Sweet Sixteen

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Ce roman est tiré d’une page de l’histoire américaine : l’intégration en 1957 de neuf étudiants noirs dans un prestigieux lycée réservé aux blancs. Nous sommes à Little Rock, Arkansas, Etat sudiste ségrégationiste.
Quand on lit la date à laquelle de déroule l’histoire, on y regarde à deux fois : 1957 ?? . Même pas le 19e siècle mais bien le 20e et il n’y a pas si longtemps que ça. On a beau savoir que la ségrégation raciale aux Etats-Unis existait encore à cette époque, en ce qui me concerne ça me fait toujours bondir autant.
Le récit alterne deux narrations : celle de Molly Costello, une des jeunes noires ayant intégré le Lycée Central et Grace, et celle d’une lycéenne blanche, Grace.
Mais d’un point de vue comme de l’autre, ce qui ressort c’est le calvaire subi les jeunes noirs (et leur famille, en l’occurrence celle de Molly). Menacés, insultés, lynchés dès que c’était possible, les Neuf ont rapidement dû être mis sous protection de l’armée sur ordre d’Eseinhower lui-même.
« A la caféteria, dès qu’elle ou l’un des autres étudiants entraient, c’était des cris d’animaux à n’en plus finir, des jets de nourriture ou même des canettes de soda. » Et là, encore je dirai presque que c’est soft. Alors imaginez quand même que ce qui animaient certains blancs c’était le meurtre des gamins ! Ca allait jusque-là !
En lisant le récit de Molly, on se demande comment elle a pu résister à tout cela. Sa douleur et sa tristesse sont mises en valeur par le récit d’abord très futile de Grace dont le problème de l’intégration des noirs à l’école ne préoccupe pas plus que ça : si elle fait tout de même des réflexions sur l’événement, c’est parce que la mère de sa meilleure copine est la leader locale de la révolte des blancs contre cet événement, au nom de la sécurité de leurs enfants. Grace est au début rien d’autre qu’une dinde, qui a principale préoccupation son nombril : ses fringues, sa réputation, le mec qu’elle vise pour mieux se faire mousser, la bagnole dans laquelle il va la traîner pour mieux faire baver les autres. Bref, pauvre petite fille riche ! Mais, à force de voir Molly tous les jours, à force la voir se faire humilier sans broncher, elle finit par oublier sa couleur et c’est l’admiration qui naît, surtout après un traquenard odieux orchestré par sa meilleure copine, qui la hantera jour et nuit. Les oeillères lui tombent et son mec est finalement pas si super que ça…

« Sweet Sixteen », avoir 16 ans est un événement aux Etats-Unis. Ironie du titre pour l’une comme pour l’autre des protagonistes, qui grandiront plus vite que prévu. L’ennemi commun des noirs et des blancs qui viennent en aide aux noirs s’appelle Ku Klux Klan.

Annelise Heurtier a modifié les noms des principaux protagonistes puisque son but n’était pas d’écrire « une leçon d’histoire, conforme en tout point de vue à la réalité, mais de retranscrire la brutalité des jours que Melba Pattillo et ses huit autres camarades ont enduré au Lycée central. Puisqu’il s’agit avant tout d’une fiction, les noms des principaux protagonistes ont été changés« . Elle rappelle en préface qu’on peut lire l’incroyable témoignage de Melba Patillo (Molly) dans l’autobiographie Warriors don’t Cry, a Searing Memoir of the Battle to Integrate Little Rock’s Central High (Washington Square Press, 1994).
Enfin, en post-face, elle informe que les Huit ont été reçu et décoré par Barak Obama en 2008 (huit, parce que le neuvième avait déclaré forfait et avait quitté le lycée).

Une très belle lecture. Le seul reproche que je peux faire c’est que j’ai trouvé que le personnage de Grace changeait un peu trop soudainement de comportement. Mais cela est compensé par le fait que la difficulté des blancs face au KKK est bien mise en évidence. Aider un noir en étant blanc était un danger de mort.
J’ai évidemment aussi beaucoup pensé à La Couleur des sentiments en lisant ce livre.

Un roman de jeunesse riche, qui est bien plus que cela et qu’on peut conseiller aux adultes. Un style simple et limpide qui rend la lecture accessible aux plus jeunes une page sombre de l’histoire des Etats-Unis : la ségrégation raciale. Et qui remuera aussi des exemples plus proches et plus contemporains…

A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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2 commentaires pour Sweet Sixteen

  1. LadyDoubleH dit :

    Je me le note ! Je vais le lire sans tarder je pense. Merci 🙂

    J’aime

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