Un profond sommeil – Tiffany Quay Tyson

Traduit par Héloïse Esquié

Mississippi, 1977, à White Forest, Roberta, Willet et Pansy se rendent en forêt, sur les lieux d’une ancienne carrière, noyée au fond d’un lac. C’est l’été, il fait chaud. Pansy, la plus petite, se baigne en faisant la planche. Roberta part cueillir des baies, pendant que Willet vit sa vie. Roberta vit un moment des plus étranges, est prise dans un orage foudroyant et aperçoit une créature. Elle perd connaissance et quand elle revient à elle, son obsession est de retrouver son frère et sa soeur. Cependant, Pansy reste introuvable. Volatilisée comme par magie. Il faut dire que la carrière est un lieu qui alimente les conversations, un lieu maudit pour les habitants, un lieu où les esprits rôdent. Cette ancienne carrière a été creusée par des esclaves : un lieu qui sent la mort, la souffrance et le sang. Clem, la grand-mère de Bert, Willet et Pansy, personnage à cheval entre la chamane et la hippi est quasiment la mémoire de White Forest, raconte très bien les histoires et connaît les remèdes du fond des âges… Elle cache aussi un secret.

L’intrigue débute sur la disparition de Pansy, gamine qui est différente des autres membres de la famille, même physiquement, et petite dernière chouchoute de la mère de Bert et Willet. Sa disparition fait voler la famille en éclat. Le père, professionnel dans la production de faux billets, disparaît. La mère sombre dans une profonde dépression. Bert et Willet se retrouvent rapidement livrés à eux-mêmes et mènent l’enquête pour retrouver leur soeur. Les années passent. Ils changent. Mais Bert ne lâche rien. Elle ne sait pas qu’elle va déterrer un secret, découvrir la vérité sur ses racines, celle de leur famille. Entre le Mississippi et la Floride.

Tiffany Quay Tyson connaît bien le Mississippi dont elle est originaire. Son roman est bien davantage qu’une enquête sur une disparition. C’est le prétexte pour parler du passé sombre de cet Etat américain, meurtri par le racisme. Et c’est toujours le cas. Elle joue subtilement sur la couleur de la peau (je ne peux pas en dire davantage), insinuant par là que personne ne connaît, finalement, la vraie « couleur » de son sang. Elle nous embarque dans un road trip jusqu’aux mangroves des Everglades en Floride, où j’ai vécu un moment hors du temps. Elle rend hommage aux laissés-pour-compte. On côtoie des personnages cabossés et on découvre une famille qui est peut-être le résumé de l’histoire tourmentée du sud des États-unis. Elle joue sur l’imagination du lecteur, à la frontière du fantastique avec également un peu de folklore.

Si j’ai trouvé au début que l’intrigue patinait un peu, j’ai ensuite plongé dans cette histoire envoûtante, même si je pense que le livre aurait gagné à être un peu plus court.

J’adore les romans américains des Etats du Sud (Nouvelle-Orleans, Mississippi, Floride). J’adore les romans qui évoquent les Premières Nations. Je n’ai pas été déçue !

Petit remarque : cette histoire n’a rien à voir avec chantent les écrevisses, que je n’ai d’ailleurs pas du tout aimé. Un profond sommeil est beaucoup plus profond, travaillé. Mettre ce genre d’annonce sur la couverture doit faire vendre…

Tiffany Quay Tyson au Festival America 2022 (à gauche)

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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2 commentaires pour Un profond sommeil – Tiffany Quay Tyson

  1. alexmotmots dit :

    Dommage pour les longueurs. je le note tout de même.

    Aimé par 1 personne

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