Le coeur qui tourne

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Traduit par Marina Boraso

4e de couverture : « Bobby Mahon était une figure respectée du village. L’ancien contremaître de l’entreprise locale est désormais, comme la majorité des habitants, au chômage. Sans indemnités ni espoir de retrouver du travail. La crise qui frappe de plein fouet l’Irlande comme toute l’Europe déchire les liens de sa communauté autrefois soudée. Les langues se délient, les rumeurs circulent, les tensions et les rivalités émergent. Et, faute de pouvoir s’en prendre au patron qui a mis la clé sous la porte, Bobby devient la cible d’hommes et de femmes démunis et amers. Jusqu’à l’irréparable… »

Je vais avoir un problème majeur avec ce roman : comment en parler ? Ce n’est pas que je sois amnésique ou atteinte d’Alzheimer ou je ne sais quel problème de mémoire mais faute de pouvoir faire mieux, je l’ai lu en plusieurs fois. Ce n’est certainement pas la façon dont il faut lire ce livre, pas si épais que ça (180 pages) mais qui met en scène vingt-et-un personnages, soit presque tout un village irlandais de l’après-Tigre celtique ! Un roman polyphonique – la mode veut qu’on dise « roman chorale », mais bof, ça me fait penser à des gens qui pousseraient la chansonnette, ce qui n’est pas franchement le cas car ils poussent plutôt des gueulantes, à tour de rôle et avec le bagou irlandais.
Pensez donc, le mec qui faisait vivre tout le village grâce à son entreprise, s’est fait la belle avec la caisse, laissant en plan ses ouvriers, qui n’ont plus qu’à aller pointer au chômage. Et comme si ça ne suffisait pas, ils découvrent qu’en plus, le gangster n’a pas rempli les formalités administratives pour les déclarer. Donc, point de chômage. La vie des gens s’effondre. Et comme dans un village, tout le monde se connaît depuis belle lurette, le passé ressurgit on refait le portrait de chacun. L’amertume est capable de tout.

Le point de vue de chaque personnage qui prend la parole éclaire d’un jour nouveau le portrait du « voisin » qui a été fait par un autre. Au lecteur de se faire son avis, à condition de s’y retrouver car chaque personnage s’exprime une seule fois et vingt-et-une personnes, ça fait beaucoup. Pourtant, tout se tient parfaitement. Une vraie performance littéraire même si je pense qu’il faudrait que je le relise une deuxième fois pour tout comprendre parce que le puzzle est complexe.
Bref, c’est du costaud. En plus c’est à la fois drôle, sarcastique, haut en couleurs et tragique.

J’ai décidé de laisser la parole à Lily, sans doute celle qui m’a le plus fait rire :

« Quand j’étais à la maternité pour accoucher de mon cinquième enfant, une fouille-merde de sage femme s’est débrouillée pour me faire dire le nom du père. » (parce qu’elle était sous tranquillisant !)

« Il y a quelque chose d’inexplicable  dans l’attirance entre un homme et une femme. On ne peut jamais le définir. Comment est-ce que j’ai pu m’enticher bêtement d’un gros lourdaud mal fichu comme Bernie McDermott ? » (Ben oui, on se le demande !)

« Quand on tombe dans les orties, on ne risque pas de savoir d’où vient la piqûre. »

« J’aime tous mes enfants comme l’hirondelle aime le bleu du ciel. »

Bon allez, je donne aussi la parole à Jason qui a quelques soucis de santé :
« On m’a diagnostiqué un choc post-traumatique avec hyperactivité associée à un déficit de l’attention, trouble bipolaire, scoliose, psoriasis, tendance aux addictions et j’en passe » (un sex-symbole, quoi !)

C’est le premier roman traduit en français de Donal Ryan. Je pense qu’on entendra de nouveau parler de lui. Ce roman a été élu meilleur livre de l’année en Irlande en 2013. Il a été finaliste du Man Booker Prize en Angleterre et lauréat du Guardian First Book Award.

Un vrai bon roman, même s’il nécessite une bonne mémoire. A lire d’une traite ou à lire une deuxième fois.

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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