Traduit par Jean-Christophe Salaün
J’entame un cycle littéraire islandais pour préparer mes vacances et me permettre de patienter jusque-là, parce que les dernières semaines sont les plus longues, c’est bien connu ! Un bon moyen aussi de vider ma PAL dédiée qui s’accumule depuis trop longtemps et de renouer avec une littérature que j’apprécie depuis de nombreuses années. Je suis curieuse, donc je me lance souvent vers l’inconnu. Ce jour-là, en librairie, je retourne ce bouquin avec une jolie couverture et je lis ceci :
« Eyja, 23 ans, est une jeune fille merveilleuse mais qui fait toujours les mauvais choix. Comme celui de quitter la paisible campagne familiale pour Reykjavik et d’épouser un ivrogne de l’âge de ses parents, qui empoisonne son quotidien.
Parce qu’elle pense qu’elle mérite mieux que ça, sa grand-mère, déterminée à la bousculer, lui offre un nouveau départ : 100 000 couronnes dans une enveloppe si elle quitte son mari et accepte de partir en Suède avec Rúna, son audacieuse cousine des fjords. Il est grand temps pour Eyja de prendre soin d’elle, d’oublier, de reprendre l’écriture de son roman entamé depuis des années. Et puis peut-être enfin de tourner la page. »
Escapade, confrontation culturelle entre l’Islande et la Suède en perspective, roman en cours d’écriture planqué au fond d’un tiroir, mari à la noix à larguer. C’était bien tentant. Je me lance dans ce bouquin de presque 500 pages.
Très vite on est confronté à des personnages qui portent de drôles de noms : La Reine du Ski ; La Fille aux yeux d’oiseau marin, Le Coup de Vent (= le mari d’Eyja 🙂 ) et j’en passe. Une grand-mère qui a tout de Ma Dalton. Une jeune héroïne larguée dans la vie, qui n’arrive pas à choisir entre le lard et le cochon mais qui est bien d’accord pour se faire la malle, histoire de reprendre l’écriture de son roman dans un coin plus calme. Faut dire que ça picole sec dans son entourage et ça s’agite beaucoup.
On attend donc qu’elle parte en Suède, qu’elle se mette dans l’avion. On attend, mais trop longtemps. A tel point que j’ai cru à un moment que la quatrième de couverture était erronée.
La grand-mère doit passer à la banque. Mais là aussi, on se demande si un jour, ça va arriver.
Et le mari Coup de Vent, il dit quoi de tout ça ? Ben, à la limite on s’en fiche
Au bout de 200 pages d’ailleurs, on se fiche de tout : de l’écriture du roman, que Eyja parte ou pas en Suède, qu’elle largue son mari, que la grand-mère fasse sauter la banque… On a hâte de tourner la page !
Ce roman est du genre déjanté, mais qui vous fait perdre le fil parce que c’est très fouillis. On glane par-ci par-là quelques trucs sympas sur l’Islande, comme la « légende » les chevaux d’eau ; une allusion à La Saga de Njáll le Brûlé ; l’Islande post-krash économique et sa révolution des casseroles ; les chipotages avec les Suédois. Mais le problème c’est qu’on a tout en vrac sans lien faisant sens assez visibles. C’est dommage : l’intrigue se trouve complètement noyée. Je me suis accrochée comme une dingue pour terminer ce roman pourtant admirablement écrit (et traduit).
J’ai cherché à savoir qui était Auður Jónsdóttir après avoir terminé le livre : elle est la petite-fille de Halldor Laxness, prix Nobel islandais de littérature, rien que ça ! Elle a écrit 6 romans, (celui-ci est le premier à être traduit en français) et déjà reçu plusieurs prix littéraires.
Je suis passée totalement à côté de celui-ci, fichtre ! Ma curiosité littéraire cependant pas entamée et je sais qu’il me reste encore tout plein de romans de l’île de glace et de feu à découvrir. Les publications s’accélèrent en ce moment, à moins que ce soit moi qui n’arrive pas à suivre le rythme. 🙂