Traduit par Héloïse Esquié
Une chronique écrite en 2011 dans le cadre de la pré-sélection pour le Grand Prix Elle à laquelle je participais.
Je connaissais de nom Patti Smith chanteuse de rock. Et j’ai découvert dans cette autobiographie la Patti Smith d’avant la scène internationale. Une jeune femme issue d’un milieu très modeste, née dans les quartiers nord de Chicago « pendant le grand blizzard de 1946« , mère à dix-neuf ans, qui place son enfant pour lui donner un avenir meilleur que celui qu’elle ne peut assumer. Le point de départ d’une nouvelle vie pour elle : elle abandonne ses études universitaires et part à New York. Son chemin va croiser celui de Robert Mapplethrope qui va changer sa vie à tout jamais.
Patti Smith livre ici une autobiographie qui est le récit d’un apprentissage, celui de la vie, de la découverte de soi à travers de l’amour et l’art : « J’ai vécu pour l’amour, j’ai vécu pour l’art », dit-elle. C’est une Patti Smith fan de Rimbaud, qui écrit des poèmes et dessine que l’on découvre là. Arrivée à New-York elle s’aperçoit très vite que la vie d’artiste sera moins facile qu’elle ne l’imaginait. Elle exerce des petits boulots miteux qu’elle peine à trouver, dort dehors, croise les personnages fantasques, hauts en couleurs de l’underground. Elle s’interroge, elle doute à plusieurs reprises d’elle-même : « Je voulais être artiste mais je voulais que mon art fasse une différence. » Mais elle vit un amour d’une sincérité touchante avec Robert Mapplethrope, avec qui elle forme un couple fusionnel malgré les coups durs et la vie qui les séparera : Robert découvre son homosexualité qu’il ne cache pas à Patti, et, des années plus tard, en 1989, décèdera du sida. Jeunes, ils s’étaient promis de prendre toujours soin l’un de l’autre et apparemment, ils n’ont pas failli.
Patti Smith avait promis à Robert d’écrire leur histoire et ce livre est un très bel hommage à celui qui est devenu un grand photographe américain. Un style à la fois très simple et très poétique, accessible à tous. Un témoignage sur une époque artistique aussi, celle des Doors et d’Andy Warhol. La manière d’écrire et la sincérité de Patti Smith m’ont touchée. J’ai découvert quelqu’un d’autre que l’icône du rock que je connaissais de nom. Ce livre donne envie de voir un peu plus ce que fait Patti Smith actuellement en tant que « performeuse et artiste visuelle », mais aussi écrivain.
***********
La soirée que j’ai passée hier confirme ce que je disais en 2011 : plus que jamais envie de découvrir Patti Smith artiste visuelle et écrivain (qui depuis a publié d’autres autres ouvrages autobiographiques, comme Glaneurs de rêves (2014) et le fameux M Train qui a suscité la rencontre-débat d’hier. Elle a confié vouloir se consacrer totalement à l’écriture désormais. J’ai découvert une Patti Smith généreuse, modeste, blagueuse. Et magnétique. Exactement comme je l’imaginais. Elle nous a offert une soirée inoubliable. J’en reparle bientôt avec M Train qui, bien évidemment a rejoint ma PAL. 🙂