Karitas, l’esquisse d’un rêve

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A travers les mots de Henry Kiljan Albansson

4e de couverture : « Karitas rêve d’être peintre. Dans la ferme familiale, perdue au fond d’un fjord d’Islande, elle dessine, comme son père disparu en mer le lui a appris. Vouée à saler les harengs, son destin bascule quand une mystérieuse artiste révèle son talent et l’envoie à l’Académie des Beaux-Arts de Copenhague. A son retour, Karitas n’a qu’un souhait : monter son exposition et consacrer sa vie à l’art abstrait. »

ENVOUTANT ! Et c’est presque un faible mot pour ce roman qui vous emporte vraiment, non pas dans le monde de l’art comme semble le sous-entendre la quatrième de couverture, mais dans les coins les plus reculés d’Islande. Karitas, comme sa mère, partie avec ses six enfants pour qu’ils aillent à l’école, est une nomade. Revenue en Islande pour monter gagner l’argent qui lui permettra de monter son exposition, Karitas part saler le hareng dès que la saison est venue. C’est là qu’elle y rencontre celui qui deviendra son mari, Sigmar, un marin possédant « une magie diabolique ». Il l’emmène dans son village reculé des fjords de l’Est, au pied de la citadelle des elfes, perturbant ses projets d’artiste.

Ne vous y trompez pas, ce roman n’est pas une « fantasy ». Mais tout simplement en Islande, il n’est pas rare de croiser, dans certaines régions, comme le fera Karitas, le petit peuple, ou des femmes mi-elfes, et pas toujours bien intentionnées. Jamais, dans le roman on ne trouvera cela étrange ou loufoque.
Au contraire, cela fait partie intégrante de l’ambiance de cette île aux étés courts et aux hivers sans fin. « Le pays était blanc et glacé. Dans le silence immobile, on entendait distinctement le craquement des icebergs lorsqu’ils se détachaient lourdement à la sortie du fjord. »
Pour se tenir le coup, les Islandais de ce début du XXe siècle (le roman se déroule de 1915 à 1939) mangent du lard de phoque, de la tête de mouton flambée, se font des infusions de mousse des montagnes, partent à la chasse aux grands labbes, phoques ou guillemots… Un hiver particulièrement difficile « on disait que le silence sur la banquise était uniquement troublé par le grognement des ours blancs »

Un roman riche sur la vie de cette époque et la condition féminine. On apprend notamment que même au Danemark, là où a étudié Karitas, les femmes n’avaient pas le droit de dessiner le corps d’un homme nu d’après un modèle masculin en chair et en os (alors que c’était autorisé pour représenter une femme) : elles devaient dessiner d’après des oeuvres déjà existantes.

Kristin Marja Baldursdottir, en commençant cette fresque romanesque, a décidé de conter la vie d’une femme sur cent ans. Autant dire, qu’avec les moments magiques de cette lecture qui m’a emportée très loin et vraiment fait voyager comme le font toujours les très bons romans, je vais lire la suite, Chaos sur la toile.

Une très belle découverte, un roman palpitant où l’on ne s’ennuie pas une seule fois tout au long  des 543 pages, des coups de théâtre, une vraie documentation et une héroïne très attachante par son caractère bien trempé, le regard qu’elle porte sur sa condition et sur le pouvoir des hommes. Une femme en lutte.  Un coup de coeur !

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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2 commentaires pour Karitas, l’esquisse d’un rêve

  1. alexmotamots dit :

    Un peu de magie, un peu d’Islande, un cocktail sympathique.

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    • maevedonovan dit :

      Roman absolument génial ! Il y a une suite que je n’ai toujours pas lu parce que je l’ai en version grand format et que c’est un pavé qui ne tient pas dans mon sac à main mais vivement les vacances (je ne sais pas lesquelles) que je la lise.

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