Le temps de la sorcière – Árni Þórarinsson

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Traduit par Eric Boury

A la fin de l’été, j’ai ressorti de ma bibliothèque la deuxième aventure du journaliste Einar qui y dormait depuis plusieurs années . Ce livre a été publié en Islande en 2005 et a paru en France en 2008. J’ai découvert les aventures d’Einar, avec Le septième fils  et Le dresseur d’insectes. Une série que je lis donc dans le désordre : cela n’empêche pas de comprendre les intrigues de chaque livre. J’ai lu aussi Le crime – Histoire d’amour (qui ne fait pas partie de cette série) mais j’étais passée à côté.

Einar, correspondant au Journal du soir, est envoyé s’aérer les neurones dans le nord de l’Islande. Il s’ennuie ferme d’autant qu’il ne picole plus. La disparition d’un ado lui fait reprendre le chemin de l’enquête journalistique. C’est toujours mieux que de s’occuper d’une perruche ! On retrouve le cadavre d’un gamin dans l’enceinte de récupération et de traitement de métaux de Krossanes, près d’Akureyri. Skarphedinn, 19 ans, fréquentait le lycée de la capitale du nord . Le trafic de drogue est en plein développement, via la filière danoise, entre autres. Einar part faire ses interrogatoires, notamment au lycée où il apprend que le jeune homme était membre du club de théâtre de son établissement et avait plusieurs cercles d’amis distincts et très différents les uns des autres. Ce qui élargi le spectre des motifs du décès. Un soir de fête, Skarphedinn a brandi le Heaume de terreur. (Mais bien peu savait ce qu’il entendait par là…). Il s’est arraché un poil pubien, puis un cil et l’a mis dans un récipient avec le poil et les a fait brûler. « Ensuite il a mis la cendre dans le creux de sa main, puis est allé dans le salon le verser dans le verre d’une fille ». Vous voyez le genre ? 🙂

Vous avez votre filtre d’amour à la sauce islandaise. C’est du moins une des possibilités. Mais Árni Þórarinsson explore le sens de cette expression. Vous allez rencontrer un professeur qui va vous expliquer que « le Heaume de terreur n’est pas nécessairement un symbole magique. Il peut simplement renvoyer, comme son nom l’indique, à un heaume, un casque ou un masque qui suscite un sentiment de peur, voire de terreur chez autrui. (…) Mais on peut généralement affirmer que le Heaume de terreur est formé par quatre traits qui se croisent en leur milieu et se terminent à chacune de leurs extrêmités par trois petites branches, de façon à ce que trois d’entre elles soient orientées vers le haut, trois vers le bas, trois vers la droite et trois vers la gauche. » Ne vous en croyez pas si bien sorti, car « brandir le Heaume de terreur au-dessus des autres » « a été conservée par la langue islandaise au fil des siècles » et « signifie tout simplement que celui qui la prend à son compte se considère comme au-dessus des autres ».
Je ne vais pas tout vous dévoiler, mais c’était très intriguant de découvrir un pendant du folklore islandais assez inattendu. On a même droit à une citation à un manuel de magie du 17e siècle. Les sorts islandais sont légions, sachez-le ! 🙂 Je ne parle même pas de Loftur le sorcier !

Quant à l’intrigue, je vous laisse la découvrir, mais elle est un prétexte à scruter la société islandaise – comme le fait Arnaldur Inðridason -, ici avec beaucoup d’humour. Hypocondrie, surmédicalisation, trouble de la personnalité. « Existe-t-il un seul individu normal aujourd’hui ? » s’interroge Einar « Par exemple, j’ai lu un article dans une revue médicale britannique, traitant d’un trouble de la personnalité qui définirait parfaitement notre société. Ce trouble, appelé Narcissic Personality Discorder (…) se manifeste par une adoration immodérée de soi-même qui débouche sur une absence totale de sens moral et de conscience ».
Ce livre date de 2005, bien avant l’apparition des smartphone à selfies…

Bref, je me suis beaucoup amusée en lisant cet opus des aventures d’Einar.
Je me suis procurée L’ange du matin et L’ombre des chats en me promettant revenir un peu plus souvent goûter les romans d’Árni Þórarinsson.  Treize Jours vient de sortir, ça tombe bien aussi !

A moins que vous viviez sur Mars, je pense que vous savez aussi que Fils de la poussière, d’Arnaldur Inðridason vient de sortir. Je ne l’ai volontairement pas encore acheté pour ne pas laisser en plan mes lectures pour le Grand Prix des Lectrices Elle, mais il fait partie de mes incontournables.

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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Un commentaire pour Le temps de la sorcière – Árni Þórarinsson

  1. alexmotamots dit :

    Il y a des auteurs vers lesquels on aime bien revenir.

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