Traduit par Eric Boury
Nous sommes en 1979. Une femme venue soigner son psoriasis dans un lagon, dont la boue aurait des vertus bienfaisantes, se retrouve avec un cadavre dans sa baignoire naturelle. Ce n’est peut-être pas le meilleur remède pour soigner la peau ! Celui d’un homme bien amoché, qui plus est. La police est alertée et voici Marion Briem et notre cher Erlendur Sveinsson en route pour de nouvelles aventures.
Ce volume fait suite aux Nuits de Rekjavik. Erlendur a 33 ans, il vient de divorcer et grâce aux talents démontrés dans l’enquête précédente, il n’est plus simple agent de circulation : il travaille officiellement à la Criminelle, aux côtés de Marion. Sauf que notre Erlendur solitaire adore aussi mener des enquêtes officieuses, pour tenir des engagements mais aussi par intérêt obsessionnel pour les gens qui disparaissent et dont on n’a jamais retrouvé trace. Erlendur a d’ailleurs « confié [à Marion] sa passion pour les récits des épreuves affrontées par les voyageurs perdus dans les montagnes » . Il collectionne les livres où il est « question des gens pris dans les violences climatiques de l’Islande ». Tous les lecteurs qui ont lu les premiers volumes des aventures d’Erlendur savent pourquoi il s’intéresse tant à cela…
Nous aurons donc droit non pas à une enquête mais à deux ! Celle sur le cadavre trouvé dans le lagon et celle sur Dagbjört, une jeune fille disparue sur le chemin de l’Ecole ménagère 40 ans auparavant.
Dagbjört longeait chaque jour le sinistre Kamp Knox aujourd’hui disparu pour se rendre à l’école : des baraquements « construits pendant la Seconde Guerre mondiale, à l’époque où l’Islande était occupée, d’abord par l’armée britannique, puis par les Américains ». « Ils avaient connu une seconde vie inattendue à la fin de la guerre, pour pallier la pénurie de logements qui régnait en ville. Après le départ des soldats, les Islandais s’étaient installés dans ces baraques de tôle ondulée ». (…) Ces quartiers étaient de véritables bidonvilles ». « Les gens qui y vivaient étaient surnommés les Kamparar et on leur reprochait de sentir mauvais, de puer le Kampari. »
Le cadavre trouvé dans le lagon est celui d’un Islandais qui travaillait sur la base militaire américaine de Kekjavik.
Le point commun de ces enquêtes nous amène à la présence américaine en Islande, hier et en 1979, en pleine guerre froide.
L’occasion pour Arnaldur Indridason d’évoquer la pénurie en Islande, le rationnement au lendemain de la guerre pour les Islandais pendant que les Américains, eux, ne souffraient pas de cela, au contraire : les trafics allaient bon train, des jeans, des disques, en passant par des choses beaucoup moins catholiques…
L’occasion aussi d’évoquer le racisme, la méfiance et la défiance des Islandais vis-vis des militaires américains, une présence militaire qui divise la nation de la petite île en deux camps : les « pour » et les « contre » la présence américaine. Les préjugés. La misère. La jalousie. L’arme nucléaire (hum, jalousie + arme nucléaire, c’est détonnant !).
Le titre original du roman est Kamp Knox : « souvenir de l’occupation étrangère et de la pauvreté islandaise ». Cela résume bien le livre que j’ai apprécié avant tout pour cette page d’histoire islandaise. J’ai un peu été déçue par les résolutions des intrigues et les motifs des crimes qui manquent un peu d’imagination à mon goût de la part de l’auteur. Un peu l’impression qu’Arnaldur Indridason ne savait pas trop quoi en faire et nous plaque un bon vieux truc bien classique.
Un « Arnaldur » que j’ai encore beaucoup aimé même s’il n’est peut-être pas mon préféré. Cela dit, on ne s’ennuie pas !
J’ai longtemps pensé à La Femme en vert à travers le personnage Dagbjört. Mais c’était idiot, parce qu’elles sont très différentes. Seule la présence étrangère en Islande les rapproche.
Je me suis un peu lassée du personnage.
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Pas moi, comme tu peux le constater! 😉
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Je ne m’en lasse pas non plus. Lecture prévue bientôt.
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Bonne lecture alors !;) Je suis autant accro à la littérature irlandaise qu’à la littérature islandaise : j’ai enchaîné 2 romans de cette petite île après cet Arnaldur. Bref, il suffit que j’y repique pour qu’on ne m’arrête plus. J’en parle bientôt.
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