier roman de Colm Toibin, Le magicien, une bonne pavasse de 600 pages qui se dévore ! Il me reste 200 pages. 2 autres Irlandais ont rejoint ma Pile à Lire : La surface de l’eau de Neil Hegarty que j’ai écouté au CCI et Actrice d’Anne Enright. Il y a également un Sam Millar jeunesse sorti depuis le mois d’août : Black’s Creek. Il me le faut !!!
Tu donnes envie. Je le note
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J’ai n’ai pas lu le premier roman de Fiona Mozley, mais j’ai aimé celui-ci. Je l’ai trouvé intelligemment construit. Il y a une galerie de personnages hauts en couleurs auxquels on s’attache (à quelques exceptions près). Je n’ai pas fait attention à cette histoire de Cornish pasty mais j’avoue que je ne suis pas spécialiste.
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Je conseille vivement le 1er roman.
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On sent que tu aimes cette ville.
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