La libraire de la place aux herbes – Eric de Kermel

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Illustré par Camille Pénichat et mis en pages par Sandrine Escobar

Une chronique sur un roman un peu différent de ce que je lis habituellement, qui m’a été proposé par les éditions Eyrolles, d’un auteur qui m’est un inconnu absolu (je m’excuse d’avant auprès de lui ! 🙂 ). J’ai lu le communiqué de presse et zou, un livre qui parle de livres, de libraire et de nature, forcément, ça attise la curiosité.d’une blogueuse littéraire qui lit tellement qu’elle n’arrive même plus à tout chroniquer … « Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es ». Ah oui ? Voyons ça…

Nathalie, prof de lettres et parisienne décide de changer de vie. L’occasion fait le larron : une librairie est à vendre à Uzès, dans le Gard : elle saisit la balle au bond et se lance dans l’aventure du métier de libraire. Elle nous raconte son quotidien : pas la gestion de stocks, les invendus etc., mais les gens qu’elle croise dans son nouveau paradis du livre. Le roman est une galerie de personnages, de la jeune fille en devenir dont la mère empêche de lire ce qu’elle veut, au lecteur-voyageur, en passant par un rescapé de guerre. Et tant d’autres.

Je me suis laissé porter par cette lecture plaisante qui aborde de multiples sujets et dont la vertu « relaxante » est indéniable. Ma plus grande surprise a été de trouver pas mal d’allusions à l’Irlande (où Nathalie prévoit de retourner en voyage avec son mari), du livre de Kells, en passant par Le taxi mauve de Michel Déon (♥) .
On trouve bien évidemment une foule de références littéraires, de livres que Nathalie recommande à ses lecteurs  (récapitulée à la fin de l’ouvrage, dont Sorj Chalandon (♥ ) pour le magnifique Quatrième Mur . Colum McCann (alors là, le bond de joie que j’ai fait !), avec Zoli , mais aussi Nuala O’Faolain pour Chimères (encore un bond de joie pour moi : tiens, un auteur français qui connaît Nuala O’Faolain !!). Mais il y en a pour tous les goûts.
Un livre agrémenté d’illustrations qui contribuent au sentiment de bien-être.

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On entend presque les cigales !

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Dessiner ou peindre, ça détend !

Ce que j’ai moins aimé, c’est d’avoir l’impression de ne pas vraiment lire un roman. L’identité d’Eric de Kermel transparait tellement dans son personnage, que ça en devient étrange.
(« Eric de Kermel est journaliste et éditeur de magazines de nature. Il a vécu sa jeunesse entre le Maroc et l’Amérique du Sud avant de rejoindre la France où son port d’attache est désormais un coin de garrigue, du côté d’Uzès. (…) Il met ses mots au service d’un engagement écologiste et humaniste et porte au quotidien la préoccupation de rendre notre monde plus doux et accueillant à ceux qui l’habitent »)

La narration est à la première personne du singulier, avec un « je » qui renforce cette impression qu’il y a bien peu de différence entre l’auteur et le personnage de la fiction.
Enfin, le style a presque à voir avec celui du journal intime et du reportage. J’ai eu du mal avec ce style justement, qui aurait mérité d’être plus travaillé, pour l’écriture d’un roman, selon moi. Finalement, on a l’impression que l’auteur a eu du mal à choisir un genre bien tranché, entre le reportage, la fiction, le journal intime. L’ensemble aurait pu se combiner mais il manque quelque chose…
Bien souvent, on saute d’un sujet à un autre (qui n’a pas grand chose à voir avec la littérature), comme si l’auteur voulait faire absolument passer ses idées écologistes mais ne savait pas trop comment s’y prendre. Si ses idées sont belles et que ce livre est empli d’humanisme, ça donne néanmoins une impression de maladresse dans la construction du roman.
« L’été est la saison des fruits, et donc des confitures…
A Paris, les fruits sont vendus verts à des prix exorbitants ! Ce n’es pas surprenant que des générations de citadins ne les aiment pas. Je serais comme eux si je n’avais goûté ceux du Maroc. » Je suis restée perplexe sur cette vision tirée à l’extrême de la vie parisienne. Hé!, il y a aussi des dealeurs bio ici ! Il suffit de savoir où on achète son miam ! 🙂 🙂

Un livre qui se lit bien, qui permet de passer un bon moment mais qui n’est pas sans défauts.
Quant à savoir si on est ce qu’on lit, pour moi rien n’est moins sûr. 🙂

Merci aux éditions Eyrolles.

Extraits :
« Dans les classes littéraires, les lycéens sont tellement curieux et enthousiastes qu’ils me permettaient d’aller bien au-delà des programmes pour leur faire découvrir des auteurs qui étaient de bons passeurs vers une littérature moins académique. »

« Vous avez eu raison de me proposer de découvrir la vie d’une autre. Elle a raison Nuala O’Faolain, une femme doit d’abord être capable de générer du bonheur pour elle-même si elle ne veut pas se trouver dans une dépendance affective avec son compagnon. C’est touchant de voir comment cette femme accepte finalement sa situation de célibataire comme étant celle qui lui permet le plus grand épanouissement. Je n’en suis pas à souhaiter vivre seule, mais j’avais besoin de quelques jours de solitude. Découvrir le point de vue d’une autre m’a permis de revoir le mien et de sortir de mon impâsse. J’ai vraiment suivi votre conseil à la lettre : pendant deux jours je n’ai fait que lire et réécouter avec un casque les albums de Pink Floyd que j’avais oubliés au siècle dernier. Je me suis nourrie d’une banane et de quelques bols de muesli(…). » (Littérature thérapie : )

 

 

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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6 commentaires pour La libraire de la place aux herbes – Eric de Kermel

  1. Ce que tu dis sur le style confirme mon impression après l’avoir un peu feuilleté. A voir donc.

    Aimé par 1 personne

  2. alexmotamots dit :

    Quoi ? Des dealeurs bios à Paris ? Mais que fait la police !

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  3. Odette dit :

    Ce soir je termine la lecture de ce livre et je me demande quel livre suivant je vais lire ? J.étais si bien dans la « librairie del la Place aux Herbes ». Il ne vous reste plus Monsieur de Kermel qu’a vous remettre au travail pour nous redonner une nouvelle jolie pépite. J’ai aimé tellement votre livre et belle idée de nous rappeler les livres mentionnés au cours des histoires. Je sais quels prochains livres j’achèterai dès demain. Merci pour le beau moment que j’ai passé.

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