
Quatrième roman de Paul Lynch et quatrième que je lis. Je suis les publications des livres de cet auteur avec attention ! 😉
Tous ceux qui ont lu Au-delà de la mer auront souligné que ce livre est différent des autres car il ne se déroule pas en Irlande mais quelque part au large de l’Amérique du Sud. L’auteur s’inspire d’un fait divers, celui de deux hommes perdus en mer en 2013 par un ouragan. L’un d’eux a été retrouvé vivant, échoué aux Îles Marshall.
Bolivar, qui se dit simple pêcheur (sans jeu de mots de la part de Paul Lynch, mais heureux hasard en traduction ) convainc Hector, un adolescent pourtant très réticent, de l’accompagner en mer malgré une tempête qui s’annonce. Bien que tout le monde à terre essaie de le faire renoncer, Bolivar est le genre d’homme qui se moque bien de ce qu’on peut lui dire. C’est le genre de type prétentieux qui se croit invincible.
Le drame arrive. Voilà deux hommes en mer. Deux hommes qui ne se connaissent pas et son de caractère diamétralement opposé. Bolivar apparaît rapidement comme un fanfaron vantard, parfois méchant, sûr de lui et de ce qui va arriver : on va les retrouver, pas la peine de se morfondre, et à Noël, ils seront à la maison. Il en a vu d’autres, quoi ! Hector est jeune, inexpérimenté, spirituel, pieux. Il fabrique une petite statue de la Vierge grâce aux déchets trouvé dans la mer. Bolivar, beaucoup plus pragmatique préfère trouver dans ces mêmes déchets, de quoi fabriquer des outils de fortune pour pêcher et les nourrir et les abreuver.
Au fur et à mesure, d’après Bolivar, Hector se transforme physiquement. D’abord le crâne qui s’allonge, puis les yeux qui deviennent jaunes. C’est fugace. Il faut dire qu’Hector refuse de manger… Mais Bolivar qui ne comprend pas du tout le jeune homme (et vice versa) se demande si ce n’est pas « une espèce de démon « .
Comment vont-ils finir ? Certes le roman aborde le thème de la survie, mais il va au-delà. A un moment, il y a un twist qui m’a vraiment surprise. Et qui m’a franchement fait rire. Il faut dire que malgré le drame qui se joue, le roman n’est pas dénué d’humour (c’est aussi, à mon avis, une différence avec ses autres romans). Ce twist m’a fait un peu peur car je me suis demandé comment l’auteur allait arriver à s’en sortir.
Le roman, malgré sa relative brièveté (232 pages) aborde de nombreux thèmes : la solitude, la liberté, le sens de l’existence, l’imagination, la mort, bref, la condition humaine,et sans doute d’autres que je n’ai pas cernés. Il y a, également une dimension écologique traitée de manière assez ironique. Les hommes sont les jouets des éléments et sont obligés d’avoir recours à leurs propres déchets jetés dans la nature pour pouvoir survivre ! Bolivar et Hector sont contraints à du recyclage, finalement : ils bricolent des outils de fortune pour se nourrir, se protéger de la pluie et du soleil.
Paul Lynch a expliqué lors de la rencontre au centre culturel irlandais que la crise sanitaire et le confinement (dont 3 successifs en Irlande ) donnait une portée à son livre que lui-même ne pouvait pas imaginer : on s’est retrouvés seuls dans un océan d’incertitudes. Certaines personnes vivant seules sont sortis de là dans un état étrange… Finalement on s’est retrouvé seul face à nous-mêmes et c’est exactement ce qui arrive avec Bolivar et Hector, qui réagissent différemment en fonction de leur passé.
Un livre où je ne me suis pas ennuyée un instant dans ce huis-clos en pleine mer. La plume de Paul Lynch est toujours aussi poétique et colorée. Un roman dont toute la portée philosophique m’échappe sans doute un peu mais je me suis bien amusée des frasques des deux personnages et des vagues entre espoir et désespoir. La dimension écologique en arrière-plan n’a pas été pour me déplaire non plus.
Je crois que j’aurais le mal de mer….
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