Il y a un an Hiroshima. – Hisashi Tôhara

Traduit par Rose-Marie Makino

Drôle de lecture de fin d’année alors que l’heure est à la fête ! Oui mais… Il y a une guerre dont Poutine menace régulièrement d’utiliser l’arme atomique. Ce n’est pas pour me plomber le moral que j’ai lu ce témoignage d’une cinquantaine de pages, d’un homme qui était adolescent au moment des faits, le 6 août 1945. Juste parce que je n’avais jamais rien lu sur Hiroshima, associée définitivement au premier usage de l’arme atomique. C’est un événement sur lequel les manuels d’Histoire de ma génération passaient rapidement, même chose pour la collaboration d’une certaine police française avec le régime nazi. Il y a toute une littérature qui parle d’Hiroshima de nos jours. Je voulais un témoignage.

Hisashi Tôhara n’a pas écrit pour être publié. C’est sa femme qui a retrouvé ces notes 3 ans après sa mort. Il n’a jamais parlé de cet événement. Ce livre a été publié en 2010 et a paru en 2012 en France. Cinquante-et-une pages qui décrivent l’état de stupeur, l’incompréhension, l’ignorance, la souffrance et les dégâts humains à long terme. Les Japonais n’ont jamais pu mesurer vraiment ce qui leur arrivait.

L’auteur a écrit ces notes 1 an après les faits. Il avait 18 ans et se rendait au lycée avec un ami, il allait prendre le train. Mais « en un instant, les alentours s’eclairerent au point qu'[il] en fu[t] aveuglé« . « En même temps qu’un grondement sourd montant de la terre, je sentis ma nuque brûler d’une douleur intense. » « La lumière n’en finissait pas de s’écouler. D’innombrables particules de lumière. De tous côtés elles m’assaillaient. Des particules de lumière éblouissantes, dorées avec des reflets rouges. » Hisashi ne comprend pas ce qui se passe, alors que la lumière disparaît d’un coup et que résonnent des cris et qu’une fumée noire envahit tout, plongeant les gens dans une épaisse obscurité. Puis, des maisons aplaties et une sensation de brûlure intense l’oblige à plonger la tête dans des cuves de récupération d’eau.

« Dans les rues, les gens couraient en tous sens. Des femmes et des enfants pleuraient et gémissaient. Ils avaient d’horribles brûlures au visage, qui les rendaient méconnaissables.  » Il raconte aussi la pluie noire radioactive qui a suivie. Les visages gonflés et violacés, les cheveux grillés, les distinctions entre homme et femme impossible à faire. Les gens pensaient que les avions ennemis avaient arrosé Hiroshima d’essence. Incapables de pouvoir imaginer l’impensable, les dégâts de la pire arme que l’espèce humaine a créé pour se réduire elle-même à néant. Faut vraiment en tenir une couche…

Une lecture glaçante mais nécessaire pour se rappeler ce que l’Homme est capable d’infliger à ses semblables. Et on sait qu’aujourd’hui, cette arme n’a pas été interdite.

Sur ce, je vous souhaite un bon réveillon et vous dis à 2023 !

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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Un commentaire pour Il y a un an Hiroshima. – Hisashi Tôhara

  1. alexmotmots dit :

    Merci pour cette mise en lumière.

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