Traduit par Françoise Brun
Aujourd’hui tout le monde connaît le nom de Lampedusa, cette île mise sous les projecteurs des médias quand elle a vu s’accumuler les arrivées de migrants, morts ou vifs, en particulier ce 3 octobre 2013, dont personne sur l’île n’a vraiment envie de parler. C’est le jour où Lampedusa est devenue le centre du monde, un cimetière à ciel ouvert : 368 cadavres repêchés et 155 survivants.
Davide Enia, originaire de Palerme connaît bien cette île perdue au large de la Sicile et de la Tunisie : il y passait ses vacances enfant. L’auteur, écrivain, dramaturge et acteur, endosse ici le rôle de reporter dans ce récit autobiographique, qui ne s’en tient pas aux bateaux qui chavirent. Davide Enia part interroger les habitants de Lampedusa, des amis ou des inconnus pour les faire parler et convainc aussi son père, médecin en retraite, de l’accompagner pour faire des photos. Peu à peu l’omerta pudique sur ce 3 octobre 2013 se brise. Et celle d’un père et de son fils qui ont du mal à communiquer, également. Un récit de naufrages intime et humanitaire.
Ce qui arrive à Lampedusa, c’est vingt ans d’Histoire géopolitique, jusqu’à la tectonique des plaques qui voit l’Afrique avancer vers l’Europe (j’ai aimé ce détail !)
Davide Enia livre un récit sans voyeurisme, pudique, mais dont le souci de vérité n’épargne aucun détail. Un hymne à la vie, un hommage tant aux naufragés qu’aux habitants de la belle Lampedusa, à leur courage à tous. Un récit intime également qui permet d’appréhender l’Histoire au-delà des mots.
Un livre qui redonne leur humanité et un visage aux migrants, au-delà des chiffres auxquels les réduisent les médias et les politiques. Je ne peux que vous inciter à le lire.
J’ai envie de découvrir les autres livres de l’auteur, clairement !
Voir aussi la chronique de Fanny du Manoir aux livres
Celui-ci me tente plus.
J’aimeJ’aime