Les roses de la nuit – Arnaldur Indridason

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Traduit par Eric Boury

Je ne sais plus depuis combien d’années j’attendais la suite, ou plutôt, les aventures inédites du commissaire le plus célèbre d’Islande : Erlendur Sveinsson, bien sûr ! Je l’avais laissé en 2013, quelque part dans les Fjords de l’Est, en piteux état au bord  d’Etranges Rivages.  L’an dernier, a été publié Les fils de la poussière, l’un de ses premières aventures. Mais pour cause de Grand Prix des Lectrices Elle, je n’avais pas eu le temps de le lire. Et puis, c’est en allant acheter Les roses de la nuit que je me suis aperçu qu’il venait de sortir en poche. Une aubaine : 2 aventures ! Youpi !

Les roses de la nuit a paru en Islande en 1998. On ne le découvre que maintenant. Mais ce fut un vrai grand bonheur ! Arnaldur Indridason tel que je l’ai découvert en 2007, c’est-à-dire au meilleur de sa forme d’écrivain-journaliste.

A Reykjavik, un couple se réfugie dans un cimetière avec la bien étrange idée de faire mieux connaissance dans ce lieu… Sauf que, en plein feu de l’action, la femme est témoin de quelque chose qui va mettre fin de manière brutale à leurs ébats : le cadavre d’une jeune femme git sur la tombe du héraut de l’indépendance islandaise, Jon Sigurdsson. Quelle trouille ça fiche au mec qui se carapate vite fait bien fait ! Bergthora, elle, appelle la police. C’est ainsi que le téléphone sonne en pleine nuit chez Erlendur qui se bat avec son nouveau masque contre la soleil de minuit, objet censé l’aider à retrouver le sommeil ! 🙂 Bon, quand on connaît Erlendur, 50 ans, on sait qu’il est divorcé d’une femme acariâtre qui lui pourrit la vie, qu’il a deux enfants, Eva Lind junkie et Sindri Snaer, ivrogne. On comprend donc qu’il ait des insomnies et soit plutôt du genre bougon.

Erlendur se rend sur les lieux, accompagné de son jeune adjoint tout fou dès qu’il voit une jolie femme, Sigurdur Oli, et d’Elinborg que tous les lecteurs connaissent déjà.  Le trio va mener une enquête palpitante qui va les mener jusqu’au bout du monde islandais : la région des Fjords de l’Ouest.

Arnaldur Indridason est aussi journaliste. Ici comme dans tous ses romans, il scrute à la loupe la société islandaise, à travers des personnages attachants et paumés, qui tombe dans les griffes de gens peu scrupuleux. Dans cette aventure, il vous entraîne sur le thème de la désertification des villages de l’Ouest de l’Islande, le problème des quotas de pêche et le business juteux des entrepreneurs en bâtiments et autres promoteurs immobiliers prêts à tout pour faire du fric. Même si c’est de l’argent sale, celui de la drogue et du proxénétisme. Quitte à cogiter une exode rurale organisée « soigneusement planifié par les puissances du capital de Reykjavik ».

Indridason campe deux personnages originaires des Fjords de l’Ouest,  liés par une amitié à la vie à la mort : Birta et Janus. Ils vous tordent le coeur d’émotion. L’auteur vous raconte leur histoire personnelle, comme toujours. Découvre au fur et à mesure leur part d’ombre. Birta est indépendante à l’extrême à l’image de sa fragilité, aussi. Janus a un coeur immense, mais trop grand pour lui permettre de gérer son impuissance face à une amie qui s’autodétruit volontairement. Comment peut-on empêcher quelqu’un de se suicider à petit feu ?

Cependant, si c’est une histoire très noire, Arnaldur Indridason n’oublie pas l’humour (noir), d’une ironie mordante et subtil. Je me suis demandée à plusieurs reprises qui allait finir en viande fumée. Une manière, peut-être, pour l’écrivain, de faire revivre le quartier des Ombres à Reykjavik, celui des abattoirs abandonnés dont le seul bâtiment encore debout est le fumoir à viande, où les habitants avaient l’habitude de « sentir une délicieuse et familière odeur de mouton fumé » flotter dans l’air, jusqu’à sa fermeture des années plus tôt. D’ailleurs, Janus, jeune ouvrier, traine sur lui une odeur de bacon. 🙂

Enfin, les « méchants » sont ici deux sales types ayant réussi dans le business de l’argent sale jusqu’à devenir les plus puissants du pays, l’un ayant l’ascendant sur l’autre qui tire les ficelles pour mieux engranger le fric qu’il peut lui mettre dans les caisses.  Proxénétisme, pédophilie, rien ne leur fait peur.

Quant à Erlendur, son charme est (toujours) celui de personnage cabossé par la vie. Un grincheux au grand coeur, pénible à vivre mais attachant. Il forme un duo de choc avec son adjoint, qui tombe amoureux toutes les cinq minutes ou presque. Ah, Bergthora ! 🙂

Un bon suspense qui vous happe pour ne plus vous lâcher, entre fausses pistes et coup de théâtre. A lire jusqu’au bout.

J’ai refait mon voyage dans le Fjords de l’Ouest jusqu’à Isafjördur. Ce fut aussi un régal très personnel.

Tout petit aperçu de la Région des Fjords de l’Ouest
(c) Maeve

Bref, j’ai adoré cet opus des aventures du commissaire Erlendur Sveinsson, qui plaira sans doute  aussi à tous ses fans.

C’était ma 8e lecture pour la rentrée littéraire.

 

 

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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Un commentaire pour Les roses de la nuit – Arnaldur Indridason

  1. alexmotamots dit :

    Une lecture qui t’a rappelé des souvenirs….

    Aimé par 1 personne

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